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Pas d'évolution sur les restrictions, des tensions sur la vaccination

Le porte-parole du gouvernement a annoncé que les règles en vigueur depuis samedi, qu'il s'agisse du couvre-feu ou d'établissements fermés, vont pour l'heure rester inchangées. Il a aussi mis l'accent sur l'attention portée à la répartition territoriale des doses de vaccin, à l'heure où les associations de maires demandent davantage de transparence sur le sujet. Un autre membre du gouvernement a pour sa part invité les maires à ne pas ouvrir trop de centres et de créneaux de rendez-vous...

"Il n'y aura pas d'évolution des restrictions nationales cette semaine", a confirmé ce 20 janvier le porte-parole du gouvernement à l'issue du conseil des ministres, qui faisait lui-même suite à la réunion d'un conseil de défense. De nouvelles mesures seront en revanche prises pour l'Outre-Mer, que le ministre Sébastien Lecornu doit présenter sous peu. L'exécutif compte attendre de pouvoir mesurer l'impact de l'instauration du couvre-feu à 18 heures sur tout le territoire, décidée pour deux semaines, avant de prendre, le cas échéant, de nouvelles mesures. "Il est possible que ce couvre-feu suffise à freiner la circulation du virus"… tout comme "on ne peut exclure que cela se dégrade encore", a déclaré Gabriel Attal.

Interrogé par la presse sur la réouverture des remontées mécaniques, il a indiqué que Bruno Le Maire "annoncera lui-même d'ici la fin de la semaine aux professionnels du secteur" les décisions à venir. Sur celle des restaurants (le bruit d'une échéance le 6 avril avait circulé dans la journée…), il s'est refusé à confirmer une quelconque date. Et n'a livré aucune information nouvelle concernant la culture, rappelant simplement que Roselyne Bachelot "travaille à un modèle résilient pour le secteur et à une possible réouverture progressive" selon le type de lieux.

Gabriel Attal a par ailleurs fait savoir que la France est favorable "à ce que des contrôles sanitaires puissent s'opérer aux frontières intra-européennes", rappelant que "ce sera l'objet des discussions qui auront lieu demain dans le cadre du Conseil européen". Angela Merkel avait prévenu mardi qu'un rétablissement des contrôles entre pays de l'UE n'était pas exclu si la situation venait à se dégrader.

Vaccins : "efficacité, subsidiarité, transparence"

Autre point, évidemment… la campagne vaccinale. Selon le porte-parole, 600.000 personnes ont à ce jour reçu leur première dose de vaccin et 2 millions de rendez-vous sont pris. Dès réception des doses par la France, "nous les répartissons au fur et à mesure dans les territoires", a-t-il indiqué, rapportant les "trois principes" qu'Emmanuel Macron aurait édicté lors du conseil des ministres : "efficacité" (ne pas constituer de "stocks"), "subsidiarité" ("l'organisation au niveau local doit se faire entre les élus locaux et les représentants de l'État dans les territoires") et "transparence" ("les données sur la capacité de vaccination de chaque centre doivent être communiquées en temps réel"). Au troisième jour du démarrage de la vaccination pour les plus de 75 ans, le fait d'insister sur la répartition territoriale et sur les élus locaux n'est évidemment pas neutre. On sait les difficultés qui se posent sur le terrain, avec des centres de vaccination ne pouvant plus proposer de rendez-vous faute de doses de vaccins en nombre suffisant. Un constat largement relayé par les élus depuis le début de la semaine.

Ainsi, hier mardi, l'Association des maires de France, réunie en comité directeur, a précisément appelé à "une plus grande transparence de la part de l’État" et à "une information aux maires en temps réel sur les stocks et les calendriers d’approvisionnement des vaccins disponibles dans les centres de vaccination". "De cela dépendent en effet le calibrage des centres de vaccination, la gestion des prises de rendez-vous et des files d’attente, l’organisation de transports adaptés pour les personnes fragiles, ou encore le déploiement de centres mobiles et d’équipes mobiles de vaccination", souligne l'association. Les élus demandent en outre "le respect d’un maillage équilibré des centres de vaccination, notamment dans les zones rurales parfois sous-dotées, l’accès de tous aux centres de vaccination, et le développement de solutions de vaccination à domicile pour les personnes de plus de 75 ans".

L'Association des maires d'Île-de-France a elle aussi exprimé son exigence de "clarté". Le tableau dressé par l'Amif est sombre : "Faible nombre de centres, problèmes d’accès pour les personnes âgées, rupture d’égalité entre les territoires ruraux et urbains, retard des livraisons des doses, faible nombre de celles-ci, sans parler des retards de livraison du vaccin Pfizer… La situation n’est plus tenable et n’est clairement pas digne d’un pays développé comme le nôtre", résumait-elle ce mercredi dans un communiqué. "Dans les centres de vaccination, les maires constatent aujourd’hui beaucoup d’agressivité, de colère notamment contre les agents municipaux qui ne sont là que pour aider au déploiement de la stratégie gouvernementale", décrit-elle aussi. Tout comme elle constate que "les communes en sont réduites à fournir du petit matériel médical dans bien des centres". L'association francilienne demande donc une meilleure communication sur le calendrier, une clarification des modalités de priorisation des prises de rendez-vous, une base de données centralisée…

Le sujet a également fait parler de lui ce mercredi après-midi au Sénat, lors des questions au gouvernement. Après avoir remercié les maires d'avoir "contribué à l'ouverture de 800 centres de vaccination", le secrétaire d'Etat Adrien Taquet a répondu à ces critiques : "Depuis le début, les maires, les préfets, les ARS, connaissent précisément le nombre de doses disponibles", a-t-il assuré. Et le secrétaire d'État de poursuivre, sur un fond de brouhaha de protestations : "À eux de ne pas ouvrir davantage de centres que ce que nous leur avons demandé d'ouvrir, à eux de ne pas ouvrir davantage de créneaux que le nombre de doses disponibles le permettent. Et quand j'entends une présidente de région dire que les collectivités locales doivent prendre en charge les seringues et les aiguilles…".

Etat d'urgence jusqu'au 1er juin

Et pendant ce temps à l'Assemblée nationale... on commençait mercredi à examiner le maintien de l'état d'urgence sanitaire jusqu'au 1er juin. Un rendez-vous désormais presque régulier pour les députés. L'état d'urgence avait été appliqué du 23 mars au 10 juillet 2020, puis à nouveau depuis le 17 octobre. Il est à ce jour en vigueur jusqu'au 16 février. Il s'agit donc de prolonger ce régime d'exception, base légale actuelle par exemple du couvre-feu national à 18 heures. L'état d'urgence permet aussi les mesures de restriction ou d'interdiction des déplacements, des rassemblements ou des ouvertures des établissements, sur tout ou partie du territoire. Le gouvernement peut aussi s'appuyer sur ce régime pour instaurer des confinements partiels ou complets. "Je comprends la lassitude et le souhait de sortir de la crise, mais ne nous pouvons nous priver d'aucun outil pour combattre le virus", a martelé Olivier Véran au coup d'envoi des débats dans l'hémicycle.

Pas de nouveauté dans le texte au menu de l'Assemblée. Son article 2 proroge jusqu'au 1er juin inclus l'état d'urgence sanitaire, et son article 1er reporte au 31 décembre la caducité même de son cadre juridique. En commission, les députés ont supprimé la période transitoire de sortie de l'état d'urgence envisagée après le 1er juin, ce qui obligera à un nouveau rendez-vous devant le Parlement. Comme la dernière fois, les réserves n'ont pas manqué. Ce projet de loi n'est pas "seulement technique", s'est par exemple élevé le député Philippe Gosselin au nom de LR : "La prorogation pour une période aussi longue d'un droit d'exception, exorbitant du droit commun, ce n'est pas rien".

 

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