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Pollution de l’air : utiles à la sensibilisation, les micro-capteurs ne peuvent se substituer aux mesures réglementaires

Les analyse de performance des micro-capteurs révélées le 13 novembre par Airparif valident l’usage des micro-capteurs pour surveiller certains polluants de l’air intérieur. A l’extérieur, "à ce jour", les solutions analysées n’offrent pas une précision suffisante pour se substituer aux mesures réglementaires. Un résultat que confirme une étude de l’Inéris publiée au même moment.

Les micro-capteurs de la pollution de l’air intéressent de nombreuses collectivités pour réaliser des mesures à l’intérieur de bâtiments ou outiller leurs habitants. Un état des lieux de l’usage des micro-capteurs de l’Ademe en 2017 abondait dans leur sens en notant que "la mesure individuelle a sans doute un fort potentiel pour se rendre compte des pratiques polluantes (identification des sources de pollution, alertes en cas d’émission de polluants) et peut être un des moyens clés de sensibilisation puisqu’elle va permettre à la fois une montée en compétence et in fine une meilleure compréhension des enjeux de la qualité de l’air". Ces micro-capteurs existent sous formes de kits à monter comme ceux utilisés par exemple à Rennes   ou à Digne-les-Bains à des fins pédagogiques. La métrologie de la qualité de l’air génère également une grande inventivité du côté des startups avec l’apparition d’objets (foulards, montres…) dotés de capteurs et d’une connectivité permettant de partager ces données en temps réel. Un foisonnement qui interpelle les experts en charge des mesures normatives que sont les associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (AASQA) pour l’air extérieur ou l’observatoire de la qualité de l’air intérieur (OQAI). En cause : la fiabilité des mesures et les risques éventuels d’interférence avec les messages que souhaitent faire passer les pouvoirs publics.

Des micro-capteurs performants pour l’air intérieur

A ce stade, il n’existe cependant pas de processus de normalisation et de certification des micro-capteurs. Un constat qui a conduit Airparif à créer en 2017 l’incubateur Airlab à l’initiative d’un challenge micro-capteurs, compétition dont la vocation est d’apporter un appui aux concepteurs de solutions pour en améliorer les performances et éclairer les utilisateurs dans le choix d’un dispositif adapté. Pendant trois mois, Airlab a donc testé 29 capteurs de fabricants volontaires mesurant 12 polluants. Cinq familles de critères ont été scrutés par les experts d’Airparif : exactitude, ergonomie, pertinence des polluants mesurés, coût et portabilité de la solution. Le palmarès, révélé mi-novembre par Airparif,  valorise cinq lauréats dont les capteurs ont obtenu 4 étoiles (sur 5) dans les catégories "piloter et gérer l’air dans un bâtiment" et "sensibilisation sur la qualité de l’air intérieur". Un benchmark qui démontre que "l’offre actuelle présentant les résultats les plus élevés concerne les capteurs fixes et en air intérieur : tant pour des utilisations de sensibilisation à la qualité de l’air, que pour piloter et gérer la qualité de l’air à l’intérieur d’un bâtiment".  Le polluant mesuré avec le plus de fiabilité se révèle être le dioxyde de carbone. Airparif précise aussi que "le calcul du coût global (achat et fonctionnement) sur trois ans montre un montant variant de près de 100 euros à plus de 16.000 euros", allant à l’encontre de l’idée que les micro-capteurs sont synonymes de petit prix.

Des mesures trop imprécises pour l’air extérieur

Pour l’air extérieur, le bilan d’Airparif est beaucoup plus réservé : s’ils sont une "source d’information complémentaire", ces micro-capteurs "ne sont pas à ce jour pas un substitut direct aux mesures de référence, en particulier pour des enjeux réglementaires". Une conclusion que corrobore les premiers résultats d’une étude publiée au même moment par l’Inéris avec l’appui du laboratoire central de surveillance de la qualité de l’air (LCSQA). Les experts ont en effet analysé 17 systèmes fixes sur leur aptitude à suivre les principaux polluants atmosphériques : dioxyde d’azote (NO2), ozone (O3) et particules (PM2,5 et PM10).  Les premiers résultats de cette étude révèlent "qu’aucun des systèmes évalués ne respecte les objectifs de qualité de données des directives européennes 2008/50/CE et 2015/14/80 pour les mesures en sites fixes en NO2, O3 et PM", ce qui les exclut d’un usage pour des mesures réglementaires. L'Ineris note enfin que les appareils multi-polluants sont moins performants que ceux n’en mesurant qu'un seul et que les résultats sont étroitement liés aux conditions réelles de mesure (environnement, saison).
Autant d’éléments qui doivent inciter à la prudence sur l’usage de micro-capteurs en situation de mobilité.

 

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