Insertion - Martin Hirsch compte sur les fonds de l'UIMM pour financer son plan jeunes

La Journée de refus de la misère, le 17 octobre, et les Assises de la jeunesse organisées le même jour par le Conseil économique et social ont donné à Martin Hirsch l'occasion d'ouvrir un nouveau chantier : celui des politiques d'insertion en faveur des moins de 25 ans. Le haut commissaire aux Solidarités actives contre la pauvreté envisage ainsi de lancer, avant la fin du mois de novembre, un appel à projets auprès des associations et des collectivités territoriales, en vue d'expérimenter des actions innovantes en la matière. Un fonds doté de 10 millions d'euros devrait être mis en place pour financer ces expérimentations. Celles-ci pourraient ensuite servir de base à la mise en place de dispositifs nationaux. Martin Hirsch est resté très discret sur les suites possibles de cette démarche. Il s'était toutefois montré plus disert le 29 septembre, au micro de RMC, se déclarant "favorable à ce qu'on expérimente, entre 18 et 25 ans, des choses du type du RSA". Sur le financement, le haut commissaire envisageait également - bien que rien ne soit pour l'instant concrétisé - de mobiliser les excédents accumulés par l'Union des industries métallurgiques et minières (UIMM) : "On va avoir 70 millions d'euros de la part de l'UIMM, qu'ils ont décidé d'affecter aux programmes qu'on a proposés. Ces programmes, c'est des programmes sur les jeunes sans revenus, sans formation, sans qualification, pour les aider à pouvoir prendre pied dans l'emploi et dans l'industrie. Quand on dit qu'il faut faire quelque chose, on le fait et on va chercher l'argent là où il est."
La question des revenus des jeunes constitue un débat récurrent, d'autant plus important en France que l'accès à l'emploi des 18-25 ans est particulièrement difficile. Malgré l'amélioration de l'emploi de ces dernières années, la part des jeunes qui ne sont ni en formation, ni en situation d'emploi s'est accrue de 9% entre 2003 et 2006, pour atteindre 14,5% de la tranche d'âge. Les 18-25 ans connaissent ainsi un taux de pauvreté (part des individus dont le revenu est inférieur à 60% du revenu médian, soit 817 euros par mois) de 21%, contre 12,1% dans l'ensemble de la population.
La question de l'instauration d'une allocation pour les 18-25 ans s'était déjà posée lors de la création du RMI en 1988. Le choix avait alors été fait de ne pas les inclure dans le champ d'application de cette nouvelle prestation, à l'exception des jeunes de cette tranche d'âge ayant des charges de famille. La question s'est régulièrement reposée lors des modifications apportées au dispositif RMI, le dernier débat en la matière remontant à 2003, avec la décentralisation complète du RMI. Le Grenelle de l'insertion et le projet de loi instaurant le revenu de solidarité active (RSA) - adopté en première lecture par l'Assemblée nationale le 8 octobre - ont à leur tour relancé le débat, mais celui-ci ne s'est pas véritablement développé. Il existe en effet un assez large consensus pour considérer que l'insertion des jeunes en difficulté passe plutôt par des contrats aidés et des dispositifs de qualification et d'accompagnement vers l'emploi. Malgré les propos de Martin Hirsch au micro de RMC, un éventuel dispositif national en faveur de l'insertion des jeunes devrait donc différer assez nettement du mécanisme du RSA, dont le Conseil d'analyse économique a évalué le coût à environ un milliard d'euros.

 

Jean-Noël Escudié / PCA