Pour renforcer sa propre identité, le Sud-Grésivaudan organise des échanges culturels avec le Sénégal

Les acteurs culturels du pays du Sud-Grésivaudan souhaitaient créer un événement fédérateur. Les élus, pour leur part, cherchaient à renforcer l'identité du territoire par la coopération internationale. Ainsi est né le festival "De Nord en Sud" dont la première édition, en 2008, a tenu toutes ses promesses.

Le contrat de pays du Sud-Grésivaudan, signé en 2006 pour cinq ans, comprenait un volet culture. Parallèlement, les acteurs culturels de terrain avaient émis le souhait de voir se créer un événement fédérateur sur l'ensemble du pays qui permette de réunir les acteurs locaux et les établissements culturels, les bibliothèques, les médiathèques... Pour Yves Pillet, vice-président du pays chargé de la culture et du tourisme, cette volonté du terrain rencontrait la sienne, car il pensait également qu'une activité culturelle commune était propre à renforcer l'identité du Sud-Grésivaudan.

 

S'ouvrir à la culture d'un autre continent

Un poste de chargé de mission culture a été créé au sein du pays et une réflexion sur un projet d'événement s'est engagée. Cette réflexion s'est orientée vers l'idée d'une coopération internationale, perçue comme la plus ambitieuse façon de désenclaver une région. Le Sénégal s'est imposé comme une évidence, le conseil général menant des opérations de coopération décentralisée avec la région de Tambacounda à l'est du pays. Plusieurs acteurs locaux étaient déjà impliqués dans cette démarche : le lycée professionnel de Saint-Marcellin, la médiathèque de Pont-en-Royans et son musée de l'eau... Ainsi est né "De Nord en Sud", festival d'échanges culturels, avec la participation des membres de la commission culture et des établissements culturels du pays.
Plutôt que de concentrer l'événement sur un week-end et dans un lieu précis, les partenaires ont choisi de mener une série d'actions dans différents lieux du territoire, en une sorte fil rouge de janvier à septembre 2008.

 

Un festival éclaté de janvier à septembre 2008

Dès novembre 2007, le prix littéraire "Lire ici, lire là-bas" a été lancé au Sénégal, en présence d'habitants et des équipes de la bibliothèque de Kidira, ville sénégalaise partenaire et du lycée LETP de Saint-Marcellin, puis s'est poursuivi en février 2008 à Saint-Marcellin dans le cadre du Salon du livre de voyage. A partir de janvier 2008, huit bibliothèques du pays, en lien avec celle de Kidira, ont décerné deux prix littéraires, un prix adulte sur le thème de l'exil et un prix jeunesse décerné par les écoles du territoire. Au-delà des prix, ce fut l'occasion de rencontres autour des ouvrages choisis, d'expositions, de lectures, de théâtre, de projection d'un film racontant le lancement de l'opération à Kidira.
Le 27 juin, les habitants ont fait la fête avec un griot mandingue, ont écouté la "kora 32 cordes" du Kora Jazz Trio, puis un conte musical sur les bords de Bourne à Pont-en-Royans, et vu un spectacle de danse contemporaine. Le lendemain a eu lieu le vernissage d'une exposition d'art contemporain, regroupant les oeuvres de neuf artistes sénégalais.
Du 4 au 20 juillet, un collectif d'artistes isérois et sénégalais, en résidence dans le Sud-Grésivaudan, ont sillonné le territoire à vélo. Les musiciens et montreurs d'images de la troupe venaient à la rencontre des habitants et leur proposaient des représentations de Maki, un spectacle poétique d'ombres et de lumière, partiellement improvisé, sur les problèmes identitaires liés à l'histoire, sur le rapport entre culture traditionnelle et culture contemporaine, sur la notion de territoire et de frontière. De juillet à mi-septembre, à Vinay, une exposition de photos racontait l'histoire des anciens combattants africains, enrichie d'une installation sonore reprenant des témoignages et des chants de tirailleurs sénégalais. Enfin, tout l'été, des concerts et une résidence, intitulés "La diagonale musicale" ont permis de faire entendre de la musique traditionnelle sénégalaise, mais aussi l'un des principaux groupes de reggae sénégalais en France.
Le public, local et de passage, était au rendez-vous. L'exposition d'art contemporain sénégalais à la halle de Pont-en-Royans et au Grand Séchoir a été visitée par plus de 4.000 personnes. La soirée d'ouverture à Pont-en-Royans a réuni presque 800 personnes. Le spectacle Maki du collectif franco-sénégalais Culture Ailleurs a été vu par plus de 500 personnes.

 

Prochaine édition du festival "De Nord en Sud" en 2010

Tous les spectacles étaient gratuits et tout n'était pas programmé dès le départ : la commission culture du pays a déclenché une série d'événements, de rencontres (les artistes étaient logés chez l'habitant), qui ont permis un véritable échange culturel d'un continent à l'autre. "On ne se contente pas de montrer des oeuvres, dit Yves Pillet. On montre aussi des gens qui ont à se connaître. Le public français peut apprendre à connaître les pays d'Afrique autrement que par les sans-papiers... Ce sont des pays qui ont une culture, une économie différente des nôtres et nous avons beaucoup à apprendre à les rencontrer et à les accueillir."
Au départ, les élus du pays, sans être opposés à l'idée d'une telle opération, ne se sentaient pas réellement concernés. Après deux ans de travail, une dynamique s'est créée. Des projets nouveaux voient le jour, des liens se poursuivent avec le Sénégal, et chacun travaille à l'édition 2010 de Nord en Sud, y compris les cinquante partenaires publics et privés. En effet, treize communes du pays Sud-Grésivaudan se sont en impliquées dans l'événement, ainsi que des associations culturelles locales, des médiathèques publiques, des librairies, des établissements scolaires, une MJC, des radios associatives, l'association franco-sénégalaise de Marseille, le centre de lecture de Kidira au Sénégal, la fondation Blachère d'Apt, etc.
Le budget global de l'opération se monte à 198.094 euros. Le syndicat mixte du pays a apporté 136.302 euros, le conseil général de l'Isère 21.000 euros. Les contributions des partenaires locaux ont été évaluées à environ 40.792 euros. Ont participé le conseil régional Rhône-Alpes, le conseil général de l'Isère, les communautés de communes de Saint-Marcellin, Vinay et la Bourne à l'Isère, la ville des Mureaux, la fondation Blachère.

 

Jean-Luc Varin, pour la rubrique Expériences des sites Mairie-conseils et Localtis

Syndicat mixte du pays du Sud-Grésivaudan

Nombre de communes :

43
Maison de l'économie - 7, rue du Colombier
38160 Saint-Marcellin

Yves Pillet

Vice-président chargé de la culture et du tourisme

Sylvie Sachdeva

Chargée de mission culture

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