Paris adopte son plan local d'urbanisme "bioclimatique"

Le Conseil de Paris a adopté ce 5 juin au soir la version initiale de son futur plan local d'urbanisme (PLU), qui sera ensuite examiné par l'Etat avant son adoption définitive fin 2024 ou début 2025. Ce nouveau PLU promet d'adapter la capitale au changement climatique tout en poursuivant l'effort contre le logement cher, dans une ville qui perd ses habitants.

Texte de référence pour l'instruction des permis de construire et l'aménagement de la ville, la version initiale du futur plan local d'urbanisme (PLU) adoptée par le Conseil de Paris ce 5 juin au soir doit dessiner le futur de la capitale à l'horizon 2035-2040, afin qu'elle soit "mieux adaptée au changement climatique", a souligné la mairie. Cette feuille de route doit permettre à Paris de rester une ville "attractive, agréable dans les années prochaines malgré l'accélération des températures", a résumé la maire, Anne Hidalgo.

Le PLU actuel date de 2006, quand Bertrand Delanoë était maire et Anne Hidalgo première adjointe. Réélue en 2020, cette dernière a confié à son adjoint à l'urbanisme Emmanuel Grégoire la conduite des négociations pour réviser le volumineux document (pas moins de 3.000 pages). Le premier adjoint a salué "le premier plan d'urbanisme post-accord de Paris" de 2015 sur l'adaptation au changement climatique et "post-Covid au plan mondial".

Fruit de deux années de négociations entre les composantes de la majorité de la maire Anne Hidalgo, ce document ne verra sa version définitive entérinée que fin 2024 ou début 2025 à l'issue de l'enquête publique.

Le compromis autour de ce PLU qualifié de "bioclimatique" consacre deux objectifs majeurs : atteindre en 2035 la barre des 40% de logements publics, dont 30% de logements sociaux, et ouvrir 300 hectares supplémentaires d'espaces verts à la même échéance.

Plus d'espaces verts

Le plan prévoit que "40% de l'espace public sera désimperméabilisé d'ici 2050". Nouveau parc dans le nord-est parisien, parkings de résidences débitumés, espaces privés ouverts au public.... Emmanuel Grégoire, qui dit avoir "déjà identifié 110 hectares", entend "ouvrir tout ça dans les dix ans". Mais l'élu écologiste Emile Meunier a exprimé "quelques interrogations sur la capacité d'Emmanuel Grégoire et Anne Hidalgo à atteindre" ces 300 hectares de plus et demandé "un compteur de m2 d'espaces verts sur le fronton de la mairie". Rachida Dati, cheffe du groupe LR, a qualifié cet objectif d'"irréaliste" et de "démagogique".

L'exécutif de gauche promet aussi la protection des 100.000 arbres d'alignement de la capitale. De l'aveu d'Emmanuel Grégoire, "le PLU actuel ne protégeait pas les arbres". Sur toutes les parcelles de plus de 150 m2, les projets immobiliers devront avoir une part croissante - jusqu'à 65% - réservée à la pleine terre.

"Construire là où il y a de la place"

Malgré cet effort, le futur PLU "ne sera pas un PLU anti-construction : il permettra de construire là où il y a de la place. Mais on mise plus sur la transformation", a résumé Emmanuel Grégoire. La mairie ayant quasiment atteint son objectif de 25% de logements sociaux à l'horizon 2025, elle entend aller plus loin avec 40% de logements publics - 30% de logements sociaux et 10% dits "abordables" - dix ans plus tard. Mais dans le même temps, "123.000 Parisiens ont fui Paris depuis 10 ans", a rappelé Rachida Dati.

Environ 1.000 nouvelles réserves - des parcelles "pastillées" pour devenir des logements sociaux - ont été identifiées, avec un budget pour les préemptions qui doit doubler, passant de 200 à 400 millions d'euros. La hausse de la taxe foncière décidée fin 2022 permet cet effort.

Et tout immeuble de bureaux de plus de 5.000 m2 construit ou rénové devra consacrer 10% de sa surface à la création de logements, une "mixité fonctionnelle" qui déplaît à droite. Des mesures "contre-productives", selon l'élue LR Valérie Montandon, qui vont "décourager les propriétaires à faire les rénovations thermiques".

Les communistes, par la voix de Jacques Baudrier, mettent en avant "un PLU historique pour les équipements publics" avec 180 parcelles réservées à la santé, au sport, à la culture ou à la petite enfance.

Limitation de la hauteur des futurs immeubles

Les Verts ont obtenu une limitation des futurs immeubles à 37 m de hauteur, la "hauteur historique de 1977" à laquelle les socialistes ont ensuite dérogé jusqu'à 180 m avec le tribunal des Batignolles, une tour Duo et la tour Triangle actuellement en construction, a rappelé Emile Meunier.

Si la liste des bâtiments protégés par la mairie doit s'allonger de plus de 800 adresses, les surélévations resteront possibles dans les rues les plus larges. Rachida Dati a dénoncé les 1.500 surélévations permises par la gauche parisienne depuis l'adoption de l'actuel PLU en 2006, qui ont "contribué à la disparition des dents creuses et de notre patrimoine faubourien". Les surélévations "doivent être délivrées avec infiniment de précaution", a demandé Béatrice Lecouturier (MoDem). Avec ces mesures, l'exécutif pourra "densifier davantage", redoute Jean-Pierre Lecoq (LR), alors que les 3,8 millions de m2 construits depuis vingt ans ont "saturé et minéralisé la ville", déplore Pierre-Yves Bournazel (Horizons).

 

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