Territoires - Nicolas Sarkozy : "La Poste ne s'ouvrira qu'à des capitaux publics"
La Poste ouvrira bien son capital... mais qu'à des capitaux publics. C'est ce qu'a annoncé le président de la République Nicolas Sarkozy jeudi lors d'un déplacement dans les Vosges, un jour avant sa rencontre avec les représentants du groupe. Actuellement en établissement public, "La Poste changera de statut mais ne s'ouvrira qu'à des capitaux publics, comme la CDC", a affirmé Nicolas Sarkozy, lors d'une table ronde "sur l'avenir des territoires ruraux". Il suit en cela les recommandations du rapport de François Ailleret sur le développement de La Poste remis le 17 décembre au Premier ministre, à l'issue de trois mois de travaux. Ce rapport préconise le changement de statut du groupe public en société anonyme (SA), avec l'ouverture de son capital à des investisseurs publics (Etat, Caisse des Dépôts ou Fonds stratégique d'investissement).
Les syndicats, qui sont conviés à la réunion de vendredi soir, ont immédiatement réagi à cette annonce, y voyant un premier pas vers la privatisation du groupe, une fois la crise terminée. La semaine dernière, ils avaient déjà claqué la porte des négociations au sein de la Commission Ailleret, estimant que leurs solutions alternatives n'avaient pas été étudiées.
Cette ouverture du capital est justifiée notamment par l'ouverture totale à la concurrence du marché du courrier au 1er janvier 2011 et l'arrivée de nouveaux concurrents. Selon le rapport Ailleret, La Poste devrait conserver son monopole dans les zones rurales, grâce à son maillage territorial, mais subir l'arrivée d'une offre "low cost" dans les zones denses. La Poste va donc nécessiter d'importants investissements pour s'adapter. "Elle doit trouver trois milliards d'euros d'ici à 2012", a avancé Nicolas Sarkozy, ce 18 décembre. "On va les trouver, mais par des financements publics", a-t-il ajouté, alors que l'endettement du groupe atteint aujourd'hui les 6 milliards d'euros. Affirmant que La Poste était "la quintessence du service public", le chef de l'Etat a expliqué que le plan de relance prévoyait de débloquer 600 millions d'euros "pour rénover 700 bureaux de poste de plus".
M.T. avec AFP