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Innovation - Pôles de compétitivité : un effet important sur la R&D mais "inexistant" sur les performances

Les pôles de compétitivité ont bel et bien eu "un effet de levier significatif", d’après un document de travail publié par France Stratégie, le 2 février. En moyenne, pour un euro dépensé en aide, chaque entreprise a investi environ 3 euros de dépenses de R&D, dont 2 euros sont autofinancés. "Cette politique a eu un impact incontestable sur l’autofinancement des dépenses en R&D des entreprises appartenant à un pôle entre 2007 et 2012", concluent les deux auteurs de cette étude menée sur la période 2006-2012. Est-ce "la fin d’une malédiction ?", se demandent-ils, alors que leurs résultats tranchent avec les précédentes évaluations, dont celle de Bellego et Dortet-Bernadet de 2014, qui faisait référence en la matière. L’effet de levier a surtout profité aux PME et reste plus "mitigé" pour les ETI (entreprises de taille intermédiaire) et les grandes entreprises.
Les pôles ont aussi eu un impact sur l’emploi. Le nombre d’emplois supplémentaires créés par les entreprises appartenant aux pôles est passé de 2,5 en 2007 à 6 personnes en 2012 (soit 27,5% des effectifs moyens), comparées à des entreprises similaires hors pôles.

Clarifier les rôles entre l'Etat et les collectivités

Malgré ces résultats, l’appartenance à un pôle ne se traduit pas encore par des performances supérieures en aval de la R&D, que ce soit en termes de chiffre d’affaires, de dépôt de brevet d’exportation, d’emploi total ou de valeur ajoutée.
"Cette difficulté à identifier des effets sur les performances des entreprises se retrouve dans l’évaluation de dispositifs comparables à l’étranger et peut s’expliquer de différentes manières : tout d’abord, le recul temporel pourrait être encore insuffisant, compte tenu de la durée nécessaire à la maturation de certains projets. Enfin et plus généralement, il est possible d’invoquer une possible baisse générale de la productivité de l’activité de R&D", analyse ainsi la Cnepi (Commission nationale d’évaluation des politiques d’innovation), dans un avis du 2 février s’appuyant sur ces conclusions.
La Cnepi (mise en place par France Stratégie en 2014) invite ainsi l’Etat à mieux déterminer "l’objectif qu’il poursuit à travers les pôles". "S’agit-il de renforcer les activités en aval de la R&D des acteurs existants ou de soutenir des écosystèmes d’innovation en devenir ?", interroge-t-elle. Dans le premier cas, le soutien de l’Etat devrait se focaliser sur les pôles concourant à la politique industrielle du pays (les neuf solutions industrielles), avec une concentration géographique vers les pôles les plus structurants. Dans le second cas, il conviendrait "d’élever le niveau d’exigence lors de la sélection des projets".
La Cnepi invite aussi à clarifier les rôles entre l'Etat et les collectivités. La labellisation et l'évaluation doivent rester du ressort de l'Etat. Mais les régions devraient chercher à renforcer les liens entre les pôles et leurs politiques d'innovation. La Cnepi pose aussi la question d'un "autofinancement intégral" des pôles à l'avenir.
 

 

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