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Funéraire - Quand le numérique fait son entrée au cimetière

Alors que certaines start-up s'intéressent au marché des obsèques, les communes veulent tirer parti du numérique pour faciliter l'expérience de ceux qui viennent honorer leurs défunts. Ce qui passe notamment par la mise en place de bornes interactives. Exemple à Montreuil et à Castres.

Dans les cimetières vastes, la localisation d'une concession peut parfois prendre des allures de parcours du combattant. L'installation de bornes interactives numériques vise à délivrer automatiquement les coordonnées d'une sépulture, en renseignant quelques informations basiques (nom, prénom ou encore date d'inhumation). Pour la commune de Montreuil, ce service est disponible sur toutes les bornes numériques de la ville, mais aussi sur le web. "L'avantage de ce service est tout d'abord d'accélérer le traitement des demandes des visiteurs", précise Marie-Christine Léger, de la municipalité. "Ils peuvent ainsi récupérer la localisation de la la sépulture sur internet avant leur visite, ou choisir de ne pas s'adresser aux agents du cimetière en utilisant la borne sur place. Cela permet aussi aux professionnels (notaires, pompes funèbres) d'accéder aux informations dont ils ont besoin de manière plus rapide. Autant de temps gagné dans l'activité des agents municipaux, réorientée la prise en charge humaine des visiteurs et l'accompagnement des cortèges", ajoute-t-elle. La problématique diffère quelque peu à Castres, où le grand cimetière de La Barque intègre une borne numérique depuis 2014. "C'est un cimetière récent, qui ne possède pas de conciergerie sur place", note Sylvie Cabrol. "C'est un site qui s'est étendu très rapidement, et compte maintenant 3.000 concessions sur 7 hectares". Dans un cimetière vaste et paysager, sans présence humaine, l'installation d'une borne permet aux visiteurs de retrouver les coordonnées de la sépulture et de l'imprimer sur un ticket. "Le besoin n'est pas le même dans des cimetières de village, où les visiteurs sont mieux à même de s'orienter et de reconnaître leur concession", précise Sylvie Cabrol.

Garantir une facilité d'utilisation pour les seniors

La mise en place d'un service numérique interroge cependant, dans un type d'espace souvent fréquenté par les seniors et les personnes en situation d'invalidité. Les bornes présentent des options d'accessibilité. Mais il s'agit aussi d'un changement de réflexe, pour un public plus habitué à solliciter un gardien ou encore à décrocher son téléphone pour obtenir l'information désirée. Le service numérique ne remplace donc pas le contact humain. "Pour la Toussaint, nos équipes étaient sur place et ont pu réaliser un travail de pédagogie auprès des visiteurs ; mais les plaintes au sujet de la borne sont rares", précise Sylvie Cabrol. Quand la borne ne se substitue pas à une présence humaine sur place, elle permet plutôt de rendre les agents plus disponibles auprès des publics qui en ont réellement besoin.

Le milieu funéraire en passe d'affronter l'ubérisation ?

Le numérique est présent depuis longtemps dans la gestion des cimetières, sous la forme d'applications métier. Les services proposés aux visiteurs constituent des extensions en extranet de ces systèmes d'information. Mais c'est aussi l'occasion de modifier l'appréhension des métiers du funéraire. A Montreuil, le principal investissement nécessité par le service numérique du cimetière repose sur la cartographie progressive de toutes les sépultures, réalisée par les agents, et qui devrait être achevée pour la fin de l'année. "Passer d'une adresse à une localisation réelle sur une carte permet de faire visualiser l'itinéraire à pratiquer", observe Marie-Christine Léger. L'utilisation intensive de la cartographie pour réaliser ce travail a suscité d'autres demandes de la part du personnel, par exemple pour digitaliser la saisie des états des lieux des concessions. Les agents de Montreuil sont aussi équipés de tablettes, pour fournir des informations aux visiteurs lorsqu'ils sont en déplacement dans les allées du cimetière.
En parallèle de ces transformations au sein des communes, d'autres pratiques viennent défier les acteurs privés du funéraire. Dans le champ de l'économie collaborative, un portail baptisé "Memory Forever" propose par exemple de passer par des particuliers pour entretenir et fleurir la tombe d'un proche : une manière aussi de faire considérablement baisser les prix de ces prestations. Reste à savoir quel sera l'impact de ces nouvelles pratiques sur la gestion publique des lieux de sépulture et le maintien d'un esprit de recueillement dans leur enceinte.

 

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