Nouvelle ponction sur le budget des CCI : une mesure "injuste" et "anti-économique", juge Alain Di Crescenzo
Lors de son audition devant la commission des affaires économiques du Sénat ce 6 novembre, le président de CCI France a réitéré son souhait de voir supprimer la ponction de 40 millions d'euros prévue sur son réseau dans le cadre du projet de loi de finances pour 2025. Une ponction qui amènerait à la suppression de 500 postes et à une impossibilité pour le réseau de mener sa mission.
"C'est injuste !" C'est ainsi que le président de CCI France a qualifié la réduction de 40 millions d'euros des ressources publiques affectées au réseau des chambres de commerce et d'industrie (CCI) prévue dans le cadre du projet de loi de finances pour 2025, lors de son audition par la commission des affaires économiques du Sénat ce 6 novembre 2024. Cette réduction ferait passer le budget des CCI de 525 millions d'euros à 485 millions d'euros, soit une baisse de l'ordre de 8% du montant annuel perçu par le réseau. "C'est injuste, car nous avons transformé notre réseau, passant de 25.000 collaborateurs en 2013 à 14.000 en 2024, nous avons des indicateurs de performance, c'est injuste par rapport au travail effectué", a ainsi signalé Alain Di Crescenzo lors de son audition.
Les CCI ont déjà fait face à une baisse importante de la ressource fiscale qui leur est affectée, passant de 1,3 milliard d'euros à 525 millions d'euros sur la période 2013-2024, soit une réduction de 60%. "C'est anti-économique, a ajouté le président de CCI France, car notre effet de levier pour l'économie française est de 1 à plus de 5 !" En 2023, les chambres ont créé 2,8 milliards d'euros de valeur pour un budget de 525 millions, selon lui.
Un amendement pour supprimer la ponction
"Et c'est un contresens car on a besoin de nous, a assuré Alain Di Crescenzo. Dans les préfectures, il n'y a plus de service économique et les collectivités ont des problèmes budgétaires, on va être les derniers à aider les entreprises !" Un amendement au projet de loi de finances (article 33), préparé avec CCI France, a été déposé. Il propose de s'en tenir à la trajectoire annuelle actée en 2014, soit un prélèvement sur fonds de roulement de 20 millions d'euros en 2025 (100 millions d'ici 2027) en échange de la stabilité des ressources à 525 millions d'euros. L'article en question doit être examiné en fin de semaine, les débats en séance publique sur le volet recettes ayant repris.
D'après CCI France, la baisse prévue pourrait amener à la suppression de plus de 500 postes dans le réseau, et impactera les TPE et PME, particulièrement les plus fragiles. "Ces entreprises sont très endettées, elles ont des problèmes de liquidités depuis la crise Covid, elles n'ont pas amélioré leur marge, détaille à Localtis Alain Di Crescenzo. Pour ces entreprises, toute évolution peut les mettre au tapis !" L'amendement demande purement et simplement l'annulation de la ponction prévue. "Si la ponction est maintenue, je ne pourrai pas assurer ma mission", estime le président de CCI France.
Maintenir les aides à l'apprentissage
Au-delà des questions budgétaires, il a abordé d'autres thématiques durant son audition, dont l'apprentissage, le Made in France, alors que le salon sur le sujet ouvre ses portes le 8 novembre à Paris, la réindustrialisation et la Team France Export. En matière d'apprentissage, et alors que le projet de loi de finances pour 2025 prévoit des coupes budgétaires (voir notre article du jour), il assure qu'il faut maintenir les aides, en les modulant peut-être en fonction de la taille des entreprises et de leurs besoins. "S'il n'y a que dix élèves dans une classe, il faut quand même l'ouvrir, car c'est peut-être dix entreprises que l'on va sauver ! Et sans cette ouverture, les apprentis auront peut-être 300 km à faire pour suivre leur formation. Les aides pour les CFA doivent tenir compte de la territorialité." En revanche, le président de CCI France estime qu'il faudrait pouvoir juger les centres de formation d'apprentis (CFA) en fonction de leur qualité (le taux de placement, la proportion de présentiel…). "Faisons de la qualité mais sanctuarisons cette formation d'avenir", a-t-il insisté.
Côté Made in France, une étude menée par CCI France qui devrait être prochainement publiée montre qu'il est largement plébiscité par les pays voisins, pour la qualité et le moyen-haut de gamme. "Mais le Made in France souffre d'un manque de label et d'une visibilité du vrai coût du produit, a-t-il indiqué. Dans le nord de la France, il y a une trottinette électrique française, Plume, qui coûte 1.200 euros contre 800 euros pour une trottinette chinoise, mais sa durée de vie est deux à trois fois plus importante et tout est fabriqué en France, il faut raisonner en coût total d'acquisition et d'utilisation ! On doit éduquer la France à ces aspects de coût réel d'un produit."
Sur la réindustrialisation, il a indiqué que le réseau avait accompagné 800 PME pour candidater au plan France 2030, en simplifiant les dossiers, un travail mené avec Bruno Bonnell, secrétaire général à l'investissement. Quant à la Team France Export, Alain Di Crescenzo a fait le bilan d'une action qui s'améliore : 1.000 opérations organisées par an pour rencontrer quelque 30.000 entreprises et en accompagner 3.000 par an. "C'est beaucoup mieux qu'avant ! C'est un travail de terrain qui se fait essentiellement en France, préparer les entreprises à se projeter à l'international, le relais étant ensuite pris par Business France."