L'opération "Job-dating" pour dépasser les préjugés sur l'insertion professionnelle des bénéficiaires du RMI

Fin janvier 2007, le conseil général du Bas-Rhin a organisé un "job-dating" pour permettre à des bénéficiaires du RMI de rencontrer des employeurs et peut-être, trouver un emploi dans le secteur porteur de l'hôtellerie-restauration. Le pari était de dépasser les obstacles rencontrés par les bénéficiaires du RMI - envoyer un CV, décrocher un entretien - pour leur donner la possibilité de parler face à face de leurs compétences au cours de très courts entretiens. La première édition semble avoir porté ses fruits, une deuxième édition sur les métiers du BTP est envisagée avant l'été.

Lundi 29 janvier 2007, trente bénéficiaires du RMI en recherche d'emploi avaient rendez-vous pour une journée de "job-dating". Une première, organisée par le conseil général du Bas-Rhin. La matinée durant, ils devaient, au gré de face à face de six minutes, rencontrer trente employeurs. "Soit six minutes pour se présenter, parler de leurs compétences et prendre date pour un vrai entretien ultérieur", précise Christophe Bender, conseiller du pôle Emploi, responsable de l'opération. Pour cette première édition, le conseil général a ciblé des employeurs du secteur de l'hôtellerie-restauration, pour anticiper leurs besoins pour la saison à venir.
Le conseil général a sciemment joué sur la mode et l'engouement suscité autour du principe de ces rencontres minutées... "Nous sommes là pour assurer un lien entre des candidats et des employeurs et accélérer la mise à l'emploi. Ce job-dating offre un nouveau moyen de pré-recrutement", pose Christophe Bender. "Nous nous servons de l'attraction que peut susciter ce type d'opération pour promouvoir l'embauche de bénéficiaires du RMI en CI-RMA (1)", reprend Jean-Claude Haller, vice président de la commission Action sociale du conseil général.
"Quand les départements se sont vu confier la responsabilité entière du RMI et la mise en place du CI-RMA, nous avons décidé d'utiliser le RMA non pas comme une finalité mais comme un outil parmi d'autres. C'est pourquoi nous avons créé le pôle Emploi composé de dix-sept agents, pour beaucoup issus de l'entreprise, qui travaillent sur la relation entre les besoins des entreprises et nos compétences sur le RMI. Notre objectif est de mettre l'accent sur l'insertion, et l'insertion professionnelle au plus vite pour ceux qui sont proches de l'emploi. Le job-dating est une nouvelle action, parmi d'autres", reprend Jean-Claude Haller.

 

Six mois de préparation : savoir se préserver

De fait, le job-dating visait principalement les bénéficiaires du RMI plutôt très proches de l'emploi, ne craignant pas la cadence d'une matinée d'entretiens et capables d'occuper un poste. Par ailleurs, si réussite il y a, ce n'est pas tant sur cette seule journée que grâce au travail mené en amont, pendant les six mois précédents le jour J. Christophe Bender s'est appuyé sur le réseau des relais emploi de Strasbourg, des assistantes sociales de la ville, du CIDF (centre d'information pour le droit des femmes) et de l'ANPE pour repérer des candidats qu'il a ensuite présélectionnés en les rencontrant un à un. "Les critères ne portaient pas sur l'ancienneté dans le RMI, certains y étaient depuis six mois à cinq ans, mais sur la motivation, l'envie de travailler dans les métiers de l'hôtellerie-restauration même s'ils n'avaient pas toute les formations ou expériences requises, et le savoir être. Les candidats avaient préparé des mini CV pour aller à l'essentiel le jour des entretiens sachant que ce n'est pas un exercice facile et que l'enjeu était de mettre en avant leurs pré-requis car il y a toujours des compétences transférables d'un métier à l'autre", développe Christophe Bender.
Dans le même temps, le pôle Emploi a recherché des entreprises dont les offres d'emploi présentaient des niveaux de compétences variés. "On leur avait demandé de venir avec au moins une offre d'emploi", précise Jean-Claude Haller. Les trente participants (de grands groupes type Accor, des restaurants prestigieux d'Alsace en passant par des restaurateurs indépendants) ont finalement généré 61 offres, essentiellement des métiers de serveur, femme de chambre, réceptionniste ou aide de cuisine.

 

Assurer l'avenir

Depuis, vingt candidats sur trente ont trouvé un emploi de réceptionniste, aide cuisine, bagagiste, mais aussi responsable de restauration, chargé de communication ou gérant. La majorité des contrats signés sont des CI-RMA (1). Pour autant, Jean-Claude Haller est optimiste sur la pérennité de ces emplois, compte tenu du taux de transformation en CDI des premiers CI-RMA signés sur le département, soit 80%. Pour soutenir la formation de ces salariés, sachant que celle-ci n'est pas obligatoire pour les employeurs mais peut s'avérer importante pour rester dans l'entreprise, le conseil général a passé en 2006 une convention avec l'Agefos PME (OPCA) pour permettre le cumul d'un CI-RMA avec le contrat de professionnalisation. "Le coût est ainsi pris en charge par l'OPCA et non par l'entreprise", explique Jean-Claude Haller, qui espère que les entreprises sauront saisir cette opportunité. Le jour même du job-dating, le pôle Emploi avait convié un certain nombre d'organismes de formation lors du buffet déjeuner pour transmettre ces informations aussi bien aux candidats qu'aux employeurs.
Satisfait de cette expérience, et sans attendre le retour de bilan, le conseil général envisageait de programmer un nouveau job-dating, cette fois sur le secteur du bâtiment et des travaux publics, un autre secteur en tension. "Je ne pense pas que nous ayons une solution de masse face à ces problématiques d'insertion des bénéficiaires du RMI mais nous avons besoin au contraire de traitements personnalisés. Le job-dating est un élément d'action parmi d'autres, sachant qu'il y a 15.000 bénéficiaires du RMI sur le département, et dans des situations très diverses. Mais c'est un bon moyen qui nous permet d'attirer des entreprises et de leur démontrer plus largement qu'il y a moyen d'insérer des gens au RMI", conclut Jean-Claude Haller.


(1) CI-RMA : contrat d'insertion - revenu minimum d'activité. Il s'agit d'un contrat aidé réservé au secteur marchand, d'une durée de six mois renouvelable deux fois où l'employeur touche une allocation forfaitaire équivalente au RMI et paye le salarié sur la base du Smic.


Emmanuelle Stroesser, pour la rubrique Expériences des sites Mairie-conseils et Localtis

Conseil général du Bas-Bhin

Nombre d'habitants :

1026120

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527
Place du Quartier Blanc
67964 Strasbourg cedex 9

Jean-Claude Haller

Vice président de la commission Action sociale

Christophe Bender

Conseiller pôle Emploi

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