Pola, cheval municipal, s'attelle au ramassage des enfants de maternelle

Dans le Calvados, l'élevage des équidés est une tradition et une vocation. En affectant son cheval municipal à une part du ramassage scolaire, Saint-Pierre-sur-Dives (3.975 habitants) innove et ravit les enfants.

Le fond de l'air est plus que vif, le jour encore timide, mais Pola est en forme. Douce et docile, elle se laisse sortir de l'écurie et atteler à son char à bancs, un superbe véhicule que son employeur, la mairie de Saint-Pierre-sur-Dives, est allé acheter tout exprès pour elle jusqu'en Pologne. Car Pola de Nesque, dite Pola, est employée de mairie. La ligne budgétaire que représente son entretien (logement, nourriture et services) est votée chaque année par le conseil municipal. En échange, Pola doit quatre heures de travail journalier. "Elle a même droit aux congés maladie", plaisante Franck, l'un des lads. 
Ce matin, jour d'école, son travail consiste à se rendre à l'entrée sud de la ville où une poignée de gamins de maternelle l'attend à un arrêt de bus. Après le chargement des enfants, Pola remonte la grande rue au petit trot sur un bon kilomètre, puis tourne à gauche dans la rue du Pot d'étain en y mettant un bon coup car la pente est forte. La jument, de race percheronne (900 kg de muscles pour 1,66m au garrot), sait ce que tirer veut dire. Sitôt ses passagers débarqués sur le parking de la maternelle, Pola retourne à l'arrêt de bus de la sortie sud afin de charger son second contingent d'enfants de maternelle. Les plus jeunes. 

Les enfants de maternelle gagnent une heure de sommeil sur un parcours classique

"Cette utilisation d'un véhicule hippomobile se présente comme une alternative au ramassage scolaire en autocar qui oblige à de longues tournées et raccourcit donc le temps de sommeil des enfants, explique Claude Lacour directeur général des services de la mairie. Avec le cheval, les plus petits de la maternelle gagnent une heure sur ce que serait leur parcours par des moyens classiques."
L'idée d'utiliser un cheval dans le cadre de l'activité municipale est venue au départ pour résoudre un problème de cantonnier. "L'un de nos élus, monsieur Lucas, avait constaté que pour veiller sur la ville dans les détails - repérer les petites dégradations, panneaux arrachés, poubelles abîmées -, les véhicules automobiles étaient trop rapides et la marche à pied trop lente. Pour aider l'employé chargé de cette mission, nous lui avons adjoint Uranie. Celle-ci était attelée à un chariot court, sorte de boite à outils sur roues. Mais Uranie avait des soucis de santé. Il a fallu songer à son remplacement. Au cours d'une présentation de percherons, lors de notre manifestation annuelle d'équidés, nous avons repéré cette jument exceptionnellement douce et obéissante. La mairie a décidé de l'acquérir pour lui confier un projet plus ambitieux : être attelée à un char à bancs. Equipé de la sorte, notre cheval municipal répond désormais à toute une gamme de tâches. Pour commencer, il transporte les enfants de maternelle : non seulement il raccourcit leur trajet d'école, mais il ralentit la vitesse des automobiles en centre ville et donc contribue à la sécurité."
Du fait de conventions passées entre la municipalité et deux établissements locaux, celui qui accueille des adultes handicapés et la maison de retraite, les sorties dans le char à bancs constituent une animation appréciée une fois par mois. Pendant les vacances scolaires d'été, Pola participe à l'arrosage des espaces verts. Certains jours, des visites de la ville sont organisées avec elle par l'office de tourisme. Plus généralement, ce cheval devient une sorte d'emblème. Un atelier pédagogique a été créé au cours duquel les enfants visitent l'écurie tandis que les lads leur expliquent les équidés. Pola est photographiée et filmée comme un monument local et récemment une télévision coréenne lui a consacré un court sujet.
L'investissement total s'est élevé à 33.500 euros : 4.300 euros pour l'acquisition de Pola, 9.000 euros pour l'achat du véhicule, 11.200 euros pour l'aménagement de l'écurie et 9.000 euros pour que deux employés municipaux accèdent à la qualification de "cocher" à la faveur d'une formation. Sur ce budget, le conseil régional a financé 5.000  euros et le  conseil général du Calvados 4.000 euros. Les frais de fonctionnement annuels s'élèvent à 2.000 euros, frais de personnel non-compris.

Le transport d'enfants nécessite deux lads ayant la qualification de "cochers"

Rue du Pot d'Etain, Pola et son véhicule hippomobile s'apprêtent à repartir. Franck, le "meneur",  c'est-à-dire celui qui tient les guides, met le clignotant. Il prononce bien fort : "Pola marcher". Et celle-ci s'ébranle. Sur le marchepied arrière, Olivier se tient debout, vêtu d'un gilet fluorescent. Aujourd'hui, il est groom. C'est-à-dire qu'aux carrefours ou dès qu'il y a un incident, il doit sauter au sol de façon à veiller aux rencontres entre l'attelage et la vie urbaine. "Dès qu'un véhicule hippomobile fait du transport de personnes et particulièrement d'enfants, il faut obligatoirement deux lads pour l'accompagner, précise Olivier. C'est la raison pour laquelle nous avons été deux à suivre la formation de cocher et à être qualifiés 'Galop 7'." Cette fois, la matinée est suffisamment avancée pour que des têtes apparaissent aux fenêtres et que des bras saluent le passage de Pola. Pas de doute, les Pétruviens et Pétruviennes semblent avoir adopté leur cheval municipal.

François Poulle, pour la rubrique Expériences des sites Mairie-conseils et de Localtis

 

Mairie de Saint Pierre sur Dives

Hôtel de Ville
14170 Saint-Pierre-sur-Dives

Claude Lacour

Directeur général des services

Découvrez nos newsletters

  • Localtis :
    Propose un décryptage des actualités des collectivités territoriales selon deux formules : édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques.

  • Territoires Conseils :
    Recevez tous les quinze jours la liste de nos dernières publications et l'agenda de nos prochains rendez-vous.

S'abonner aux newsletters