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Offre de soins - Professions paramédicales : les régions rurales ne sont pas toujours les plus défavorisées

Alors que le Sénat entame l'examen du projet de loi portant réforme de l'hôpital et relatif aux patients, à la santé et aux territoires (HPST) - dont le titre II est consacré à "l'accès de tous à des soins de qualité" -, la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) des ministères sociaux publie une étude consacrée aux "Professions de santé au 1er janvier 2009". Ce document statistique recense l'ensemble des "actifs occupés" au sein des différentes professions de santé. A une exception de taille : les médecins, qui font l'objet d'une étude séparée, publiée plus tard dans l'année.
L'étude n'en est pas moins intéressante, pour une double raison. D'une part, elle intervient à un moment où les pouvoirs publics et l'assurance maladie mettent en place des dispositifs contraignants pour améliorer la répartition territoriale des professions de santé paramédicales. C'est le cas depuis quelques semaines pour les infirmiers libéraux, et la Caisse nationale d'assurance maladie vient d'entamer une négociation de même type avec les masseurs-kinésithérapeutes. D'autre part, les résultats de l'étude - tout en confirmant l'existence de déséquilibres importants - font apparaître une vision plus subtile des inégalités dans l'accès aux soins.
L'étude fournit en effet la répartition des différentes professions de santé par sexe, par âge, par spécialisation, par mode d'exercice, par région et par département d'installation. Concernant les masseurs-kinésithérapeutes par exemple, les écarts de densité vont de 54 pour 100.000 habitants (Indre) à 231 (Hautes-Alpes), pour une densité nationale de 108. Autrement dit, les deux extrêmes concernent deux départements ruraux. Les régions les moins favorisées en la matière sont la Haute-Normandie (67), la Picardie (67) et le Centre (72). Le phénomène est plus net encore pour les pharmaciens. L'Auvergne (135 pharmaciens pour 100.000 habitants) et le Limousin (151) affichent en effet la plus forte densité en la matière et se trouvent ainsi nettement mieux dotés que Midi-Pyrénées (122), l'Ile-de-France (119) ou les Pays-de-la-Loire (102). Les sages-femmes présentent un profil similaire : elles sont plus nombreuses en Franche-Comté (158 pour 100.000 habitants) et en Lorraine (155) qu'en Ile-de-France (105) ou même en région Paca (138). Il est vrai toutefois que d'autres professions obéissent davantage au schéma traditionnel, valable pour les professions médicales et marqué par un fort tropisme en faveur des régions du sud et de l'Ile-de-France. C'est le cas notamment pour les chirurgiens dentistes (90 pour 100.000 habitants en région Paca contre 40 en Haute-Normandie et en Picardie). Le cas des infirmiers - de très loin la profession de santé la plus représentée avec 496.000 professionnels - est particulier. Le Limousin apparaît en effet comme la région la mieux dotée de France (1.052 infirmiers pour 100.000 habitants), loin devant Rhône-Alpes (831) ou l'Ile-de-France (714), qui occupe les derniers rangs en termes de densité avec le Centre (634), la Haute-Normandie (679) et la Picardie (681). Les indicateurs de densité ne distinguent toutefois pas l'exercice libéral (15% des infirmiers) et l'exercice salarié au sein d'un établissements de santé (85%).

 

Jean-Noël Escudié / PCA