Logement / Urbanisme - L'Opievoy, deuxième OPH de France, menacé d'éclatement ?
L'Opievoy (Office public interdépartemental de l'Essonne, du Val-d'Oise et des Yvelines) vit une situation inhabituelle. Les administrateurs représentant les élus du Val-d'Oise et des Yvelines ont démissionné, le 23 novembre, du conseil d'administration. Parmi les élus démissionnaires figurent notamment le président du conseil d'administration, Michel Vialay, par ailleurs maire de Mantes-la-Jolie, et le premier vice-président Lionel Georgin. Sur les six administrateurs représentant les départements, il n'en reste donc plus que deux, représentant l'Essonne. Michel Vialay présidait le conseil d'administration depuis le 8 juillet 2011. Créé il y a 90 ans, l'Opievoy est le deuxième OPH (office public de l'habitat) de France et le premier d'Ile-de-France. Employant près de 1.100 personnes, il gère en effet plus de 50.000 logements - dont 42% en ZUS -, répartis dans 188 communes.
Cette situation inédite s'explique par plusieurs raisons. Dans un communiqué du 23 novembre 2012, le département des Yvelines met en avant des "divergences sur les orientations stratégiques de l'Opievoy", tout en évoquant une "décision difficile, mais mûrement réfléchie". Les deux départements "entendent dénoncer l'absence de transparence en matière de gestion budgétaire et financière et dans le domaine crucial de la programmation immobilière sur leur propre territoire". Ils veulent aussi "alerter de manière solennelle sur les inquiétudes que suscite aujourd'hui la situation financière de l'Office, pour laquelle aucune garantie sérieuse n'a pu être obtenue".
Au-delà des questions de gouvernance et des aspects budgétaires, et comme le laissent entendre les termes du communiqué, se pose aussi la question territoriale. Dans une interview donnée au site d'information "VOnews.fr", Xavier Péricat, administrateur démissionnaire et conseiller général d'Argenteuil-Ouest, se fait plus précis en expliquant que le Val-d'Oise se sent "laissé pour compte depuis des années", notamment en matière de réhabilitation du patrimoine locatif et de présence de proximité à travers le réseau de l'Opievoy.
Malgré ce départ spectaculaire, les ponts sont cependant encore loin d'être rompus. Le communiqué des Yvelines se conclut d'ailleurs en indiquant que "les conseils généraux du Val-d'Oise et des Yvelines demandent que les conditions d'un partenariat de confiance soient rétablies au sein de l'Opievoy avant d'envisager toute nouvelle perspective".
Il reste qu'un office interdépartemental de cette envergure - couvrant trois départements regroupant 3,8 millions d'habitants - demeure une exception au regard de la situation de la quasi-totalité des OPH.