Education - Maires et syndicats d'enseignants s'inquiètent de la réforme des rythmes scolaires
Le ministère de l'Education nationale devra-t-il revoir sa copie ? Si le dossier de la refondation de l'école semble être entré dans sa deuxième phase - celle des discussions concernant l'emploi du temps quotidien des élèves et leur prise en charge après la classe -, pour l'heure, les modifications souhaitées par Vincent Peillon suscitent interrogations et inquiétudes chez les parties prenantes. Les maires de France (à travers l'AMF, l'AMGVF et l'AMRF) s'inquiètent du coût engendré par l'allongement du temps périscolaire préconisé (géré par les communes et non par l'Education nationale) qu'imposeraient les nouveaux rythmes scolaires (4,5 jours par semaine, l'école se terminerait à 15 h 30 mais les enfants ne seraient pas libérés avant 16 h 30 au minimum).
Trois heures par semaine
Lors d'une réunion avec les syndicats d'enseignants et les représentants des collectivités ce lundi 12 novembre, Vincent Peillon aurait déclaré, selon Pierre-Yves Jardel, maire d'Orbais-l'Abbaye (Marne) et chargé de l'éducation à l'Association des maires de France (AMF), avoir demandé aux maires d'assurer "trois heures par semaine" d'activités pour les enfants au lieu de l'heure et demie précédemment proposée. "Cela représente une charge supplémentaire pour les communes. Le ministre réfléchit à des contreparties mais pour l'instant, on s'attend à voir la douloureuse [sic] augmenter", a averti le maire.
Dans un communiqué du 12 novembre, l'Association des maires des grandes villes de France (AMGVF) affirme quant à elle que le coût de la réforme pour les collectivités locales s'élèverait à 150 euros par enfant et par an, soit 600 millions d'euros pour l'ensemble des enfants en année pleine. Elle s'alarme des dépassements budgétaires importants "dans un contexte où les dotations aux collectivités locales ne feront pas l'objet d'un abondement spécifique dans les prochaines années". L'AMGVF en appelle "à la constitution de groupes de travail interministériels, associant la CAF, pour évaluer l'engagement financier nécessaire et supportable de tous les acteurs de la réforme". L'AMGVF devrait, avec d'autres associations d'élus, adresser un courrier au Premier ministre demandant son arbitrage.
Tout aussi inquiète sur les moyens pour les communes rurales de financer les dépassements, l'AMRF met en ligne sur son site un questionnaire à l'attention des maires afin de mesurer l'impact du changement des rythmes scolaires sur le budget de leur commune. Elle entend, grâce aux réponses apportées (avant le 28 novembre), illustrer ses argumentaires et ainsi défendre au mieux l'intérêt des communes rurales dans la réforme en cours.
En parallèle à la question des horaires...
Dans les rangs des syndicats d'enseignants, l'inquiétude se fait également ressentir. Dans un courrier adressé le 12 novembre au ministre de l'Education nationale, trois syndicats (SE-Unsa, SGEN-CFDT, SNUipp-FSU) réclament en parallèle à la question des horaires "qui ne peut en elle seule être l'alpha et l'oméga de la réussite des élèves", une redéfinition "des dispositifs d'aide aux élèves, une révison des programmes, de nouveaux dispositifs d'évaluation des élèves, une redéfinition des obligations de service des professeurs des écoles et une revalorisation des rémunérations de ces derniers". "La nouvelle organisation de la journée et les 36 demi-journées supplémentaires de travail […] engendrent une perte du pouvoir d'achat (frais de transports, gardes d'enfant...) qui doit être compensée", affirment les trois syndicats à l'unisson.
"Vincent Peillon s'est engagé à ouvrir une table ronde avec les collectivités territoriales, les enseignants et les parents d'élèves, afin de mener une discussion transparente sur les rythmes scolaires", a affirmé mardi 13 novembre Sébastien Sihr, secrétaire général du SNUipp-FSU, premier syndicat du primaire. "Il est temps qu'on se mette autour de la table pour dialoguer et que le ministre clarifie sa position", a-t-il ajouté alors que la réforme doit entrer en oeuvre à la rentrée 2013.
Pour que l'ambitieux projet de la refondation de l'école ne devienne pas un tonneau des Danaïdes, il va falloir que cette deuxième phase devienne rapidement constructive.