Prolifération des pigeons : Paris semble avoir trouvé la solution

Le service de l'écologie urbaine (direction des espaces verts et de l'environnement) de la ville de Paris installe petit à petit des pigeonniers dans chaque arrondissement, ce qui permet de réguler leur population et d'entamer un dialogue avec les personnes qui les nourrissent régulièrement sur la voie publique.

Gabriel Calvoz, conseiller technique au sein du cabinet d'Yves Contassot, l'adjoint chargé de l'environnement, de la propreté, des espaces verts et du traitement des déchets de la Ville de Paris, met d'emblée le doigt sur le facteur principal de la prolifération des pigeons à certains endroits précis de la ville : "Nous nous sommes aperçus que toujours, dans ces endroits particulièrement dégradés par les pigeons, des personnes déversent chaque jour des kilos de graines ou de pain pour les nourrir, persuadés que sans leur aide cette espèce ne pourrait subsister à Paris, qu'elle est pourchassée par les pouvoirs publics. Et les panneaux d'interdiction, voire les amendes qu'on peut leur infliger s'ils sont pris en flagrant délit, ne font que les conforter dans cette idée saugrenue qu'ils remplissent une mission de sauvetage de la biodiversité à Paris ! Mais comment faire ? Ni les associations de protection animale ni la ville ne veulent que les pigeons soient éradiqués, et toutes les autres solutions employées pour résoudre cette question ont échoué. Les effrayer avec des faucons ou les capturer par filet ne fait que déplacer le problème, et provisoirement. La Ville de Rennes a répandu des graines contraceptives, mais ce n'est pas très efficace non plus et nous n'avions pas envie de disperser dans la ville ce qui représente tout de même d'énormes quantités d'hormones de synthèse avec des conséquences incertaines."
Après mûre réflexion, l'équipe d'Yves Contassot a décidé d'installer des pigeonniers un peu partout dans la ville. Cela permet de contrôler les naissances. On laisse la première couvée. Sur les suivantes, on ne laisse qu'un œuf sur deux et on détruit les autres. Les couples qui s'installent n'ont plus que quelques couvées par an au lieu de six ou huit. Le pigeonnier est nettoyé tous les deux jours et les volatiles sont régulièrement alimentés en eau et en graines. Il faut 4 à 5 semaines pour que les oiseaux s'acclimatent puis s'installent, au lieu de nicher sur les immeubles ou dans les halls de gares. Ils attirent ensuite leurs congénères et la population se stabilise au bout de quelques mois, à raison de 200 oiseaux par pigeonnier environ. Les amoureux des pigeons, constatant qu'ils sont accueillis et nourris, ont l'impression d'avoir rempli leur mission et ne ressentent plus le besoin de les nourrir eux-mêmes !

 

Mieux vaut gérer durablement leur présence que tenter de les éradiquer

D'autant plus que ces personnes s'inscrivent dans une démarche de protection de la biodiversité animale en ville, arguments que l'on peut entendre.
Le pigeonnier représente un investissement de 20.000 euros environ à l'achat, 10.000 euros pour l'installation et 4.000 euros par an d'entretien. Le maire ayant validé le projet, la mairie de Paris a validé le principe d'installer, à terme, un pigeonnier dans chaque arrondissement. Un premier a été installé en 2003 porte de Vanves, un deuxième a été installé cette année square de la Roquette dans le 11e arrondissement, un troisième en juin 2007 square Nadard, sur la butte Montmartre, un quatrième a vu le jour square Lazareff dans le 2e arrondissement et quatre autres sont en cours d'installation dans les 13e, 19e et 20e arrondissements.
L'adjoint Vert à l'environnement de la ville de Paris juge ainsi "possible de faire cohabiter intelligemment animaux et humains" en ville, et parle d'une "politique très volontariste de maintien de la biodiversité à Paris". L'expérience dira s'il a eu raison, à la fois des pigeons et des naturalistes amateurs...

 

Jean-Luc Varin, pour la rubrique Expériences des sites Mairie-conseils et Localtis

Mairie de Paris

Nombre d'habitants :

2190327
Place de l’Hôtel de Ville
75000 Paris

Gabriel Calvoz

Conseiller technique au sein du cabinet

Yves Contassot

Adjoint à l'environnement

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