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Grand Paris - Patrick Ollier : il faut que la MGP "existe très vite dans les faits"

La Métropole du Grand Paris (MGP) n'est pas qu'un concept, pas qu'une coquille administrative. Elle est au travail. Et va très vite prouver son utilité. Tel est, en substance, le message que Patrick Ollier, président de la MGP "depuis 110 jours", a souhaité délivrer le 10 mai lors d'un colloque consacré par Sciences Po au "nouveau système territorial" (1), dans le cadre d'une table ronde consacrée aux métropoles.
Cette métropole réunissant 131 villes - et dont les 131 maires restent "compétents au niveau opérationnel" - sera avant tout porteuse d'une "vision stratégique" et constituera par exemple un parfait "guichet unique pour les investisseurs étrangers", a souligné Patrick Ollier.
Le président a rappelé que la métropole a élu son bureau, en réussissant à "installer une gouvernance partagée" et en veillant à "partager le pouvoir" entre sensibilités politiques pour les vice-présidences. S'agissant du budget de la métropole, présenté par Gilles Carrez, vice-président en charge des finances et adopté le 1er avril, il a souligné que sur un total de 4 milliards d'euros, "3,3 milliards ont été immédiatement redistribués aux communes".
Au niveau opérationnel, les équipes devraient disposer de leurs propres locaux, en cours de construction à proximité de la gare d'Austerlitz, "fin septembre ou début octobre". Des équipes des plus réduites puisqu'il ne devrait s'agir que "d'une trentaine de hauts fonctionnaires" qui seront recrutés. "Ce sera une administration de mission", insiste Patrick Ollier, sachant qu'au-delà de cet effectif resserré, la MGP fera simplement appel à des cabinets conseil "dès que besoin". "Nous sommes un élément de coordination de 131 villes, pas un échelon de plus", avec un budget de fonctionnement qui devrait être de l'ordre de 4 millions d'euros.
Pour l'heure, un DGS a été recruté en la personne de Thomas Degosse, préfet du Morbihan. Et "les vice-présidents font le travail des fonctionnaires qu'on n'a pas encore". Le tout se passant dans les locaux de la Mission de préfiguration. Et surtout, c'est grâce aux "18 mois de travaux de cette Mission de préfiguration" que les choses concrètes ont pu démarrer rapidement.

Passerelles, vélos et camionnettes

Les choses concrètes, c'est notamment la création il y a quelques semaines d'un "fonds d'investissement métropolitain". C'est aussi le prochain lancement par la MGP, le 23 mai à Nogent-sur-Marne, du concours "Imaginons la Métropole", un appel à projets à peu près calqué sur celui lancé par la ville de Paris ("Réinventer Paris"). Patrick Ollier a précisé que le Premier ministre avait décidé que le concours international "Les Hubs du Grand Paris" (portant sur l'aménagement des futurs quartiers de gares du Grand Paris Express) s'intégrerait dans "Imaginons la Métropole". Laquelle n'est pas à confondre avec l'initiative "Dessine-moi le Grand Paris de demain" quant à elle lancée par la région Ile-de-France…
"Il faut que dans l'esprit du citoyen, la métropole existe très vite dans les faits", "il faut la rendre incontournable"… afin "qu'on ne puisse plus la supprimer", a affirmé Patrick Ollier. Quitte, visiblement, à ce que les choses concrètes ne soient plus réellement d'ordre stratégique.
Patrick Ollier a ainsi cité en exemple "un programme sur dix ans sur les franchissements" (ponts, passerelles…) et un programme de création de zones artisanales. Mais aussi un projet de "connexion des pistes cyclables sur tout le territoire métropolitain" (alors que la région dispose déjà d'une politique liée au réseau cyclable) ou bien encore, dans le cadre d'un "plan climat air-énergie", le lancement d'une aide à 1.000 artisans souhaitant changer de véhicule pour ne plus rouler dans une camionnette polluante…
Parallèlement, la MGP prévoit de lancer "des actions citoyennes" afin de faire de la "pédagogie de proximité".
Certes, tout cela n'est qu'un tout petit début : "Je considère que je suis dans une phase d'expérimentation. Il y aura une deuxième phase de la Métropole". Car pour Patrick Ollier, ni le budget, ni les compétences, ni le périmètre ne sont satisfaisants. Le périmètre, parce qu"on n'a pas toute la zone dense". Mais quid de la relation Métropole-région si le périmètre de la première devait être étendu ? La réponse de Patrick Ollier : "Il aurait aussi fallu élargir la région."

C.Mallet


Le sort des départements de la petite couronne semble scellé
"Ma conviction, c'est que avec la Métropole du Grand Paris, les départements perdront de leur utilité". C'est le député-maire Olivier Dussopt, qui fut rapporteur des lois Maptam et Notr, qui le dit. "Quand on a des établissements publics territoriaux de 800.000 habitants, très certainement, la structure départementale n'a plus lieu d'être", a acquiescé Patrick Ollier lors de son intervention au colloque Sciences Po. Jean-Michel Baylet, le ministre en charge des collectivités, a lui-même eu plusieurs occasions de s'exprimer ces dernier jours sur le sujet. Tel fut notamment le cas également le 10 mai, au Sénat, en réponse à une question de Philippe Kaltenbach, sénateur PS des Hauts-de-Seine, coauteur avec son homologue du Val-de-Marne Luc Carvounas, d'une proposition de loi "tendant à créer une collectivité à statut particulier (…) intégrant les départements de la petite couronne". Pour Jean-Michel Baylet, la dissolution des conseils départementaux inclus dans le périmètre de la MGP (Hauts-de-Seine, Val-de-Marne et Seine-Saint-Denis) lui "semble prématurée à ce stade" et "ne se posera véritablement qu'à partir du moment où cette métropole aura achevé sa montée en puissance, c'est-à-dire en 2020". Le ministre juge toutefois la question "légitime" et considère "utile" d'y "réfléchir dès maintenant" dans la mesure où "cette orientation est davantage de nature à assurer la cohérence de l'action métropolitaine et la solidarité". De toutes parts donc, à en croire les propos des uns et des autres, le sort des départements de la petite couronne semble scellé.

C.M.

(1) Il s'agissait de la 8e édition du colloque annuel "Les rendez-vous du local", organisée par la chaire "Mutations de l'action publique et du droit public" de Sciences Po, en partenariat avec la Caisse des Dépôts. Voir aussi notre article centré sur l'intervention de Jean-Michel Baylet.

 

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