Energie - Nord-Pas-de-Calais : une mission d'enquête régionale favorable à l'exploitation du méthane du bassin minier
Une mission d'enquête de la région Nord-Pas-de-Calais sur un projet d'extraction du méthane des veines de charbon de l'ancien pays noir, s'est close sur une note positive malgré l'opposition des écologistes d'EELV, a estimé le 18 février son président, Bertrand Péricaud (PCF-Front de gauche). Au terme de sept réunions, de l'audition de 27 experts et d'une visite dans le bassin houiller lorrain où un projet du même type est plus avancé, la mission d'enquête "gaz de houille", entamée à l'automne 2013 dans le cadre du Schéma régional de développement économique (SRDE), a produit un rapport de 50 pages dressant "l'état de l'art" dans ce domaine. Si le projet n'en est encore qu'au stade exploratoire, "on peut qualifier de globalement positifs" les premiers constats, a estimé l'élu régional, bien que ses collègues EELV aient boycotté chemin faisant la mission.
Le méthane, gaz inflammable et explosif à l'origine des "coups de grisou" redoutés des mineurs, se trouve à l'état naturel associé au charbon. Depuis 1975, seul le "gaz de mine", proche de la surface des anciennes houillères, est exploité, notamment pour éviter d'éventuels accidents provoqués par son accumulation et sa remontée. La société Gazonor, filiale du groupe belge Transcor, produit là de quoi alimenter un an durant une ville de 60.000 habitants.
Le nouveau projet est d'une autre ampleur. Il concerne l'exploitation de ce que l'on appelle le "gaz de couche", le méthane situé plus en profondeur, dans les couches de charbon encore intactes. Gazonor y participe avec EGL, société de droit britannique, qui en serait l'opérateur. Selon des évaluations de l'Institut français du pétrole (IFP), encore à confirmer, les vieux bassins houillers du Nord (pour 20%) et de l'Est (80%) pourraient contenir l'équivalent de plusieurs années de consommation nationale de gaz. EGL, selon le rapport, vise au moins à produire pendant 25 ans quelque 10 à 12% de la consommation de gaz du Nord-Pas-de-Calais.
Pour quatre puits d'exploration indispensables pour vérifier l'état des ressources et tester les technologies, EGL prévoit d'investir 17 millions d'euros. Les permis pour les deux premiers de ces puits, à Avion et Divion (Pas-de-Calais), ont été délivrés par le ministère de l'Ecologie.
Bertrand Péricaud et André Flajolet (UMP), vice-président de la mission, ont soutenu tous deux devant la presse l'idée d'une "participation" financière de la région au projet, s'il venait à être considéré comme faisable. Quelque 190 emplois directs et 300 emplois induits pourraient être créés, d'après les estimations d'EGL. Le rapport, qui passe en revue les données d'une éventuelle exploitation, sera présenté à l'assemblée générale du SRDE en avril puis débattu lors de la plénière de sa commission permanente en juin, a précisé Bertrand Péricaud.
Les échanges risquent d'être vifs, car si l'objectif de cette mission était de favoriser un débat contradictoire, les élus d'EELV ont estimé qu'il était biaisé, selon des sources régionales. Les Verts sont hostiles à un projet qui selon eux ne favorisera pas les économies d'énergie et présente des dangers pour l'environnement (fuites de méthane, pollution des nappes phréatiques). Ils soupçonnent en outre qu'il entraînera à terme l'utilisation de la technique honnie de la fracturation hydraulique.
Pour André Flajolet, ces craintes sont soit infondées - "la fracturation hydraulique est interdite en France" -, soit demandent à être étayées par des études sérieuses comme celles qui vont être menées en Lorraine sur les fuites au niveau des puits. La technique privilégiée, celle de forages verticaux avec des drains permettant l'évacuation du gaz à basse pression, est sans risque, a-t-il assuré. L'exploitation du gaz de couche permettra, a-t-il encore plaidé, de réduire la dépendance de la France vis-à-vis des importations d'hydrocarbures ainsi que l'énorme déficit de sa balance commerciale dans ce domaine.