Déserts médicaux - Plus d'un poste de praticien hospitalier sur quatre est vacant
Dans son volumineux rapport d'activité 2017 (765 pages...), le Centre national de gestion des praticiens hospitaliers et des personnels de direction de la fonction publique hospitalière (CNG) apporte un éclairage très instructif sur les difficultés de recrutement des hôpitaux publics. Au 1er janvier 2018, le CNG dénombre 44.534 praticiens hospitaliers en exercice, soit une hausse de 1,5% par rapport à la même date de l'année précédente.
Une progression de façade et de forts écarts entre régions
Ils se répartissent en 33.122 PH à temps plein et 5.332 PH à temps partiel. Si ces derniers ont vu leur nombre diminuer de 14% depuis 2008, les temps plein ont au contraire progressé de 21% au cours de la même période, au rythme régulier de 1,5% par an.
Mais il s'agit, pour partie, d'une progression de façade. Comme l'explique le CNG, "cette progression des effectifs [...] ne se traduit pas pour autant par une évolution équivalente du temps médical à l'hôpital. En effet, l'augmentation des emplois de PH observée depuis 2002 résulte d'une part, de la création nette d'emplois de praticiens liée notamment à la mise en place de l'ARTT, et, d'autre part, de la transformation d'emplois de praticiens hospitaliers à temps partiel ou d'emplois de praticiens contractuels en emplois de praticiens hospitaliers à temps plein".
En termes géographiques, la densité des praticiens hospitaliers est très différente de celle des médecins dans leur ensemble. Alors que, Ile-de-France exceptée, ces derniers affichent systématiquement les plus fortes densités au sud de la Loire, les régions comptant le plus grand nombre de PH pour 100.000 habitants sont la Martinique (82,4), les Hauts-de-France (74,0), la Guadeloupe (72,8), la Bourgogne-Franche-Comté (71,9), la Corse (70,9) et la Bretagne (70,7). A l'inverse, les plus faibles densités concernent l'Occitanie (60,6) et les Pays de la Loire (57,4), Mayotte constituant un cas particulier (38,2).
Une difficulté croissante à pourvoir les postes
Le principal point noir réside toutefois dans la difficulté à pourvoir les postes de praticiens hospitaliers. Le taux de vacance statutaire des postes de PH continue en effet de progresser pour atteindre une moyenne nationale de 27,4% (27% en métropole et 37,7% dans les départements et collectivités d'outre-mer). Ce taux de vacance est plus élevé encore pour les praticiens hospitaliers à temps partiel, avec une moyenne nationale de 47%, soit près d'un poste sur deux vacant.
Cette moyenne nationale recouvre de forts écarts entre régions. En métropole, le taux de vacance va ainsi de 20% en région Paca et 22,1% en Ile-de-France à 34,9% en Normandie et 33,7% en Centre-Val de Loire. En Outre-mer, les taux de vacance vont de 26,2% à La Réunion et 38,7% en Guadeloupe, à 42,7% à Mayotte et 58,7% en Guyane (et même 77,8% à Saint-Pierre-et-Miquelon, qui ne compte toutefois que neuf postes statutaires de PH).
Les disciplines les plus touchées par le phénomène de vacance chez les PH à temps plein sont la radiologie et l'imagerie médicale (40% de postes vacants), la psychiatrie (28,7%) et la médecine (28,6%). A l'inverse, les moins touchées sont la biologie (15,4%) et la pharmacie (10%).
Le CNG précise toutefois que les postes vacants peuvent être occupés par des personnels temporaires et que le taux de vacance statutaire n'est donc pas le taux de vacance réel. Une enquête réalisée par le CNG en janvier 2017 montrait ainsi que près d’un tiers des postes de PH à titre permanent étaient provisoirement occupés par des praticiens contractuels.