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Patrimoine - Monuments nationaux : l'écart se creuse entre Paris et la province

Le Centre des monuments nationaux (CMN) publie, aux premiers jours de janvier, la fréquentation 2012 des 96 monuments dont il assure la gestion pour le compte de l'Etat. Les chiffres de fréquentation affichent un bilan positif, mais à un niveau très modeste, puisque le nombre total d'entrées progresse seulement de 0,4%. Bien que le communiqué du CMN ne le mentionne pas, ce chiffre est en net recul par rapport à celui de 2011, qui avait vu une forte hausse des entrées de 5,5% (voir notre article ci-contre du 3 janvier 2012).

Plus de neuf millions de visiteurs

Les monuments nationaux franchissent toutefois, comme l'année précédente, la barre des neuf millions de visiteurs (9,12 millions), auxquels il convient d'ajouter - comme le rappelle le CMN - "les centaines de milliers de visiteurs ayant découvert ou redécouvert ces monuments d’exception, leurs parcs et jardins lors d’événements ou de manifestations qui ne donnent pas lieu à une comptabilisation dans les visites". Il faut en outre rappeler que l'année 2011 avait vu la mise en place de la gratuité pour les moins de 26 ans dans les monuments nationaux, engendrant un effet d'aubaine qui a sans nul doute contribué à la forte croissance constatée.
En 2012, la progression d'ensemble de 0,4% recouvre toutefois des écarts importants entre Paris et la province. Les monuments nationaux situés dans la capitale (Arc de triomphe, Conciergerie, Panthéon, Sainte-Chapelle, musée des plans-reliefs, tours de Notre-Dame...) et en Ile-de-France (basilique cathédrale de Saint-Denis, château de Vincennes, domaines nationaux de Saint-Cloud et de Rambouillet...) ont vu aussi leur fréquentation augmenter de 5,4%, soit un chiffre équivalent à la progression nationale de 2011. L'Arc de triomphe a même connu une envolée "spectaculaire", avec 14,1% de visiteurs supplémentaires, soit un total de 1,7 million. Les visiteurs des tours de Notre-Dame sont en hausse de 5,4%, ceux de la basilique de Saint-Denis de 4,3%...

Année décevante pour les monuments en région

Même si le communiqué ne donne pas de chiffres sur ce point, le CMN reconnaît que cette progression sur Paris et l'Ile-de-France "compense le recul de certains sites en région" (cité de Carcassonne, château d'Azay-le-Rideau, abbaye de Cluny, château d'If, palais Jacques Cœur à Bourges, tours et remparts d'Aigues-Mortes...). L'abbaye du mont Saint-Michel - l'un des sites les plus emblématiques gérés par le CMN - a vu ainsi sa fréquentation reculer de 5%, sans doute en partie sous l'effet des nouveaux aménagements des voies d'accès et la polémique qui accompagne les travaux (voir notre article ci-contre du 8 juin 2012).
Pour 2013, le CMN "espère poursuivre ses avancées", grâce notamment à l'ouverture ou la réouverture de certains lieux comme les châteaux de La Motte-Tilly (Aube) et de Champs-sur-Marne (Seine-et-Marne) ou la villa Cavrois, œuvre de l’architecte Mallet-Stevens à Croix (Nord). Le Centre compte également sur une "approche plurielle" permettant de toucher des publics plus larges. Celle-ci se traduira notamment par l'organisation "d’expositions ou de manifestations organisées autour des anniversaires de Le Nôtre ou Soufflot, de programmations musicales, de lectures, de visites thématiques, d’expositions d’art contemporain, d’offres numériques...".

Jean-Noël Escudié / PCA