PLF 2023 : les associations s'alarment d'une baisse des moyens pour l'hébergement d'urgence

Le gouvernement "s'apprête à diminuer le budget de l'hébergement d'urgence" alors que des milliers de familles dorment à la rue faute de place, s'est alarmée ce 27septembre le collectif associatif Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) au lendemain de la présentation du projet de loi de finances pour 2023.
Le programme "hébergement, parcours vers le logement et insertion des personnes vulnérables" bénéficiera certes de 100 millions d'euros supplémentaires par rapport à 2022, mais il s'agit d'une "hausse apparente" qui "cache un recul", estime la FAS dans un communiqué.

Les hausses de salaires accordées dans le cadre du "Ségur de la santé" étendu au secteur médico-social nécessiteront en effet à elles seules 148 millions d'euros de crédits supplémentaires, si bien qu'avec un budget en hausse de 100 millions, les sommes disponibles pour financer des places d'hébergement seront "en baisse".
Lors d'un décompte effectué le 19 septembre dernier, les services du 115 (Samu social) ont comptabilisé plus de 6.300 personnes qui n'ont pas pu trouver une solution d'hébergement. Et plus de 2.000 enfants ont dû dormir à la rue, soit 30% de plus qu'au moment de la rentrée scolaire, début septembre, pointe la fédération. "La pauvreté est là. Elle ne disparaîtra pas du jour au lendemain, fût-ce avec la perspective du plein emploi", s'inquiète Pascal Brice, le directeur de la FAS, qui "demande au gouvernement et au Parlement de ne pas en revenir à une funeste gestion de l'hébergement au thermomètre", consistant à créer des places en hiver qu'on supprime ensuite au printemps.
Le gouvernement prévoit de financer 186.000 places d'hébergement d'urgence fin 2023, contre 193.000 fin 2022. Dans le dossier de presse de présentation du PLF, Bercy assume donc une "réduction des capacités", qu'il justifie en substance en soulignant qu'en 2020, le "niveau exceptionnel" de 200.000 places s'expliquait par la crise sanitaire.
"C'est très optimiste de leur part de penser qu'on peut supprimer des places d'hébergement et surtout très violent pour les gens qui vont appeler au 115 et qui n'auront pas de place", a commenté auprès de l'AFP Manuel Domergue, directeur des études de la fondation Abbé-Pierre.