Plan local de la petite hydraulique dans les Monts du Pilat

Lancée en 2000, dans le cadre d'un programme européen, l'étude de la petite hydraulique dans le parc naturel régional du Pilat, près de Lyon, a révélé l'existence d'un fort potentiel. La restauration de plusieurs sites industriels a été envisagée mais de nombreux obstacles ont empêché leur développement rapide.

Le parc naturel régional (PNR) du Pilat est situé sur la crête du Pilat, entre Lyon et Saint-Etienne. Il est parcouru par de petits cours d'eau rapides qui ont permis d'alimenter en énergie de nombreuses usines, au 19e siècle et au début du 20e. C'est le recensement de ce patrimoine industriel qui a été entrepris entre 2000 et 2005 dans le cadre d'un programme européen Leader+. Le projet consistait à adopter une approche globale et à considérer les sites sous les angles patrimonial, touristique, pédagogique... Le PNR ayant, par ailleurs, des objectifs de production d'énergies renouvelables sur son territoire, la remise en service d'un certain nombre de turbines fut également envisagée. Le principe du programme consistait à rechercher des porteurs de projets et à soutenir leur démarche.

Un fort potentiel trop peu exploité

Dans le même temps, l'Ademe, dans le cadre du programme européen Splash, a fait réaliser l'étude du potentiel hydroélectrique du bassin versant de la Déôme sur le territoire de la communauté de communes des Monts du Pilat, dans le périmètre du PNR du Pilat.
Frédéric Chavanon, entrepreneur spécialisé dans la petite hydraulique, fut chargé d'établir une liste exhaustive des sites ayant été exploités dans le passé. Il en recensa cinquante dont vingt-trois particulièrement intéressants : "En matière de petite hydroélectricité, explique-t-il, la France est l'enfant gâté de l'Europe. Nous disposons d'un fort potentiel mais malheureusement nous l'exploitons mal !"
Le constat, amère, qu'effectue Frédéric Chavanon, s'appuie sur son expérience dans le massif du Pilat. Confronté à la complexité des dossiers administratifs, à la lenteur des procédures, à la difficulté de rentabiliser l'électricité d'origine hydraulique, la plupart des sites repérés n'ont pas pu être valorisés. Sur les vingt-trois sites sélectionnés, seuls trois ont dépassé le stade des pré-études. Aucun n'a encore vu le jour !

Le Noharet, un site idéal pour la petite hydraulique

C'est en 2000 que la communauté de communes des Monts du Pilat a pris possession d'une ancienne filature sur le site du Noharet. Le bâtiment industriel présentait un intérêt patrimonial et d'anciens ouvrages hydrauliques permettaient d'envisager de produire de l'électricité. Patricia Sala, directrice adjointe de la communauté de communes, a suivi le dossier dès l'origine : "Le programme européen Leader+ a été l'élément déclencheur qui nous a fait nous intéresser au potentiel hydraulique du Noharet. La communauté de communes n'avait pas les compétences pour produire de l'électricité, elle s'est donc tournée vers le syndicat intercommunal des énergies de la Loire (Siel) dans le cadre d'une convention d'intérêt commun. Un syndicat qui portait déjà plusieurs dossiers liés aux énergies renouvelables. Il fut chargé des procédures et sera chargé de l'exploitation de la micro centrale. Il a fallu une grande ténacité aux différents partenaires de ce projet pour le porter à bout de bras durant toutes ces années."
C'est précisément ce qui désespère Frédéric  Chavanon : "Le Noharet est un très bon site pour la petite hydraulique : la hauteur de chute est supérieure à 20 m, le bassin versant fait 30 km2, on peut prévoir un débit de 600 litres seconde. De quoi produire 110 à 120 kWh. Malgré cela, après huit ans d'instruction du dossier, il n'est toujours pas en production. Cela tient à la lenteur des procédures d'agrément mais aussi au prix auquel EDF rachète l'énergie hydraulique. Si cette énergie verte était subventionnée comme l'est le solaire ou l'éolien, la rentabilité serait assurée même pour des sites moins bien pourvus."

Des obstacles à surmonter

Didier Lazzareschi, chargé de mission au parc naturel du Pilat, a parfaitement conscience des difficultés auxquelles sont confrontés les porteurs de projets dans le domaine de la petite hydraulique : "En dessous d'une production de 500 kWh, la plupart des industriels passent leur chemin. Dans le parc, ces valeurs ne sont jamais atteintes. La plupart des installations qui fonctionnent à l'heure actuelle produisent entre 5 et 25 kWh. Par ailleurs, il peut y avoir des conflits d'usage avec les autres utilisateurs des cours d'eau, en particulier les associations de pêcheurs... sans oublier, bien sûr, l'amélioration nécessaire de la qualité du cours d'eau." 
Tout ceci explique le faible niveau de réalisation dans le domaine de la petite hydraulique. Pourtant, Didier Lazzareschi ne sous-estime pas l'impact des études réalisées dans le cadre de Leader+. "Nous n'avions en 2000 qu'une connaissance empirique des richesses de notre territoire, aujourd'hui, grâce à l'étude, nous en savons plus et nous avons des perspectives de développement. Il s'agit pour l'instant de développements liés au tourisme mais ils peuvent, comme au Noharet, s'articuler avec des projets de production d'énergie."

Luc Blanchard, pour la rubrique Expériences des sites Mairie-conseils et Localtis

Communauté de communes des Monts du Pilat

Place de l'Hôtel de Ville -BP 27
42220 Bourg-Argental

Patricia Sala

Directrice adjointe

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