Managers de commerce : un bilan positif, sauf pour les salaires et la formation

Le bilan des managers de commerce cofinancés par la Banque des Territoires est plutôt bon. C'est ce qu'indique l'évaluation réalisée par le cabinet AID présentée le 26 mars 2024 lors d'une conférence du Hub de la Banque des Territoires. Salaires faibles, manque de reconnaissance, peu de formation… quelques sujets méritent toutefois des améliorations. Les acteurs publics se positionnent sur ces points.

Quel bilan tirer de la mise en place des managers de commerce, un dispositif cofinancé par la Banque des Territoires depuis la crise sanitaire dans le cadre du plan de relance pour le commerce ? C'est la question abordée lors d'une conférence organisée le 26 mars 2024 par le Hub des Territoires, l'espace de rencontres de la Banque des Territoires. Au total, 515 postes de managers de commerce ont été cofinancés sur l'ensemble du territoire national : 118 au sein des villes du programme Action cœur de ville, 281 au sein de collectivités du programme Petites Villes de demain (PVD) et 116 postes financés dans des villes hors programmes de moins de 100.000 habitants, dans le cadre du mandat confié par la direction générale des entreprises (DGE) du ministère de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique. Le profil type est "une jeune femme qui n'était pas spécialiste du commerce, embauchée en contrat court, employée de la commune et rattachée à la direction générale des services (DGS)", a résumé Arnaud Ernst, directeur associé du cabinet AID qui a réalisé l'évaluation du dispositif auprès des collectivités.

"Plus le territoire est petit, plus le recrutement proposé est court"

Le poste est en effet occupé à 60% par des femmes. Les managers de commerce recrutés possèdent un niveau de diplôme supérieur ou équivalent à bac + 4 et sont majoritairement issus de formations initiales en lien avec le commerce et le marketing (40%) ou l'urbanisme et l'aménagement du territoire (21%). 88% sont des contractuels, seuls 12% sont des fonctionnaires. Et "plus le territoire est petit, plus le contrat de recrutement proposé est court", précise le bilan publié par la Banque des Territoires. Leur salaire reste un point faible : inférieur ou égal à 35.000 euros annuel brut. "Un sur deux est recruté à un salaire brut annuel inférieur à 30.000 euros, un niveau un peu décalé par rapport aux attentes du poste mais lié à la subvention et au complément que la collectivité doit ajouter ; le sujet est identifié comme un point faible pour les recruter et les garder dans un parcours à plus long terme", a souligné Arnaud Ernst, qui relève aussi la durée, courte, des contrats, "une précarité qui empêche de se projeter". Autres points délicats : les managers de commerce se voient proposer peu de formations, une question qui est en tête des préoccupations des acteurs publics, et les mutualisations sont peu nombreuses (8% seulement).

Des animateurs opérationnels plutôt que des stratèges développeurs

Les activités que mènent ces managers relèvent plutôt de l'opérationnel. "Ce sont plutôt des animateurs opérationnels plutôt que des stratèges développeurs", a expliqué Arnaud Ernst.

La satisfaction des collectivités est, cela dit, là. 92% sont complètement ou plutôt convaincues par le dispositif : 89% pour les villes engagées dans PVD et à 98% pour les villes de plus de 15.000 habitants. "L'expérience est positive, c'est pourquoi nous avons prorogé le contrat de deux ans, a ainsi témoigné Eric Houlley, maire de Lure (Haute-Saône). Les apports de cette manageuse ont été multiples en termes d'animation commerciale, de relation avec les associations de commerçants, de prospection pour attirer de nouvelles enseignes et commerces, des tâches très diverses."  D'après les données d'AID, 61% des collectivités n'auraient pas recruté de manager de commerce si la Banque des Territoires n'avait pas cofinancé le poste. "Les élus ont tous confirmé que c'était un très bon dispositif, très opérationnel et efficace", a insisté Arnaud Ernst.

Un référencement plus important dans le répertoire de la fonction publique territoriale

Alors que faire pour la suite ? Le cabinet comme les acteurs du commerce mettent en avant le besoin de reconnaissance du métier. "L'État ne peut reconnaître le métier sans un code Rome, a affirmé Pierre Creuzet, directeur-fondateur de l'association Centre-ville en mouvement. Tout le monde en a un sauf le manager de commerce." Un point sur lequel la DGE, convaincue de l'utilité du métier, s'est montrée ouverte. "La reconnaissance doit passer par un référencement plus important dans le répertoire de la fonction publique territoriale, le cadre du poste, son accès, sa rémunération", a assuré Paul Hennebelle, directeur de projet économie des territoires à la DGE.

Concernant la formation, la Banque des Territoires, qui termine sa mission de cofinancement des postes prévue pour deux ans, s'investit maintenant sur la montée en compétences de ces managers, avec un cycle de séminaires de formation de 2 jours ou 2,5 jours qui sera créé pour 50 à 100 personnes. "L'objectif est de lancer une première session cet automne", a précisé Frédéric Gibert, responsable du programme ACV et du plan Commerce à la Banque des Territoires. En complément, l'État, à travers ses services et l'ANCT, proposera des webinaires pour les chefs de projet ACV et PVD pour parler des grandes tendances du commerce et les aider, à travers des formations, à monter en compétence sur le sujet du commerce en centre-ville.