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Politique de la ville - Plus d'éducateurs ou plus de policiers dans les banlieues ? Les Français sont partagés

50% des Français estiment que "renforcer la présence des éducateurs dans les quartiers" permettrait d'améliorer la situation dans les banlieues et 45% pensent qu'il faudrait pour cela "renforcer la présence policière". La question posée par l'Ifop (*) prévoyait deux réponses possibles, si bien qu'une part non négligeable des personnes interrogées - 18% exactement - ont répondu qu'il faudrait à la fois, selon eux, "renforcer la présence des éducateurs dans les quartiers" et "renforcer la présence policière".
D'autres propositions de réponse étaient suggérées. Celle de "construire de nouveaux logements et sortir des grands ensembles" a été plébiscitée par 38% des personnes interrogées. "Faire en sorte que ce soit les professeurs les plus expérimentés qui enseignent dans les quartiers" recueille 25% et "rendre le vote obligatoire pour que les habitants de ces quartiers participent à la chose publique" 19%.

"Un territoire plus violent que le reste du pays"

Par ailleurs, 75% des personnes interrogées estiment que la banlieue est aujourd'hui "un territoire plus violent que le reste du pays". Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion et Stratégies d'entreprise à l'Ifop, relève que "ce sont les habitants des communes rurales, les plus éloignés des banlieues, qui en ont l'image la plus violente (82%) alors les habitants de l'agglomération qui vivent à proximité et aussi en banlieue sont un peu moins catégoriques (69%). Et de la même façon, plus l'interviewé est âgé, plus il a tendance à percevoir la banlieue comme violente". A noter également que 96% pensent que les épisodes de violence de 2005 sont susceptibles de se reproduire.
Pour les personnes interrogées, les raisons qui expliqueraient les violences dans les banlieues ne sont plus les mêmes que celles évoquées 9 ans auparavant. "La question du trafic de drogue s'est progressivement imposée comme principale cause perçue des violences en banlieues (qui seraient donc de plus en plus sous l'emprise de tels réseaux selon les Français). En 2006, un an après les émeutes, ce thème ne se plaçait qu'en troisième position derrière la démission des parents et le chômage des jeunes", observe Jérôme Fourquet.

Bandes organisées et trafic de drogue

La principale cause évoquée est en effet "la présence de bandes organisées et le trafic de drogue" (56% contre 29% en octobre 2006), puis le chômage des jeunes (30%, contre 33%), suivi de la démission des parents (27% contre 44 %). Sont également cités : "la présence d'un nombre important d'immigrés dans ces villes ou ces quartiers" (26% contre 23%), les discriminations vécues par les habitants de ces quartiers (14% contre 11%), les défaillances du système éducatif (10% contre 14%), le manque de mixité sociale (10%, la question n'avait pas été posée en 2006), les tensions entre les jeunes et la police (9% contre 11%), le logement et l'urbanisme des quartiers concernés (5% contre 7%), le manque de moyens alloués aux associations et la présence insuffisante de travailleurs sociaux (5% contre 10%).
Enfin, 57% pensent que "les banlieues sont des territoires perdus de la République" (62% des hommes interrogés et 51% des femmes).

Valérie Liquet

(*) L'Ifop a mené l'enquête sur "Les Français et la situation dans les banlieues 10 ans après les émeutes de 2005", pour la Fondation Jean Jaurès, auprès d'un échantillon représentatif de 969 personnes, entre le 26 et le 28 octobre 2015.
 

 

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