Nouvelle dégradation de la délinquance en 2023 : les départements les plus touchés

La plupart des crimes et délits ont continué de progresser en 2023, à un rythme moindre cependant que l'an passé. C'est particulièrement le cas des violences dont l'augmentation (+7%) touche tout le territoire, même si cinq départements portent à eux seuls un cinquième de la hausse au niveau national.

La plupart des indicateurs de la délinquance ont continué d'augmenter en 2023 mais à un rythme moins soutenu que l'an dernier, observe le service statistique du ministère de l'Intérieur (SSMSI), dans un bilan publié le 31 janvier. C'est particulièrement le cas pour les coups et blessures volontaires (+7%) et les viols et tentatives de viols (+10%), les violences sexuelles (+8), les escroqueries (+7%).

S'agissant des violences, les coups et blessures intrafamiliales sur les plus de 15 ans augmentent plus significativement (+9%) qu'en dehors du cadre familial (+4%). Une évolution continue depuis 2017, mais à un rythme moindre que les années précédentes. "Ces hausses s’expliqueraient notamment par un effet positif du Grenelle des violences conjugales (qui s’est tenu la première fois de septembre à novembre 2019), lequel a conduit à améliorer la politique d’accueil des victimes par les services de sécurité", analyse le service statistique. Il montre dans une analyse géographique que cette augmentation touche tout le territoire mais cinq départements portent à eux seuls un cinquième de la hausse au niveau national : le Nord (+7%), la Seine-Maritime (+18%), le Pas-de-Calais (+9%), l’Essonne (+11%) et La Réunion (+12%). Mais c'est le Loir-et-Cher qui enregistre la plus forte progression (+36%), suivi des départements de l’Aude (+24%), de la Haute-Corse (+21%) et du Finistère (+20%). En isolant les violences intrafamiliales, seule la Creuse enregistre une baisse significative.

Libération de la parole

La hausse des violences sexuelles est elle aussi continue depuis 2017. En 2023, la hausse est un peu plus forte pour les viols et tentatives de viols (+10%) que les autres agressions sexuelles y compris harcèlement sexuel (+7%). Cette augmentation s'explique par le mouvement de libération de la parole "dans le prolongement de l’affaire Weinstein (octobre 2017) et des différents mouvements sur les réseaux sociaux" comme #metoo, explique le SSMSI. Là encore, l'amélioration des conditions d’accueil des victimes a pu jouer, même si seulement 5% des victimes de violences sexuelles ont déposé effectivement plainte en 2021, selon la dernière enquête "Vécu et ressenti en matière de sécurité" publiée au mois de décembre. Cette évolution touche tout le territoire mais explose dans trois départements Haute-Loire (+43%), en Saône-et-Loire (+40%) et dans la Nièvre (+36%). A l'inverse huit départements enregistrent des baisses importantes : l’Aube, la Haute-Corse, l’Ain, les Côtes-d’Armor, la Meurthe-et-Moselle, le Gard, le Loiret et la Seine-Saint-Denis.

Impact des émeutes sur les dégradations

Les cambriolages continuent d'augmenter (+3%) mais moins fortement que l'an dernier (+11%) et le niveau reste inférieur à celui d'avant-crise. L'augmentation est cependant particulièrement importante dans 17 départements dont la Martinique, les départements de la région Centre-Val-de-Loire et la Normandie.

Alors que les sénateurs s'apprêtent à examiner une proposition de loi visant à renforcer la sécurité dans les transports (voir notre article), on notera que les vols et violences dans les transports en commun ont connu une baisse (-10% en moyenne) même si les violences sexuelles y progressent (+4%). Ce sont les victimes de vols violents qui reculent le plus fortement (-22%). A noter aussi une baisse significative du nombre de victimes d'outrages et violences contre dépositaires de l’autorité publique (-12% en 2023 après -15%) l'an dernier. En Ile-de-France, 27% des vols sans violence ont lieu dans les transports en commun.

Les destructions et dégradations volontaires enregistrent la plus forte hausse depuis 2018 (+3%). Ce qui s'explique surtout par le contexte des émeutes urbaines de fin juin-début juillet. Ainsi, "la semaine à cheval sur les mois de juin et juillet a connu une explosion des destructions et dégradations volontaires enregistrées (+140%) par rapport à la même période de l’année précédente", relève la note. Bien qu'"un problème d'alimentation des bases de données de la gendarmerie nationale" n'ait pas permis d'avoir une vision fiable de l'évolution géographique.

Quinze départements enregistrent une forte hausse de la consommation de drogue

Après une très forte augmentation en 2021 (+38) liée à la mise en œuvre des amendes forfaitaires délictuelles et moindre en 2022 (+14%), la progression du nombre de mis en cause pour usage de stupéfiants ralentit (+4%). Le nombre de mis en cause pour trafic de stupéfiants, lui, baisse très légèrement (-1%). Concernant l'usage de stupéfiants, quinze départements enregistrent une forte progression. C'est tout particulièrement le cas de la Guyane et de La Réunion (respectivement +70 et +89%), ce qui tend à conforter les préoccupations des élus guyanais devant la commission d'enquête du Sénat (voir notre article). S'agissant du trafic, les plus fortes hausses concernent la Mayenne, La Réunion, la Manche et la Haute-Marne (entre +48% et +86%). A l'inverse, la Dordogne, le Loir-et-Cher, la Corse du Sud et la Saône-et-Loire enregistrent des baisses de 37 à 42% du nombre de mis en cause. Mais ce sont la Haute-Savoie (-25%), l’Essonne (-19%) et le Val-de-Marne (-14%) qui "contribuent le plus fortement à la baisse nationale".

On relèvera enfin que pendant la période des émeutes (du 27 juin au 3 juillet 2023), les nombres de mis en cause pour usage et trafic de stupéfiants ont fortement baissé par rapport à la même période en 2022 (-25% et -29%). Selon le SSMSI, "cette évolution s’explique notamment par la mobilisation plus importante des services de sécurité dans le maintien de l’ordre public".

Le SSMSI observe enfin une surreprésentation des étrangers dans la délinquance avec 17% des faits pour 8% de la population. C'est particulièrement le cas pour les atteintes aux biens : ils représentent 38% des cambriolages, 40% des vols dans les véhicules et 31% des vols violents sans armes. Des chiffres en forte progression depuis 2016.

 

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