Orléans : quand les terrasses de café s'intègrent dans l'aménagement urbain

Pour améliorer son image, la ville d'Orléans vient d'élaborer une charte signée par une centaine de propriétaires de cafés et restaurants. Ils devront renouveler et harmoniser leurs mobiliers extérieurs d'ici 2006.

Orléans est souvent considérée comme une ville froide, peu accueillante et mal animée. C'est contre cette mauvaise image, véhiculée par les habitants comme par les touristes, que la ville entend agir afin de "changer l'atmosphère" selon les mots du maire Serge Grouard. Pour cela, les élus veulent notamment réhabiliter les espaces publics du centre-ville historique, ce qui passera en particulier par la création d'une ZPPAUP (zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager). C'est dans ce cadre que la ville et les professionnels de l'hôtellerie ont engagé des discussions pour réfléchir sur l'insertion du mobilier des terrasses dans l'environnement urbain. "Le mobilier actuel n'est pas esthétique, sans unité, nous voulons l'harmoniser, mais sans l'uniformiser explique le maire. Il faut améliorer l'image que les gens se font d'Orléans en arrivant dans la ville. Le mobilier des terrasses de cafés est un des éléments de cette image." Plus de 100 établissements avec terrasses (sur environ 150 répertoriées en ville) viennent de signer une charte qui a aussi reçu le soutien de la CCI, de brasseurs, de l'architecte des monuments historiques et du syndicat de l'hôtellerie. Ce document est le fruit d'une longue concertation entre les professionnels et les services de la ville pilotés par une conseillère municipale, Aude de Quatrebarbes, qui souhaitait aboutir à "un règlement municipal engageant cafetiers et restaurateurs dans la réhabilitation de leur ville".

Des normes strictes pour l'esthétique

"Dans de nombreuses villes, explique Aude de Quatrebarbes, le règlement municipal se résume souvent à un recto de feuille A4. Nous avons voulu rédiger un règlement complet et détaillé où les droits et devoirs de chacun sont clairement exprimés. Mais tout a été fait en concertation avec les professionnels." La charte applicable aux établissements de centre-ville édicte des normes de bonne conduite des terrasses considérées comme des "espaces publics privilégiés" en rappelant les conditions d'exploitation, de sécurité ou d'esthétique. C'est sur ce point que le règlement est le plus précis et le plus strict : chaque établissement devra présenter un mobilier identique avec une seule couleur (écru, bleu foncé, rouge vin et vert foncé) et une seule forme, avec un seul logo publicitaire par terrasse. Ces préconisations seront également appliquées aux stores et aux parasols qualifiés "d'éléments essentiels du paysage urbain". A ce titre, ils ne pourront être que carrés ou rectangulaires tandis que sièges et tables devront utiliser un seul matériau et une seule couleur. Les établissements ne pourront plus utiliser le PVC qu'ils devront remplacer par du bois, de l'acier, de l'aluminium ou de la fonte. Ces restrictions concernent également le sol des terrasses, exclusivement en bois, les bancs, les garde-corps, balustres et jardinières avec comme obligation de laisser un passage minimum et le libre accès aux services de la ville...

Pour une redevance terrasse diminuée

"Rien n'a été laissé au hasard, insiste Aude de Quatrebarbes, mais cela satisfait les professionnels demandeurs de règlements clairs qui ne laissent pas trop de place à l'indécision ou la contestation." Les établissements disposent de 3 ans pour acheter ce nouveau matériel et se mettre aux normes, faute de quoi des sanctions pourraient être appliquées avec "enlèvement d'office de toute terrasse ou partie de terrasse non entretenue, de présentation ou d'implantation non conforme". "Nous savons, continue Mme de Quatrebarbes que cela représente un investissement important. C'est pourquoi nous allons les aider en diminuant le montant de la redevance terrasse et avec une mise en oeuvre progressive du règlement." De même, la ville a décidé de valoriser cette démarche en organisant chaque année un concours de la plus belle terrasse et en mettant gratuitement un architecte-conseil à la disposition des cafetiers. Autant d'éléments qui doivent permettre d'offrir une "image plus chaude" de la ville et de donner un peu de couleur au centre ancien.

Un plus pour le grand projet centre-ville

Cette charte arrive il est vrai en parallèle d'un vaste programme pour réhabiliter le centre historique : 18 millions d'euros seront investis d'ici 2006 pour renouveler la voirie, mettre en place un plan lumière, organiser une campagne de ravalement obligatoire des façades et recréer 10.000 m2 de surfaces commerciales pour relancer l'attractivité. Celle-ci passera également par le rapatriement de la faculté des lettres, aujourd'hui installée en périphérie, qui sera logée dans une friche du centre historique avec 4.000 étudiants. Pour ce "grand projet de centre-ville" qui pourrait être mis en oeuvre à partir de la rentrée 2008-2009 la ville attend un double bénéfice : une requalification du dernier quartier dégradé du centre et une animation nouvelle.

 

Jean-Jacques Talpin / Innovapresse Orléans pour Localtis
 
 
 

 

"Pour une ville plus animée"

 

Pour Serge Grouard, le maire d'Orléans, cette charte est un des éléments qui concourt à l'aménagement urbain et qui répond à la volonté affichée de "changer l'image de la ville" pour la rendre plus attractive.

Dans quel contexte s'inscrit cette charte des terrasses ?

La charte des terrasses est un des nombreux éléments qui contribue à l'embellissement de la ville d'Orléans. Nous souhaitons redonner du souffle à une ville que certains considèrent comme minérale, parfois même peu attractive . Pourtant, Orléans a un potentiel énorme. Il est vrai qu'il n'est pas suffisamment valorisé. D'où les nombreuses initiatives que nous avons prises, à tous les niveaux, ne serait-ce que le Plan lumière par exemple, destiné à offrir un certain volume ainsi qu'une notion de profondeur aux façades. Le coeur de ville est lui en pleine réfection, nous insérons de plus en plus de verdure... Il s'agit d'une cohérence d¹ensemble, pour rendre la ville plus attractive. La charte des terrasses s'inscrit donc dans cette ambition.

Le mobilier peut-il concourir à l'aménagement urbain ?

Bien sûr ! Je dirais même que c'est essentiel. Il s'agit là de créer une harmonie. Deux éléments majeurs étant la qualité et la fonctionnalité de ce mobilier.

Faut-il changer l'image d'Orléans et si oui comment ?

Il faut faire évoluer l'image d'Orléans vers une ville plus animée. Encore une fois, cette évolution s'inscrit dans une cohérence d'ensemble. La charte des terrasses en fait partie, mais je pourrais vous citer beaucoup d'autres exemples, de la création d'un Agenda 21 pour Orléans au festival de Loire et à l'installation d'étudiants en centre-ville. Tous les projets réalisés ou en cours se dirigent vers cette même ambition : rendre la ville d'Orléans plus vivante, plus attractive tout en protégeant une qualité de vie essentielle.
 


 

Une baisse des redevances


Pour aider les cafetiers et restaurateurs à acheter ce nouveau mobilier, la ville a décidé de "faire un geste" en acceptant de réduire sensiblement le montant des redevances terrasses qu'elle perçoit. C'est ainsi qu'une diminution de 40 % est appliquée dés l'année 2004, puis 30 % en 2005 et 20 % en 2006 avec l'espoir que les cafetiers-restaurateurs réinvestissent ces "économies fiscales" dans le nouveau mobilier. "Nous étions prêts à proposer une redevance gratuite durant trois ans, explique Aude de Quatrebarbes, mais cela n'était pas possible car il y aurait eu rupture d'égalité avec certains établissements situés hors du périmètre."
 

Commune d'Orléans

Nombre d'habitants :

115000

Serge Grouard

Maire

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