Quand une maison de santé pluridisciplinaire pose les bases d'un contrat local de santé (65)

La maison de santé pluridisciplinaire du Magnoac a construit son projet territorial de santé une fois installée et en activité. Aujourd'hui, ce projet peut servir de base à la conclusion d'un contrat local de santé. La démarche est même recommandée par les agences régionales de santé. Pour le président de la communauté de communes du Magnoac, cette expérience fait la démonstration que la coopération ne se décrète pas, et encore moins entre professionnels de santé.

D'ordinaire, une maison de santé doit d’abord établir un projet médical de territoire pour obtenir l'agrément d’une ARS. Cette dernière veut ainsi s’assurer que le projet ne se réduit pas à la simple construction d’un bâtiment réunissant des professionnels hors sol, mais qu'il améliore effectivement la prise en charge des patients. A la communauté de communes du Magnoac (Hautes-Pyrénées, 29 communes, 4.000 habitants), ce travail a été réalisé en quelque sorte "à l'envers" : tout simplement parce que le label n'existait pas à l'époque et qu'il n'y avait donc pas de phasage à suivre. C'est une fois les professionnels installés dans la maison de santé pluridisciplinaire que le contrat local de santé a été élaboré. Pour le président de la communauté de communes, Bernard Verdier, ce phasage confirme son intuition : "La coopération ne se décrète pas, et encore moins entre des professionnels de santé."

La pratique avant la théorie

"Les professionnels de santé ont très vite ressenti la nécessité de clarifier et d'organiser leur coopération au sein de la maison de santé", poursuit l’élu. Leur pratique quotidienne les a naturellement conduits à des questionnements qui ont trait au projet territorial de santé : "Comment faire pour qu’une structure regroupée comme celle de la maison de santé pluridisciplinaire profite au maximum à la population ? Quels sont les attentes et besoins spécifiques en termes de santé sur ce territoire ? Quels partenariats mettre en œuvre pour que ce projet médical soit opérationnel ?" D’où la décision de la communauté de communes de lancer un travail de réflexion associant les professionnels de la santé, pour élaborer avec eux les bases du contrat local de santé.

Un projet politique porté par des praticiens mobilisés et des élus très présents

Les praticiens se sont réellement impliqués. Et sans condition préalable, alors qu'au lancement de la réflexion sur la maison de santé pluridisciplinaire, une indemnisation avait été prévue afin de s'assurer de leur participation aux réunions grâce à des aides du fonds d'Intervention pour la qualité et pour la coordination des soins. "Là, nous n'en avons pas eu besoin, car depuis l'ouverture de la maison de santé, les médecins ont adopté des pratiques plus collectives", observe le président de la communauté de communes. La méthode a été "classique", avec un cycle de réunions pendant 18 mois à périodicité variable selon les thématiques abordées (hebdomadaire, bimensuelle ou mensuelle).
La coordination a été assurée par un chargé de projet du syndicat mixte du pays des Coteaux de Bigorre. "C’est une autre clé de réussite, observe l’élu. D’abord parce que les médecins n'ont pas le temps de mener cette tâche, ensuite parce que ce chargé de coordination veille à la présence des élus. L’implication de ces derniers est essentielle, car la lutte contre la désertification médicale est un problème d'aménagement du territoire, dont la solution ne peut passer que par un projet politique", tient à souligner l'élu. Cette implication a permis l’autre condition de réussite, telle que formulée par le président de la communauté de communes : "privilégier l’élaboration du projet en interne, plutôt que la déléguer l’extérieur, car c'est une affaire intime qui appartient à un territoire". C’est ainsi que le projet de santé de la communauté s’est structuré autour de quatre axes : la coordination des praticiens et la formalisation de l'engagement collectif ; le dépistage et l'identification des fragilités du public âgé ; la prise en charge concertée de patients diabétiques de type 2 ; les problématiques de santé publique (cancer, Alzheimer, obésité, couverture vaccinale). De là découlent des fiches actions.

Solidarité territoriale et mutualisation à plus grande échelle

Au fil du temps, les petites révolutions dans l'exercice des professionnels de santé se sont enchaînées. Avec comme ferment une nouvelle solidarité professionnelle. C’est ainsi que les praticiens, focalisés au départ sur la maison de santé pluridisciplinaire, ont ensuite voulu coopérer également avec l'hôpital de Lannemezan, située à 20 km environ. "Ils ont privilégié cet hôpital de proximité, alors qu'auparavant, ils avaient tendance à envoyer leurs patients sur les hôpitaux de Tarbes, Auch ou Saint-Gaudens, explique l’élu. Résultat : alors que l’hôpital de Lannemezan était menacé en 2009, aujourd'hui il a conforté son activité et renforcé son attractivité."
Pour le président, cette évolution depuis 2009 "apporte la preuve qu'en organisant les soins avec la notion de territoire et de complémentarité, on introduit de la cohérence et de l’efficacité, et donc en quelque sorte de la rentabilité". Ce qui, en bout de course, conforte aussi bien les soins de premier recours que les hôpitaux de proximité. Deux enjeux majeurs pour les territoires ruraux.

Emmanuelle Stroesser / Agence Traverse pour la rubrique Expériences des sites www.mairieconseils.net et www.localtis.info
 

Communauté de communes du Magnoac

Nombre d'habitants :

3534

Nombre de communes :

25

Bernard Verdier

Maire de Castelnau-Magnoac, président de la communauté de communes, président du syndicat mixte du pays des Coteaux

Syndicat mixte du pays des Coteaux de Bigorre

Mairie de Castelnau-Magnoac, 16 rue du Corps-Franc-Pommiès
65230 Castelnau-Magnoac

Valérie Rascalone

Chef de projet

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