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Ile-de-France - Métropole du Grand Paris : Valérie Pécresse entend "s'inspirer de ce qui a été fait à Lyon"

La simplification administrative doit être le mot d'ordre pour les collectivités qui souhaitent développer leur attractivité. C'est en tout cas ce qui s'est beaucoup dit lors d'un débat organisé lors de l'université d'été du Medef organisée ces 30 et 31 août sur le campus d'HEC à Jouy-en Josas (78). Pour Valérie Pécresse, la métropole du Grand Paris ne montre pas l'exemple en affichant cinq échelons administratifs. Et la présidente de la région Ile-de-France d'annoncer pour décembre l'organisation d'une "conférence de cohérence territoriale".

Exit "Paris et le désert français"? La réforme territoriale initiée en janvier 2014 avec la loi de modernisation de l'action publique territoriale et d'affirmation des métropoles (Maptam) va-t-elle définitivement faire oublier la métaphore du désert français ? Valérie Pécresse, présidente (Les Républicains/LR) de la région Ile-de-France, qui participait à un débat sur le thème "Paris et les territoires" lors de l'université d'été du Medef, le 31 août 2016, répond par l'affirmative. "Aujourd'hui, on ne peut plus adhérer à cette vision car nous sommes désormais dans un monde de métropoles" qui détiennent chacune des atouts en termes d'attractivité économique. "Cela implique de nombreuses collaborations interrégionales", ajoute Valérie Pécresse qui travaille déjà étroitement avec la Normandie et les Hauts-de-France. Dernier partenariat en date avec cette région : le déploiement du Francilien sur la Ligne K reliant Paris (gare du Nord) à Crépy-en-Valois dans l'Oise. A compter du 3 septembre, ce train spécialement conçu pour le réseau SNCF Transilien, financé à 100% par le Syndicat des transports d'Ile-de-France (Stif) pour un montant de 160 millions d'euros, pourra transporter quelque 12.000 voyageurs quotidiens entre l'Ile-de-France et les Hauts-de-France.
Le projet du Grand Paris est aussi "une formidable intention", concède la présidente de région. A condition de mener à bien ce projet. Pour l'heure, la métropole du Grand Paris serait "un monstre digne de Frankenstein avec cinq niveaux d'administration", tacle Valérie Pécresse qui organisera en décembre une "conférence de cohérence territoriale" afin d'y voir plus clair. "Quand on bâtit une métropole, dit-elle, on doit le faire avec le souci de la simplification administrative : une collectivité - la région capitale prenant la place de la métropole du Grand Paris par exemple -, une compétence, un seul impôt." Plusieurs candidats LR à l'élection présidentielle 2017 seraient déjà "convaincus" par cette démonstration.
Tout en plaidant pour la diversité des métropoles, le sénateur-maire (PS) de Lyon, Gérard Collomb, également président de la métropole de Lyon, a confirmé l'intérêt de "simplifier le mille-feuille" administratif, rappelant que "le conseil départemental n'a plus de compétence à Lyon". Née le 1er janvier 2015, la métropole de Lyon est issue de la fusion de la communauté urbaine de Lyon et du conseil départemental du Rhône sur les 59 communes qui composent le territoire du Grand Lyon. Gérard Collomb relève que cette opération a par exemple conduit au regroupement des services qui s'occupaient du revenu de solidarité active (RSA) avec ceux en charge des questions économiques, ce qui "a permis aux personnes en charge de l'insertion de mieux connaître les besoins des entreprises".

Un "taulier" pour l'Ile-de-France ?

"Nous en avons fini avec Paris et le désert français", assure lui aussi Laurent Bigorgne, directeur de l'Institut Montaigne. Aujourd'hui, l'attractivité d'un territoire est selon lui liée à la présence ou non de centres de recherche et d'incubateurs. Il souligne en outre que la compétition entre les métropoles s'exerce au-delà de l'hexagone. "Aujourd'hui, la France est dans une situation difficile qui doit la conduire à réagir", souligne Laurent Bigorgne, qui mentionne la longueur d'avance prise par la métropole londonienne en termes d'attractivité grâce notamment à l'excellence de son enseignement supérieur. Le sentiment général est celui "d'un décalage croissant de la France par rapport aux autres pays européens", poursuit le directeur de l'Institut Montaigne, think tank d'obédience libérale. Il mentionne à cet égard la note du Conseil d'analyse économique (CAE) du 11 mai 2016 sur "l'attractivité de la France pour les centres de décision des entreprises" qui observait sur trente ans une érosion nette de la part de notre pays au profit de l'Allemagne et de la Belgique.
D'après François Bertière, président-directeur général de Bouygues immobilier, une gouvernance publique simplifiée et une fiscalité modérée ne sont pas les seuls facteurs d'attractivité d'un territoire. Il mentionne également "les offres de logement, la qualité de vie, les transports, l'offre scolaire et universitaire, le dynamisme culturel d'une ville et de sa région, etc." Et si ces critères ne sont pas remplis au sein des métropoles françaises, le "British Exit" (Brexit) ne sera "pas forcément une chance pour la France par rapport aux autres Etats européens". Le PDG de Bouygues immobilier insiste cependant sur la nécessaire simplification administrative "mot-clé pour les collectivités" : "Les entreprises ont besoin d'un système administratif simple. Lyon par exemple a son 'taulier' : Gérard Collomb… Cela permet de prendre des décisions rapidement." En particulier dans l'immobilier où "la matière première" est le terrain à bâtir. "Dans ce domaine, il est plus facile de négocier avec une métropole qu'avec une commune", assure le promoteur immobilier qui déplore "l'absence de 'taulier' en Ile-de-France". "Dans cette région, je suis confronté à cinq échelons administratifs, dit-il, à des acteurs qui ne sont pas d'accord entre eux, à des documents administratifs différents, etc."
Valérie Pécresse, qui plaide pour "un nouveau round de décentralisation", ne désespère pas de parvenir à convaincre les acteurs des différentes strates administratives franciliennes "de l'intérêt de simplifier la situation". Elle déclare pour cela "s'inspirer beaucoup de ce qui a été fait à Lyon".

 

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