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TIC - Quelle place pour les villes dans la stratégie numérique européenne ?

La secrétaire d'Etat à la Prospective et au Numérique, Nathalie Kosciusko-Morizet, représentait la France au Conseil européen des télécommunications, à Bruxelles le 31 mai. Cette dernière réunion ministérielle sous présidence espagnole a permis d'adopter l’agenda numérique européen pour les 10 ans à venir. A son issue, les représentants ont notamment tenu à attirer l'attention des chefs d'Etat ou de gouvernement sur l'importance que revêt la stratégie numérique pour le développement économique et social, en vue des débats qui se tiendront à ce sujet lors du Conseil européen ce mois-ci. C'est à cette date que devrait être arrêtée la stratégie "Europe 2020" pour une croissance "intelligente, durable et inclusive". En matière de numérique, l'objectif est notamment de constituer "un marché unique numérique basé sur l'internet rapide et ultrarapide et des applications interopérables", comme annoncé par la commissaire Nelly Kroes dès le 19 mai. Dans son volet sur les infrastructures, le plan prévoit ainsi que tous les citoyens européens puissent avoir accès à l'internet haut débit d'ici à 2013 et au très haut débit d'ici à 2020. Mais cette nouvelle feuille de route prend pour la première fois en compte la politique numérique dans ses autres dimensions.

Droit à l'oubli et e-démocratie

Depuis sa prise de fonctions, Nathalie Kosciusko-Morizet plaide d'ailleurs pour que la politique européenne, historiquement centrée sur la nécessaire régulation des télécoms, fasse toute sa place au développement des usages, des applications et des contenus. Pour y parvenir, l'UE prévoit donc de déployer son action autour de priorités telles que : le soutien aux PME et à l’innovation, le respect de la neutralité du net, une meilleure protection du consommateur, la simplification des marchés publics européens, le cloud computing ou l’internet des objets. A l’heure où des acteurs dominants comme Facebook et Google reconnaissent que leur gestion des données personnelles mérite d’être plus protectrice et plus transparente, ce Conseil a également été l’occasion pour la secrétaire d’Etat d’appeler ses collègues et la Commission à réaffirmer le modèle européen protecteur de la vie privée, et notamment un "droit à l'oubli numérique".
En parallèle, le député-maire d'Issy-les-Moulineaux, André Santini, avait rencontré la commissaire Nelly Kroes le 28 mai à Bruxelles. Cet entretien s'est déroulé dans le cadre de la réunion du bureau exécutif du Global Cities Dialogue (GCD), un réseau associatif international de 200 maires engagés à promouvoir une société numérique durable, que préside l'élu local. Si la future stratégie européenne repose sur l’idée d'une utilisation intelligente de la technologie pour régler les problèmes de la société et améliorer la qualité de vie des citoyens, les villes ont un "rôle majeur" à tenir dans ce développement de la société numérique, a soutenu André Santini. Nelly Kroes lui a assuré, ainsi qu’aux villes présentes (Metz, Luxembourg, Cologne, Helsinki), qu'elle avait "besoin" des élus locaux : "Je suis consciente que nous avons besoin d’une coopération étroite avec vous pour notre stratégie numérique. 80% des européens vivent et travaillent dans des villes. Nous sommes éloignés de la réalité du terrain au niveau européen, et vous pouvez servir de pont entre nous et la population. La commission sera là pour vous accompagner à avancer", a-t-elle conclu. Le "cercle vertueux de l'économie numérique" devrait bien profiter au niveau local pour améliorer les possibilités d’emploi, la qualité et le rapport coût-efficacité des services publics, la pratique du gouvernement et de la e-démocratie.

 

Luc Derriano / EVS