"Pauvre de père en fils" : une campagne de communication du Collectif Alerte pour mettre fin à l'"hérédité de la pauvreté"

L’ambition de lutter contre les inégalités de destin et d’éradiquer la grande pauvreté a tourné court, selon le Collectif Alerte. A travers des affiches et une pétition diffusée sur le site de l’Assemblée nationale, ces associations veulent rappeler à l’État ses obligations et interpeler les citoyens sur la nécessité de mettre en œuvre une véritable politique de lutte contre la pauvreté.  

Dans une pétition lancée sur le site de l’Assemblée nationale, les 37 associations du Collectif Alerte demandent "solennellement" aux parlementaires de "rappeler l’État à ses obligations en matière de lutte contre la pauvreté". Ces obligations sont inscrites dans le préambule de la Constitution (la Nation garantit une protection aux plus vulnérables et "des moyens convenables d'existence" à ceux qui sont dans l’incapacité de travailler), mais aussi dans la loi de 2008 sur le revenu de solidarité active (RSA). Selon l’article 1 de cette dernière, le gouvernement définit, tous les cinq ans, "un objectif quantifié de réduction de la pauvreté" et rend compte chaque année, devant le Parlement, des efforts déployés pour atteindre cet objectif, souligne le collectif Alerte. 

"La France n’a plus d’ambition en matière de lutte contre la pauvreté"

Cinq millions de personnes sont en situation de "grande pauvreté" et "l'ascenseur social est largement en panne", déplorent ces associations, qui citent l’OCDE selon laquelle "il faudrait six générations pour qu’un descendant de famille pauvre atteigne le revenu moyen en France". 

Pourtant, avec la "stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté" lancée dès 2018 (voir notre article), l’objectif du chef de l’État était bien de "lutter contre les déterminismes" et d’"éradiquer la grande pauvreté dans notre pays d'ici une génération". D’autres promesses avaient été formulées par le gouvernement, notamment en 2022 sur le fait de ne laisser aucun enfant dormir à la rue (voir notre article). 

Mais cette "volonté d’enrayer le déterminisme social n’a pas donné de résultats tangibles", du point de vue des associations du Collectif. Et désormais "la France n’a plus d’ambition en matière de lutte contre la pauvreté", estiment-elles. Le Collectif Alerte a donc fait savoir, par la voix de son président Noam Leandri, qu’il se réservait la possibilité de saisir le Conseil d’État en cas d’absence de réponse du gouvernement à son interpellation sur la fixation d’un objectif de réduction de la pauvreté. 

Après une période de flottement liée à l’instabilité gouvernementale de l’année 2024, la ministre en charge des Solidarités Catherine Vautrin a indiqué hier, mardi 28 janvier, qu’un bilan du Pacte des solidarités – qui a pris la suite de la stratégie de lutte contre la pauvreté – serait présenté fin mars afin d’envisager la suite (voir notre article).  

Éradiquer la pauvreté : les "bénéfices économiques et sociaux" sont supérieurs à l’investissement 

Pour interpeler davantage l’opinion publique sur cette "hérédité de la pauvreté", le Collectif Alerte lance également une campagne de communication, à travers "trois affiches diffusées dans une dizaine de gares, dans le métro parisien et sur 800 abris bus". "Pauvre de père en fils – Et si la pauvreté n’était plus une fatalité ?", peut-on lire sur ces affiches.

La pauvreté a "un coût" et une politique de lutte contre la pauvreté est "un investissement social" rentable en termes de "bénéfices économiques et sociaux", conclut le Collectif dans sa pétition, qui est intitulée "Pour que l’éradication de la pauvreté soit l’ambition de la décennie". 

Le 27 janvier, veille du lancement de cette campagne, le Collectif Alerte s’était également opposé, dans un communiqué, au contenu de la circulaire du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau sur les conditions de régularisation des travailleurs sans papiers, considérant que ces "restrictions" institutionnelles maintiennent ces personnes "dans une extrême précarité". Le Collectif rappelle en préambule de ce communiqué que ces travailleurs sans papiers sont aujourd’hui entre 600 et 700.000, deux fois plus qu’il y a 10 ans.