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Politique de la ville - Observatoire des ZUS : les écarts continuent de se creuser

L'Observatoire national des zones urbaines sensibles publie une première série de résultats montrant que les écarts se sont encore creusés entre les habitants des ZUS et leurs voisins résidant dans la même agglomération. Le travail interministériel ne donne ni dans l'angélisme ni dans la défensive.

Les inégalités entre les zones urbaines sensibles et leurs villes d'appartenance ne se sont pas réduites entre 2003 et 2005. Dans les domaines de l'accès à l'emploi, de la réussite scolaire, de la concentration spatiale des situations de pauvreté et de l'insécurité ressentie par les habitants, le processus de décrochage se poursuit, les écarts continuent de se creuser. C'est le constat que tire l'Observatoire national des ZUS (Onzus), dans une version provisoire de son rapport 2006, publiée par la DIV, dont la version définitive sortira au mois de janvier prochain. Il est bien évidemment trop tôt, avertit l'Onzus, pour mesurer l'impact des politiques décidées depuis 2003.

Reste que le taux de chômage dans les ZUS est, en 2005, deux fois supérieur à celui des autres quartiers des agglomérations ayant une ZUS. Il atteint 22%, "soit une progression d'environ deux points par rapport à 2003, alors que le niveau de chômage est resté sensiblement stable dans les autres quartiers (10,5% en 2005)", compare l'Onzus en résumant : "le surchômage dans les ZUS tend donc à s'accentuer".

Parmi les habitants des ZUS ayant un emploi et diplômés du supérieur, la moitié seulement accède à des postes de cadre ou de catégorie intellectuelle supérieure, contre les deux tiers pour les autres. De même, les actifs occupés des ZUS subissent davantage la flexibilité du marché du travail (contrats d'embauche précaires et temps de travail plus souvent contraints).

La politique des zones franches urbaines continuerait de porter ses fruits. En règle générale, la progression du nombre d'établissements implantés en ZFU est plus élevée que dans les autres quartiers de l'agglomération. Par exemple, elle a été de 9% en 2004 pour les 41 ZFU crées cette année-là (contre 1,7% dans l'unité urbaine).

1.000 logements sortis de leur situation d'habitat indigne

Le nombre de logements du parc privé situés en ZUS bénéficiant de subventions de l'Anah a diminué en 2005 : les aides annuelles concernaient en 2003 comme en 2004 plus de 15.000 logements contre 11.600 logements en 2005. Le nombre de logements en copropriétés dégradées traités dans le cadre de plans de sauvegarde dans les ZUS, se monte à 2.600 en 2005 contre 7.700 en 2004. "L'ampleur de cette baisse tient essentiellement aux retards pris par une très importante opération à Grigny 2", note l'Onzus. Au final, près de 1.000 logements en ZUS sont sortis de leur situation d'habitat indigne en 2005, soit près du tiers des interventions de l'Anah en France dans ce champ.

En ce qui concerne les indicateurs de réussite scolaire, les écarts se sont creusés au détriment des ZUS pour la plupart des indicateurs, qu'il s'agisse du devenir des élèves de troisième qui avaient été orientés vers une seconde professionnelle, de la proportion d'élèves redoublant la seconde ou du taux de réussite au brevet en 2004-2005.

Entre le 27 octobre et le 20 novembre 2005, près de 7.000 faits de délinquance ont été relevés dans 537 ZUS. Les incendies de véhicules représentent les trois quarts de ces infractions. S'ils ne sont pas davantage victimes de vols, les habitants des ZUS se déclarent plus souvent témoins d'actes de délinquance ou de dégradations volontaires d'équipements collectifs dans leur quartier.

 

Valérie Liquet / Innovapresse