Pas de toit pour tous : le collectif des associations pour le logement inquiet

Pas assez de logements construits, sociaux en particulier, manque de places d’hébergement, diminution des moyens financiers alloués par l’État… le 2 juillet, les membres du Collectif des associations pour le logement (CAL) ont dressé un bilan pessimiste de la situation.

400.000, c’est le nombre de logements qu’il conviendrait de construire chaque année, pour répondre aux besoins de nouveaux ménages et résorber le manque de lieux de vie. 290.000, c’est le nombre qui sort effectivement de terre. Ces chiffres ont été rappelés par Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation pour le logement (Ex-fondation Abbé-Pierre) et co-porte-parole du CAL (Collectif des associations pour le logement) lors d’une conférence de presse de ce collectif le 2 juillet. "On creuse la pénurie", a-t-il observé. Avant de souligner que les 85.000 logements sociaux agréés ne suffisent pas non plus, d’autant qu’environ 10% de moins sont construits. En regard, 2,8 millions de demandes de logement social sont en attente.

Ainsi, l’ensemble des associations représentées lors de cette prise de parole (Union pour le logement accompagné [Unafo], Fédération des acteurs de la solidarité [FAS], Fédération des associations et des acteurs pour la promotion et l’insertion par le logement [Fapil]…) ont témoigné de difficultés d’accès au logement, mais aussi de difficultés pour s’y maintenir.

En cause ? L’augmentation des expulsions locatives. Elles bondissent : 16.000 en 2022, 19.000 un an plus tard, et près de 25.000 en 2024. Parmi les explications avancées par les porte-parole du collectif : le renchérissement de l’énergie, qui a accru les impayés de loyer, les ménages ne parvenant plus à faire face à l’ensemble de leurs charges. 

Le droit au logement en panne

Rien de surprenant, donc, à ce que le collectif estime, aussi, que le droit au logement soit "grippé", un terme utilisé à plusieurs reprises. Non que sur le principe, il ne soit pas soutenu par le gouvernement, a souligné Arnaud de Broca, délégué général de l’Unafo. Mais faute de moyens financiers pour "changer d’échelle", et en particulier construire les 25.000 places de résidences sociales mentionnées dans le Logement d'abord 2, ou proposer l’accompagnement social à la hauteur des besoins des personnes particulièrement fragiles accueillies dans ces structures. Il a noté, pour s’en féliciter, que revoir le modèle économique des résidences sociales est un objectif affiché par la ministre du Logement. Mais que sans enveloppe budgétaire suffisante, l’équation semble complexe. 

Très logiquement, le manque de logements contribue largement à l’engorgement des hébergements d’urgence. Puisque faute d’appartements disponibles, des personnes qui pourraient franchir ce cap soit restent dans les structures d’hébergement soit se retrouvent à la rue. À titre d’illustration, Nathalie Latour, directrice générale de la FAS, a rappelé qu’en mai, 7.239 demandes au 115, le Samu social, étaient restées sans solution, contre 4.567 à la même période en 2022.

Avenir incertain

Or, à en croire les intervenants, les perspectives d’avenir s’annoncent peu réjouissantes. Notamment si l’expérimentation de l’encadrement des loyers menée dans 70 communes venait à ne pas être reconduite à son terme, en novembre 2026. Mais aussi parce que les efforts ne semblent pas à la hauteur des enjeux en termes de rénovation du bâti pour affronter les aléas du climat, les canicules autant que les rigueurs de l’hiver. Enfin, l’avenir incertain du fonds national d’aide à la pierre a été souligné par le président de la Fnapil, Thierry Debrand, alors qu’à ses yeux, ce fonds représente un outil de solidarité nationale puisqu’il contribue au financement de logements sociaux. 

En somme, le sentiment général était de devoir affronter un "manque de vision" et des "coupes budgétaires" successives, comme l’a formulé Nathalie Latour avec, en ligne de mire, les incertitudes concernant le futur budget 2026

 

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