Archives

Prévention - Profession "coordonnateur de prévention et de sécurité"

Les deux tiers des conseils locaux de sécurité disposent d'un coordonnateur, selon un rapport de la mission permanente d'évaluation de la politique de prévention de la délinquance publié mardi. Au-delà de l'état des lieux précis du métier qui a prouvé sa "grande utilité", la mission invite à renforcer la formation.

Les coordonnateurs sont devenus la cheville ouvrière des conseils locaux ou intercommunaux de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD ou CISPD). Ils ont prouvé leur "grande utilité" pour "l'animation, le suivi et le fonctionnement quotidien" de ces conseils. Cette reconnaissance provient de la mission permanente d'évaluation de la politique de prévention de la délinquance présidée par l'Inspecteur général de l'administration Didier Chabrol. Dans un rapport remis au ministre de l'Intérieur fin janvier et rendu public mardi 5 février, elle dresse un état des lieux précis de cette profession. Environ 66% des conseils locaux disposent d'un coordonnateur, une proportion qui atteint 70% pour les CLSPD, soit davantage que pour les conseils intercommunaux (61%). La proportion augmente également avec la taille de la collectivité ou de l'intercommunalité concernée. L'écart s'explique avant tout par le coût de tels postes pour les petites collectivités.

Hommes orchestres

Ces "hommes orchestres" se sont professionnalisés. Les rapporteurs ont pu observer "combien les élus étaient pointilleux sur le profil des candidats" qui doivent assurer des missions "complexes et délicates".
Si la profession reste dominée par les hommes, la proposition de femmes est loin d'être négligeable (55,2% contre 48,2%) sur l'échantillon observé. 73,8% ont un niveau supérieur au bac (41% sont à Bac+5). Mais l'expérience est tout aussi primordiale. "Une coordonnatrice est entrée, il y a plus de dix ans, dans un service municipal dans le cadre d'un emploi-jeune pour prendre en charge des jeunes d'un quartier de la ville", avant d'occuper divers postes de prévention, témoignent les rapporteurs.
Concernant le statut, 60% de coordonnateurs sont titulaires de la fonction publique territoriale, contre 40% de contractuels. Chez les titulaires, la filière administrative est bien plus représentée que la police, suivie de près par la filière animation (68,7%, 12,9% et 11,6%). La plupart appartiennent à la catégorie A. Ce sont essentiellement des attachés territoriaux.
Chez les contractuels, les CDI sont minoritaires, à 24,3%. La plus forte proportion est celle des CDD de trois ans (40%). Pour le tiers restant, il s'agit de contrats de moins de dix-huit mois. La mission s'interroge sur la pertinence de ces contrats courts. En cas de CDD, elle plaide pour des contrats de trois ans, "assortis le cas échéant d'une période d'essai, afin de permettre à l'intéressé de prendre la mesure de ce poste complexe".
S'agissant des missions, la mission identifie un coeur de métier : à 97% les coordonnateurs ont pour tâche de veiller au bon fonctionnement des instances partenariales (assemblées plénières et comités restreints des CLSPD/CISPD, différents groupes de travail territoriaux et thématiques…). Alors que les plénières sont présentées comme des "grand messes" fixant des objectifs larges, les collectivités ont souvent recours à des instances plus opérationnelles appelées différemment selon les sites : bureau, comité de pilotage, comité opérationnel, comité restreint, réunion de coordination, cellule de veille… Or les coordonnateurs n'y sont pas systématiquement associés, déplore la mission. Le rapport met aussi en lumière le manque d'implication de nombreux acteurs dans ce partenariat local qui bat de l'aile depuis quelques années (conseil général, éducation…).

Formation

Pour répondre à la complexité du travail, les rapporteurs proposent de renforcer la formation, notamment en élargissant la formation actuelle du CNFPT (Centre national de la fonction publique territoriale) sur le diagnostic local de sécurité. Ils relèvent que 85% des coordonnateurs n'ont reçu aucune formation lors de leur prise de poste, et préconisent un stage de courte durée avec des interventions d'autres coordonnateurs confirmés et des professionnels (corps préfectoral, magistrats, policiers, gendarmes…). Ce stage de prise de poste pourrait être couplé avec l'offre de formation nationale expérimentée par le CNFPT. La mission note qu'une faible minorité de coordonnateurs (24%) ont suivi une formation continue, au CNFPT ou au FFSU (Forum français pour la sécurité urbaine) ; les intéressés invoquent généralement un "manque de temps". Plutôt que d'utiliser les crédits du FIPD (Fonds interministériel de prévention de la délinquance) pour financer de nouveaux postes - ce qui est le cas aujourd'hui, dans une limite de trois ans -, la mission suggère de financer des actions de formation.
Afin de renforcer la légitimité des coordonnateurs, le rapport propose de "développer l'organisation conjointe par les préfets et les autorités judiciaires de réunions de travail régulières avec les coordonnateurs, en veillant à y convier les présidents de CLSPD ou de CISPD dès lors que ces réunions dépassent le simple champ technique".
A noter enfin que la mission se propose de mener un audit sur les observatoires locaux de la délinquance, audit qui pourrait servir de base à la rédaction d'un guide méthodologique.

 

Pour aller plus loin

Voir aussi

Abonnez-vous à Localtis !

Recevez le détail de notre édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. Merci de confirmer votre abonnement dans le mail que vous recevrez suite à votre inscription.

Découvrir Localtis