À Lorient Agglomération, les convocations des élus sont gravées dans la blockchain

Certifier que tout élu a bien été invité aux réunions de Lorient Agglomération sans lui compliquer la vie n’est pas chose aisée. Pour réaliser cette certification, la collectivité utilise depuis décembre 2017 la technologie de cryptographie "blockchain" qui allie sécurité et simplicité d’usage.

À Lorient Agglomération (25 communes, 201.000 habitants) comme dans la plupart des collectivités, la convocation des élus aux réunions officielles - et les problèmes de quorum que cela peut engendrer - est source de stress pour les services administratifs. Il s’agit en effet de prouver que la convocation a été envoyée en temps et en heure tout en limitant les contraintes techniques pour l’élu.

  • Prouver l’envoi de la convocation en un clic

Depuis le début de l’année 2018, Lorient Agglomération envoie de manière sécurisée toutes les convocations aux réunions officielles : bureau, conseil communautaire, conseil des maires, commission… avec en retour une preuve générée automatiquement. "Auparavant les élus devaient se connecter à l’intranet pour récupérer leur convocation. Désormais, un mail les invite à cliquer sur un lien et la bonne réception est enregistrée. Le mail avec son empreinte cryptographique ancrée dans la blockchain à l’émission et le reçu constituent la preuve de l’envoi et de la réception de l’invitation", explique le directeur des systèmes d'information (DSI), Alain Cottencin. L’originalité du dispositif tient à ce qu’il utilise la technologie de cryptographie blockchain : utilisée par la monnaie virtuelle Bitcoin, elle peut aussi certifier des échanges ou des contrats. Sa particularité repose sur son principe décentralisé et collaboratif : elle n’utilise pas les services d’un tiers de confiance (lire encadré ci-dessous).?

  • Service fourni clef en main

Pour mettre en place le système, Lorient Agglomération a eu recours à un prestataire spécialisé, la jeune société rennaise Wooleet. Cette dernière lui fournit un service clef en main et lui évite d’avoir à mettre les mains dans le "dur de la technologie" (infrastructure, compétences…). En pratique il s’agit d’un webservice - communication de machines à machines sur le web -, connecté à l’outil de gestion des convocations.

  • Système simple, efficace et peu coûteux?

"Les envois sont totalement sécurisés avec un système simple, efficace et peu coûteux", fait valoir le DSI. En effet, pour moins d’une centaine d’euros par mois, la collectivité peut réaliser 20.000 "ancrages" dans la blockchain, soit bien plus que le nombre de convocations qu’elle envoie. Un montant à comparer avec ce que représenterait l’équipement de l’ensemble des élus d’un outil de signature électronique (plusieurs dizaines d’euros par an et par utilisateur), principale alternative à la disposition des collectivités pour certifier des envois de mails. Et autrement plus contraignante pour les élus car elle exige une carte ou clef USB en plus de la mémorisation d’identifiants.

  • Service de certification qui fait des émules

"En initiant ce projet, notre objectif est d’accompagner la transition numérique de l’ensemble du territoire", souligne la vice-présidente chargée de l’enseignement supérieur, de l’innovation et de la société numérique de Lorient agglomération, Thérèse Thiéry. L’usage de la blockchain fait partie des "fiches action" du schéma territorial du numérique en cours de finalisation à l’agglomération. Opérationnel depuis décembre 2017, le service de certification a d’ores et déjà fait des émules parmi les communes de l’agglomération qui ont manifesté leur intérêt pour ce dispositif.

"En nous intéressant aux convocations, nous avons opté pour un sujet où il n’y avait pas de difficulté juridique. Le dispositif technique fonctionne et semble être apprécié des élus. Cette adhésion est essentielle pour une technologie initiée pour le Bitcoin. Nous avons eu des contacts avec les services de l’Etat et testerons bien volontiers d’autres applications à partir du moment où le terrain juridique est balisé" conclut l’élue. Le potentiel d’usage de la blockchain semble immense (lire encadré ci-dessous).

Qu’est-ce que la blockchain ?

La blockchain, peut être comparée à un gigantesque livre de compte virtuel décentralisé dans lequel seraient inscrites toutes les transactions et leurs caractéristiques (qui, quoi, quand…). À l’aide d’algorithmes cryptographiques, la transaction y est "gravée" dans un bloc qui, une fois validé, devient infalsifiable et inaltérable. Le bloc ne peut plus être modifié ni détruit, sauf consensus des détenteurs du registre. Or, les 51% nécessaires pour modifier un bloc sont quasi-impossibles à obtenir, car chaque bloc est validé par l'ensemble des très nombreux nœuds du réseau, chacun détenteurs d’une copie. Ce registre est public et peut donc être consulté par tous à des fins de vérification. La particularité de la blockchain est d’être collaborative et décentralisée : elle fonctionne sans tiers de confiance ou autorité de contrôle.

De riches perspectives à explorer

Le potentiel d’usage de la blockchain reste ensuite encore largement à explorer. Un rapport parlementaire publié en décembre 2018 (lire l’article de Localtis : Les administrations publiques invitées à se saisir du potentiel de la blockchain) évoquait les usages de la blockchain pour la traçabilité des aides publiques, les marchés, la délivrance d’actes d’état civil ou encore de certificats d’urbanisme. Les banques, les assureurs ou les administrations, voire les États, sont potentiellement impactés par cette technologie.

LorientAgglomération

Nombre d'habitants :

207000

Nombre de communes :

25
Maison de l'agglomération, Esplanade du Péristyle
56100 Lorient

Thérèse Thiéry

Vice-présidente chargée de l’enseignement supérieur, de l’innovation et de la société numérique

Alain Cottencin

Directeur des systèmes d’information

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