Archives

Economie sociale et solidaire - PTCE : un modèle économique fragile et une répartition inégale sur le territoire

Toutes les régions n'ont pas su tirer profit du premier appel à projets de juillet 2013 sur les pôles territoriaux de coopération économique (PTCE), d'après le bilan réalisé par le Secrétariat général pour la modernisation de l'action publique. Par ailleurs, le modèle économique des PTCE reste fragile.

Les pôles territoriaux de coopération économique (PTCE), pendants des pôles de compétitivité dans le domaine de l'économie sociale et solidaire, se répartissent de manière inégale sur le territoire français, d'après le bilan réalisé entre juin et octobre 2014 par le Secrétariat général pour la modernisation de l'action publique (SGMAP). 
Portant sur le premier appel à projets de soutien à l'émergence de PTCE lancé en juillet 2013, et mené auprès de 183 candidats et des membres du comité de sélection, le bilan, publié récemment, indique ainsi que cinq régions (Aquitaine, Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d'Azur, Midi-Pyrénées, Ile-de-France), parmi les plus densément peuplées et les plus riches, concentrent près de la moitié des dossiers déposés. Une concentration qui se retrouve au niveau des PTCE finalement lauréats : quinze régions étaient représentées et les cinq mêmes régions ont concentré plus de la moitié des lauréats…
D'après le bilan, les régions qui ont présenté peu de lauréats pâtissent soit d'une relative faible densité de structures de l'ESS (les régions rurales, l'Outre-Mer), soit d'une mauvaise perception des critères de sélection de l'appel à projets (Bretagne, Limousin).
Les collectivités locales, qui sont fortement impliquées dans ces dynamiques à travers un soutien financier ou en ingénierie, ont en revanche bien compris l'intérêt de ces appels à projets. "L'intervention de l'Etat a été perçue comme une forme de reconnaissance de la politique de soutien qu'elles menaient jusque-là", indique le bilan.

Un véritable "label"

Côté PTCE, les atouts de l'appel à projets sont également clairs : la phase de constitution des dossiers les a incités à mieux structurer leur positionnement stratégique et leurs plans d'actions, voire à intégrer de nouveaux partenaires. Le soutien financier leur a permis de stabiliser leur fonction d'animation et de coordination. Il favorise la crédibilité et la visibilité des projets auprès d'autres parties prenantes, notamment des collectivités et des structures de l'économie classique. La durée du financement (trois ans) est vécue favorablement. Pour certains PTCE, l'obtention du financement "semble avoir été vécu non seulement comme un 'prix' d'un concours national mais comme un véritable 'label' qui les différencie des autres PTCE", précise le SGMAP. A tel point que les personnes interrogées se demandent si les PTCE non lauréats, et particulièrement ceux non éligibles, peuvent véritablement se revendiquer PTCE…
Le bilan pointe aussi du doigt les difficultés des pôles. Leur modèle économique est souvent fragile. "Les PTCE affichent une forte dépendance vis-à-vis des ressources publiques, d'autant plus forte que l'obtention des financements affichés est incertaine et que les hypothèses sur les sources d'auto-financement sont souvent très floues", souligne la note. Autre point négatif : les pôles coopèrent peu avec les structures de l'économie classique. Certains pôles ouvrent leur gouvernance à ces structures, d'autres coopèrent à travers des transferts de compétences, des services mutualisés, ou, plus rarement encore, une coopération sur toute la chaîne de valeur d'une filière. Mais "ces liens sont en général peu intenses à ce stade et pour certains PTCE lauréats, le lien est presque inexistant".