Olivier Becht : "Si nous n'internationalisons pas nos entreprises, nous serons en danger"

Alors que les aides à l'export du plan de relance s'achèvent, le ministre du Commerce extérieur, Olivier Becht, a promis, jeudi 9 février, de nouveaux dispositifs qui pourraient être dévoilés dans les prochaines semaines. Dans un contexte morose, avec un déficit commercial record, il veut remobiliser les entreprises à l'international, entrevoyant de nouvelles opportunités, notamment dans la "réindustrialisation verte".

Après une année noire pour la balance commerciale, le ministre du Commerce extérieur, Olivier Becht, a annoncé, jeudi 9 février, que de nouveaux dispositifs d’aide aux entreprises exportatrices seraient mis en place "dans les prochaines semaines, les prochains mois". "Il est normal que les politiques publiques soient au soutien des acteurs qui partent à l’international", a-t-il insisté devant un parterre d’entrepreneurs réunis pour le "Bercy France Export", rendez-vous annuel des entreprises exportatrices. Des aides avaient été mises en place dans le cadre du plan de relance (chèques relance export, chèque VIE…) mais elles s'achèvent, a-t-il rappelé. "Si, demain, on n’internationalise pas nos entreprises nous serons en danger", a mis en garde Olivier Becht, comparant la France à un "pays de Cocagne" où la culture de l’exportation n’est pas assez développée.

Alors que le déficit de la balance commerciale a plongé à 164 milliards d’euros l’an dernier, le ministre a expliqué que ces mauvais résultats avaient une part conjoncturelle liée à la situation internationale et à la crise énergétique. Mais il y a aussi "une part très structurelle à notre difficulté due à la désindustrialisation, à la faiblesse de nos entreprises à l’exportation par rapport à l’Allemagne à l’Italie. Nous avons à travailler pour résorber ce déficit de la balance des biens". Dans ce contexte morose, le ministre a tenu à saluer "l’écosystème" de la Team France Export (TFE), constitué de Business France, de Bpifrance, des CCI, des régions, des conseillers au commerce extérieur... À cet égard, Laurent Saint-Martin, directeur général de Business France, attend des futures annonces ministérielles un "changement de braquet de la TFE en région". "Ce guichet unique est la plus belle construction politique depuis longtemps", a-t-il souligné, demandant à ce que la TFE soit dotée "de moyens pluriannuels pour que les entreprises sachent qu’elles sont accompagnées dans la durée et qu’elles ont les moyens pour se projeter de façon dérisquée".

Nouvelles opportunités

Parmi les rares motifs de satisfactions, mis au crédit de la TFE, le ministre a souligné l’augmentation du nombre d’entreprises exportatrices passées de 120.000 à 140.400 en un an. Un record historique. Mais "quand on regarde nos voisins, on a encore une marche, voire deux, même trois, que l’on pourrait monter si chez nous les chefs d’entreprises avaient une meilleure culture de l’international". "J’ai besoin de vous", a-t-il lancé à l’assistance. "Il n’y a aucune fatalité sur la balance commerciale. La France peut redevenir une grande puissance exportatrice", a-t-il lancé, voyant dans l’Afrique le "continent de la croissance du XXIe siècle".

Or pour le ministre, de nouvelles opportunités se présentent avec la "réorganisation des chaînes de valeurs" depuis la crise sanitaire et la salve d’accords commerciaux négociés par l’Union européenne. Le ministre veut croire que le temps de la naïveté est terminé, la Commission européenne défendant "depuis la présidence française du Conseil de l’Union européenne", une "nouvelle approche" avec des exigences en termes de normes sociales et environnementales : respect de l’accord de Paris sur le climat, lutte contre la déforestation (notamment en Amazonie) ou encore lutte contre le travail forcé et le travail d’enfants… Le ministre a aussi renvoyé sur les nouvelles orientations prises par l’Union européenne et le gouvernement en matière de "réindustrialisation verte".

Pour Emmanuel Moulin, directeur général du Trésor, la difficulté vient du fait que "le monde bouge beaucoup" et est "nettement plus fragmenté", "les tensions protectionnistes" étant exacerbées. "Chacun veut retrouver une base industrielle dans les secteurs d’avenir et ne pas rater la révolution verte." Sujet au cœur du conseil européen des 9 et 10 février où la nouvelle stratégie européenne pour le pacte industriel est discutée. "Nous avons les armes offensives et défensives", a-t-il voulu rassurer.

 

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