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Social / Economie - Que serait la consommation des ménages sans la collectivité ?

Dans sa dernière livraison d'"Insee Première", l'Institut livre les résultats d'une étude intéressante sur la prise en charge de la consommation des ménages par la collectivité. La conclusion, qui sert de titre à la note, est qu'"en 2015, la collectivité prend en charge un quart de la consommation des ménages". Depuis 1960, la part des dépenses socialisées dans le PIB s'est fortement accrue, passant de 9,6% à 17,6% en 2015, avec une accélération sensible lors des années de ralentissement économique (par exemple, +1,1 point en 2009).

Santé, enseignement, action sociale et logement en tête

Quatre secteurs concentrent l'essentiel de cette dépense socialisée : la santé, l'enseignement, l'action sociale et le logement. En matière de santé, la dépense de 209,6 milliards d'euros en 2015 est ainsi socialisée à 74% (154,7 milliards d'euros pris en charge par la sécurité sociale). Ce taux recouvre toutefois des écarts importants selon le type de dépenses : la socialisation de la dépense est de 92% pour les services hospitaliers, mais de 61% pour les services non hospitaliers (essentiellement la médecine de ville) et de 60% pour les biens médicaux.
Si la part socialisée des dépenses de santé a connu une évolution contrastée depuis 1960 (elle tend aujourd'hui à se stabiliser), il n'en va pas de même en matière de logement. Ainsi, sur le montant de 68,8 milliards d'euros de loyers dus en 2015 par les ménages, ceux-ci n'en ont acquitté en réalité que 53,2 milliards, le reste - soit 15,6 milliards d'euros - étant financé via des aides versées par les administrations publiques, soit au ménage, soit directement au bailleur. Cette part socialisée représente aujourd'hui près de 23% de la dépense totale et elle n'a cessé de progresser depuis 1960, au fur et à mesure de la mise en place de nouvelles aides (dont notamment l'APL en 1977).

Une dépense d'action sociale socialisée à 70%

En matière d'action sociale - qui représente une consommation des ménages de 79,5 milliards d'euros -, la part socialisée représente 55,1 milliards, soit 69% du total. Ces 69% se répartissent en 40% pour les administrations publiques (dont les collectivités territoriales) et 29% pour les ISBLSM (institutions sans but lucratif au service des ménages). Ce concept de la comptabilité nationale correspond aux institutions produisant des services non marchands pour les ménages ou vendant aux ménages des services marchands sans but lucratif. Dans le champ social, il recouvre essentiellement les établissements d'hébergement privés sans but lucratif pour l'enfance, les personnes handicapées et les personnes âgées. Leur part tend toutefois à se réduire, alors que celle des administrations publiques a véritablement explosé, passant de 23% de la dépense totale en 1960 à 40% en 2015.
Le dernier secteur est celui de l'éducation, dont le taux de socialisation des dépenses des ménages frise celui des services hospitaliers, soit 90%. Avec toutefois un petit bémol : depuis le début des années 2000, le reste à charge des ménages tend à augmenter. Une évolution "due en partie au dynamisme des dépenses de formation continue et de formation pour adultes".
A noter, l'étude de l'Insee évoque également d'autres secteurs, moins importants en volume, mais également fortement socialisés : c'est le cas en particulier des dépenses de culture et de loisirs (avec seulement 17% de reste à charge pour les ménages), mais aussi celui des emplois à domicile, où la dépense socialisée a fortement augmenté au milieu des années 2000 avec l'apparition du Cesu (chèque emploi service universel), financé notamment par les départements. 

 

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