Moëlan-sur-Mer remet en culture ses friches littorales (29)

En mobilisant un article oublié du code rural et de la pêche maritime facilitant la production sur des terres délaissées, la commune de Moëlan-sur-Mer expérimente la relance de l’agriculture sur un espace de 120 hectares. 

Depuis le printemps 2019, les friches du littoral de Moëlan-sur-Mer résonnent à nouveau du son d’outils agricoles. Un maraîcher ainsi qu’une association agricole et d’insertion sociale et professionnelle (Optim’ism) y produisent, au milieu de la lande, des légumes en agriculture biologique sur des surfaces de respectivement 5 et 20 hectares. La commune a en effet engagé depuis 2014 une initiative de "reconquête" de ces espaces autrefois valorisés par les paysans locaux. 

  • 500 hectares de terres en friche

"La sardine a fait vivre les pêcheurs pendant plus d’un siècle jusqu’en 1960, puis elle a déserté nos côtes. Certains marins étaient aussi paysans et cultivaient des parcelles en bord de mer en complément, mais ils ont progressivement quitté le territoire pour aller travailler ailleurs, explique le maire de Moëlan-sur-Mer, Marcel le Pennec. Dans les années 1970, des touristes ont commencé à racheter les bâtisses et terrains de ces marins, sans cultiver les terres qui ont été reprises par la nature." En 2013, alors que 500 hectares de terres s’enfrichent le long du littoral, l’idée vient aux élus communaux d’y relancer une activité agricole. 

  • Favoriser l'installation de nouveaux agriculteurs

Présenté lors d'une réunion publique en mai 2014, l'avant-projet reçoit un accueil positif de la part des habitants, qui s'expriment en faveur d'une agriculture biologique. "Dès le début, notre volonté a été de maintenir une mosaïque paysagère tout en favorisant l'installation de nouveaux agriculteurs, voire de conforter des exploitations existantes", poursuit le maire de Moëlan-sur-Mer. Siège d'une biodiversité spécifique, la lande s'est en effet inscrite dans la culture locale comme paysage typique, constatent les élus.
L'initiative communale avance d'un pas quand l'un des conseillers municipaux de Moëlan-sur-Mer, Erwan Gourlaouen, signale que le code rural et de la pêche maritime permet à toute personne physique ou morale de "demander au préfet l'autorisation d'exploiter une parcelle susceptible d'une mise en valeur agricole ou pastorale et inculte ou manifestement sous-exploitée depuis au moins trois ans" (articles L. 125-1 à L. 125-15). Une "procédure datant de la Seconde Guerre mondiale mais oubliée depuis" signale le maire de Moëlan-sur-Mer. Ce dernier se rapproche du conseil départemental et de la préfecture du Finistère ainsi que de la chambre d'agriculture départementale et présente finalement le projet communal en ébauche auprès de la commission départementale d'aménagement foncier. 

  • Identifier les propriétaires de 1.200 parcelles en friche

L'initiative convainc l'ensemble des partenaires et l'équipe communale est autorisée à expérimenter la remise en culture des friches sur 120 hectares, découpés en une vingtaine d'îlots. L'œuvre est titanesque car il s'agit alors d'identifier et de solliciter l'ensemble des propriétaires des 1.200 parcelles concernées : 400 personnes, parfois disparues ou résidant à l'étranger. Pour faire face à cette charge de travail, le conseil départemental met à disposition de la commune une personne à temps plein pendant cinq ans, tandis que la direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) du Finistère l'assiste sur le plan juridique.
"Par ailleurs une commission communale a été créée en 2015 pour piloter le projet ; elle regroupe des propriétaires fonciers, des représentants d’associations environnementalistes, le conseil départemental, la DDTM et des agriculteurs, détaille le maire, seul élu participant à la commission. Il fallait analyser l’état et le devenir potentiel de chaque parcelle. Celles avec de beaux arbres ou très enfrichées ont par exemple été conservées telles quelles."

  • Bail environnemental

Début 2018, une mission d’assistance à maîtrise d’ouvrage est confiée à Terre de liens Bretagne ainsi qu’au groupement des agriculteurs biologiques du Finistère afin d’assurer, sous forme d’ateliers, "l’animation et l’information auprès des propriétaires concernés et de contribuer à l’émergence de projets agricoles". Un appel à candidatures de porteurs de projets agricoles a suivi au cours du second semestre 2018. 
Depuis que les deux premiers candidats ont été autorisés par la préfecture à exploiter des terres et ont signé un bail rural environnemental avec leurs propriétaires respectifs, d’autres projets, tels qu’un élevage caprin, une activité de paysan-boulanger ou encore de cultures de plantes aromatiques, sont en bonne voie d’aboutir. Grâce à ce développement agricole, les élus de Moëlan-sur-Mer espèrent augmenter la part des produits locaux dans la restauration scolaire municipale et voir se structurer, via l’édification d’une plate-forme logistique de produits de circuits courts, une offre de livraison de produits frais issus des nouveaux agriculteurs. Une instance de représentation des propriétaires de friches est par ailleurs prévue afin "d’apporter un appui sur la gestion du foncier (succession, échange, parcellaire, vente, don et legs)."

Commune de Moëlan-sur-Mer

Nombre d'habitants :

6921
2 Rue des Moulins
29350 Moëlan-sur-Mer
mairie-moelan@wanadoo.fr

Marcel le Pennec

Maire

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