A Marne-la-Vallée, la Ferme du Buisson renaît de ses cendres

En 1998, lorsque Jose-Manuel Goncalves prend la tête de la Ferme du Buisson, la scène nationale de Marne-la-Vallée fait face à de sévères difficultés : 700.000 euros de déficit et une "année blanche" avec la réduction momentanée de sa programmation. Grâce à une réorientation artistique et au soutien continu du syndicat d'agglomération nouvelle du Val Maubuée, la Ferme est devenue un haut lieu des tendances artistiques actuelles.

Friche industrielle inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques et réhabilitée par l'architecte Bernard Huet en 1988, l'ancienne ferme laitière des chocolateries Menier, située à Marne-la-Vallée (Noisiel) est aujourd'hui un centre d'expérimentation artistique pluridisciplinaire et de diffusion des arts contemporains. Depuis 1990, la Ferme du Buisson accueille en effet un grand théâtre de 800 places, deux salles de cinéma d'art et d'essai, un centre d'art contemporain conventionné et un restaurant, "Le relais du Buisson". "La Ferme du Buisson est un équipement digne d'une ville de 300.000 habitants, souligne Vincent Eches, son directeur adjoint. Le lieu a un potentiel d'attraction fort en termes de création et de public, même si nos productions n'obéissent pas à des critères d'audimat." En termes de fréquentation annuelle, la Ferme accueille 120.000 spectateurs, dont la majorité vient des quatre villes de Marne-la-Vallée. Le rayonnement du lieu ne se limite toutefois pas à la ville nouvelle : en 2007, environ 20% du public était originaire du reste de l'Ile-de-France et de Paris. "La scène nationale permet à la ville nouvelle de Marne-la-Vallée de bénéficier d'une reconnaissance nationale, explique Annie Denis, chargée des affaires culturelles du syndicat d'agglomération nouvelle du Val Maubuée (SAN Val Maubuée). Si l'objectif est de diversifier l'offre et d'améliorer l'accès à la culture pour tous, les actions intercommunales en faveur de la culture visent aussi à requalifier l'image d'un territoire longtemps dépourvu de mémoire sociale."

 

Un soutien indéfectible du SAN Val Maubuée 

Créé dans les années 60 pour coordonner l'émergence de la ville nouvelle, le SAN du Val Maubuée déploie des initiatives de coopération intercommunale aux côtés des six communes membres (89.400 habitants) et de l'établissement public d'aménagement Epamarne. A la fin des années 90, le trou financier de la scène nationale n'a pas eu raison du soutien du SAN Val Maubuée : "En plus de maintenir ses subventions, il a fédéré les autres collectivités et s'est porté caution lorsque nous avons contracté un emprunt pour renflouer notre trésorie," explique Vincent Eches. Actuellement, deux salariés détachés du SAN Val Maubuée travaillent à la Ferme du Buisson (un gardien et un projectionniste), et celui-ci finance 60% des frais de fonctionnement, soit 1,9 million d'euros sur les 5 millions de budget annuel. "La stratégie de réhabilitation de la friche était claire dès le départ, explique le directeur adjoint, le SAN Val Maubuée finance les travaux nécessaires à la remise aux normes minimum des lieux et nous sollicitons ensuite nos autres partenaires pour bénéficier d'équipements afin de recevoir du public et de faire vivre l'ensemble de la structure." Au nombre des travaux réalisés par le SAN figure le désenfumage de deux salles de spectacle, l'Abreuvoir et la Grande Halle : "Nécessaires pour recevoir le public dans des conditions de sécurité légale, ces travaux nous permettent d'exploiter ces espaces sans avoir recours à des conventions préalables. Nous avons ainsi gagné ainsi du temps et de l'argent", souligne Vincent Eches.

 

Une politique artistique ambitieuse

Centre d'art et de "curiosité culturelle", la scène nationale ponctue sa grille de programmation d'événements aujourd'hui renommés : les week-ends à la Ferme, les Nuits curieuses... Chef de file du Festival européen "Temps d'images", fondé avec Arte, il bénéficie notamment des financements européens "Culture 2007-2013". Par ailleurs, l'architecture du lieu se prête parfaitement à la création : laboratoire d'idées, la Ferme du Buisson accompagne plus d'une vingtaine de compagnies par an. L'une d'elles, le collectif des Possédés, se produira prochainement au théâtre de la Bastille. La Ferme du Buisson a aussi été le tremplin d'artistes aujourd'hui célèbres comme le chorégraphe James Spencer Thierré, petit-fils de Charlie Chaplin. Le lieu offre une programmation variée : "Certains peuvent l'accuser d'être élitiste, voire inaccessible, mais, d'un autre côté, le cinéma draine un large public. D'autre part, la Ferme a une démarche active en matière d'éducation artistique et travaille aussi avec l'association 'Culture et Solidarité' en faveur de la réinsertion sociale", indique Annie Denis. "Dans le prochain contrat d'objectifs signé avec nos tutelles, nous souhaitons continuer à valoriser le lieu afin de l'exploiter au maximum", explique Vincent Eches. "Nous envisageons notamment le réaménagement des écuries et à terme, l'installation de résidences d'artistes." Par ailleurs, l'ancienneté des bâtiments fait exception dans le paysage urbain d'une ville nouvelle : en marquant un ancrage dans le passé, la Ferme du Buisson ajoute un supplément d'âme au territoire et valorise le patrimoine architectural et culturel du SAN Val Maubuée.

 

Laura Henimann / PCA, pour la rubrique Expériences des sites Mairie-conseils et Localtis

La Ferme du Buisson

Allée de la Ferme- Noisiel
77448 Marne-la-Vallée cedex 2

Vincent Eches

Directeur adjoint

SAN du Val Maubuée

5 place de l'Arche Guédon
77200 Torcy

Annie Denis

Vice-présidente, chargée des affaires culturelles

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