Préserver sa ruralité en milieu périurbain : c'est le défi que relève l'association patrimoniale de la plaine de Versailles

Développement économique, tourisme, transformation de produits alimentaires, vente directe, sur les marchés, par internet... l'ensemble des partenaires de la Plaine de Versailles veut relier agriculteurs et citadins pour que cette ruralité à l'ouest de l'agglomération parisienne développe sa propre identité.

En 2001 quelques élus locaux, un conseiller régional, un conseiller général et des agriculteurs s'interrogent sur la pérennité des terres agricoles de la plaine de Versailles, dans le département des Yvelines à quelques kilomètres de Paris.
Le constat est alarmant. Seuls 2.000 hectares de terres agricoles situés dans le prolongement du château de Versailles, sur les 8.000 existants dans la plaine, bénéficient d'une protection administrative. Il existe deux types d'agriculteurs, les céréaliers qui cultivent en moyenne 200 hectares et les maraîchers sur des parcelles de 5 à 10 hectares. Or le travail est dur, en moyenne soixante-dix heures par semaine pour arriver à les rentabiliser et les jeunes agriculteurs pouvant prendre la relève font défaut. Il existe un réel problème de succession. Enfin, si les terres restent en friches, elles ne resteront pas agricoles longtemps. Il y a péril ! Pourtant, des exemples sur le territoire, comme celui de la ferme de Gally, montrent qu'il est possible aux entreprises agricoles de se développer.

Rassembler pour définir ensemble des projets

C'est dans ce contexte que s'est constituée l'association patrimoniale de la plaine de Versailles et du plateau des Alluets (APPVPA) ou "Plaine de Versailles". Sa vocation est d'être un lieu d'échanges, de démocratie. Son objet et de "rassembler pour définir ensemble des projets", explique Michel Colin, son président, maire de Noisy-le-Roi. L'association rassemble vingt-cinq communes, deux intercommunalités, Versailles Grand Parc et Plaine des Yvelines, un Scot en cours de constitution avec les dix-sept communes du nord et deux villes orphelines, Plaisir et Les Clayes-sous-Bois.

Le travail de l'association : être une plateforme d'échanges. Au-delà des élus et des agriculteurs, elle s'élargit à d'autres acteurs : les partenaires professionnels du territoire, le centre de recherche agronomique (Inra), la chambre d'agriculture, l'université de Saint-Quentin qui est en train de se spécialiser autour du thème du développement durable, la direction régionale de l'environnement (Diren), le conseil en architecture, urbanisme et environnement des Yvelines (CAUE), le Potager du Roi, les associations de protection de l'environnement du site. L'objectif est de créer de nouveaux fonctionnements et de trouver, ensemble, des solutions.

Relier le citadin à l'agriculteur

Petit à petit, grâce aux études sur divers projets, réalisées avec l'université et ses étudiants stagiaires, des questions trouvent des réponses. Le péril se transforme même en chance d'avoir des agriculteurs en milieu périurbain. Le défi devient "comment relier le citadin à l'agriculteur". En effet, depuis soixante ans, les politiques agricoles communes européennes déconnectent les agriculteurs des citadins. Or dans l'ouest parisien, rapprocher l'agriculteur du citadin est un enjeu important pour lequel il est possible de trouver les financements. Les études montrent que les urbains recherchent la fraîcheur et la qualité ; le phénomène Amap (associations pour le maintien d'une agriculture paysanne), encore marginal est représentatif d'une évolution des comportements. Ainsi, à Noisy-le-Roi, un maraîcher doit augmenter son exploitation pour pouvoir répondre à la demande.

L'évolution attendue de la politique agricole commune d'ici 2013 oblige à préserver les terres agricoles en s'appuyant sur des projets économiques plus que sur des subventions.
Trois axes sont ainsi apparus à court, moyen et long terme. Tout d'abord le circuit court, pour rapprocher les maraîchers et les arboriculteurs des populations citadines, et trouver de nouveaux débouchés pour la filière céréalière. S'agissant de la filière céréalière, une étude a en effet permis de découvrir l'existence de mille chevaux, appartenant à l'environnement aisé, en pension sur la plaine de Versailles. Cette activité correspond à un chiffre d'affaires de trois millions d'euros par an. Cultiver du foin pour nourrir ces chevaux devient un complément de revenu très intéressant pour les céréaliers. Le conseil général, la chambre d'agriculture et le ministère de l'Agriculture sont très intéressés. Le tourisme équestre devient également un sujet d'étude sur le territoire. Enfin, autre projet à plus long terme : valoriser la filière des produits alimentaires pour transformer ces produits, avec l'aide des nombreuses PME locales, en produits haut de gamme, avec l'appui du Potager du Roi, fondé par Louis XIV. Celui-ci produit des espèces rares et sa renommée aujourd'hui est internationale. Enfin, un travail avec l'industrie de luxe a révélé que si le nom de Paris a déjà été très utilisé, celui, tout autant prestigieux de Versailles, n'est pas encore exploité. Une réflexion est en cours avec l'université de Saint-Quentin qui, dans son positionnement de développement durable, est très intéressée pour s'associer avec la Plaine de Versailles comme terrain d'application de ses recherches.
Autour de l'agriculture, du tourisme, de la transformation et de la vente de produits alimentaires, les domaines de réflexion de l'association s'enrichissent régulièrement, mais la philosophie est simple : préserver les terres agricoles par le développement de l'économie et non par des subventions.

 

Nathalie Froissart, pour les sites Mairie-conseils et Localtis

Association patrimoniale de la plaine de Versailles et du plateau des Alluets (APPVPA)

Mairie de Villepreux-Place Mendès-France - BP 21
78450 Villepreux

Michel Colin

Président, maire de Noisy-le-Roi

Mairie de Noisy-le-Roi

Hôtel de ville - 37, rue André Lebourblanc
78590 Noisy-le-Roi

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