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Société - Rapport du Secours Catholique : une précarité plus élevée chez les jeunes

La rigueur se durcit, la pauvreté aussi ! Si cette dernière n'épargne a priori plus personne, "l'extrême précarité de la situation des jeunes" recueillis dans les centres d'accueils du Secours Catholique amène l'association - qui publie aujourd'hui son rapport annuel de statistiques sur l'état de la pauvreté en France -, à proposer 17 solutions pour réajuster les politiques mises en œuvre. Le rapport annonce, sans grande surprise étant donné la conjoncture, que le nombre de personnes accueillies dans les centres du Secours en 2010 est supérieur de 2,3% par rapport à 2009, avec 1.492.000 personnes reçues (dont 702.000 enfants), et que la situation des plus précaires continue à se dégrader.
Derrière ce constat, les sempiternels maux qui persistent année après année : difficultés d'accès à l'emploi, aux formations, à la santé, au logement, aux aides même si le RSA bénéficie à 35% des personnes reçues. Avec, à la clé, une conséquence évidente : l'éloignement du monde du travail et l'isolement des personnes en état de précarité... Ce qui inquiète le Secours Catholique au-delà de ce constat, y voyant une "vraie question de société", c'est la hausse de la demande alimentaire (53,3% des personnes) malgré le niveau supérieur de formation des personnes rencontrées (39,8% ont le niveau secondaire contre 36,6% n'ayant pas dépassé le primaire), la hausse du niveau de vie moyen des ménages (576 euros en 2010, une progression de 5% par rapport à 2009) et une diminution du nombre de ménages sans aucune ressource (14,8% en 2010, 16,1% en 2009).
Parmi ces personnes démunies qui franchissent le seuil des centres d'accueil du Secours Catholique, un nouveau visage de la pauvreté apparaît sous les traits de jeunes âgés de 18 à 24 ans. Les données recueillies dans ces lieux - couplées avec une étude menée en mars et avril 2011 auprès des 18-25 ans - ne font que préciser ce qui se dessine depuis une dizaine d'années : les jeunes subissent de plein fouet la crise économique et sociale (ils représentent 12% des dossiers des centres) car ils cumulent tous les risques. Pourtant plus qualifiés que les plus de 25 ans (13,7% ont fait des études supérieures, contre 11,2%), cette tranche d'âge souffre d'emplois précaires, peine à s'établir professionnellement (le chômage des 18-25 ans soutenus par le Secours est plus important de 7 points par rapport à 2000), a peu de ressources (784 euros par mois), se retrouve ainsi très tôt et très vite en situation précaire, et vit très souvent dans des substituts de logements ou "hébergements alternatifs" (pour 36,1% d'entre eux). 30.5% des 18-25 ans rencontrés par le Secours Catholique ne dispose d'aucune ressource et 40,2% sont au chômage.
Devant ce constat, le Secours Catholique souhaite - parmi ses 17 propositions - la création d'une allocation de soutien à l'autonomie des jeunes et l'extension du RSA "activité" dès 18 ans. Si beaucoup vivent encore chez leurs parents, leur présence tardive devient pour des familles souvent elles-mêmes en difficulté "une prise en charge qui pèse lourdement sur le budget du foyer". D'où l'une des mesures demandées par l'association : que soient maintenues les prestations familiales jusqu'aux 20 ans du dernier enfant rattaché au foyer.

Jeunes, une génération précaire

L'étude menée en mars-avril auprès d'un échantillon de jeunes de 18-25 ans établit six catégories de "jeunes" pour lesquelles d'autres mesures sont souhaitables (liste détaillée dans le rapport ci-contre). Parmi eux figurent les jeunes en extrême précarité (17%), qui sont en général des hommes étrangers d'Europe de l'Est et d'Afrique subsaharienne sans titre de séjour arrivés depuis peu en France ou de jeunes Français en rupture avec leur famille et qui ont pour point commun de vivre dans la rue et de n'avoir pour aide que les associations (90,2% de ces jeunes sont sans ressources, un chiffre conséquent pourtant en baisse de 4%...).
Les jeunes en recherche d'emploi ou en formation (21%) sont pour la plupart des hommes, célibataires, étudiants ou en formation, issus de classes défavorisées, en rupture familiale, ayant de grosses difficultés à accéder à un logement stable et pouvant donc rapidement se retrouver dans la première catégorie.
Les jeunes travailleurs (14%), ceux que l'on nomme aussi les travailleurs pauvres, sont quant à eux pour la plupart de jeunes françaises au chômage indemnisé ou en emploi précaire. Leurs ressources très irrégulières les fragilisent et ne leur permettent pas d'avoir une vie descente malgré leurs revenus. La catégorie des jeunes mères célibataires bénéficiaires du RSA (22%) est constituée par des familles monoparentales avec un ou plusieurs enfants. Ces femmes ne bénéficient que de transferts sociaux, souvent locataires dans le parc social. Seul l'accès à l'emploi ou à une formation pourrait leur permettre de sortir de leur situation. S'agissant des jeunes familles étrangères (9%), leur profil est sensiblement le même que la catégorie précédente, avec un handicap en plus : celui de mal maitriser la langue française et, souvent, de ne pas être régularisées administrativement. La dernière catégorie, les jeunes familles francaises (17%), a souvent un emploi, une famille et des proches. Ces familles s'en sortent parce qu'elles ne sont pas isolées mais demeurent si fragiles que le moindre événement peut les faire basculer dans la pauvreté.
Si l'association reconnaît qu'il est difficile d'apporter des réponses à la situation des ménages français (70,8% des situations rencontrées), des ménages de nationalités étrangères (29,2%, +10% depuis 1999) ou aux jeunes, et s'il prouve qu'il ne faut abandonner aucune catégorie,  il met l'accent sur la nécessité d'investir dans ces nouveaux précaires, "ces jeunes qui portent l'avenir de notre société". Les 17 propositions sont ainsi ordonnées en six thèmes : autonomie et ressources  ; mobilité formation emploi (en demandant à ce que les missions locales deviennent des chefs de fil d'une politique territoriale ambitieuse en faveur de ces jeunes précaires) ; insertion sociale et citoyenne (avec une vraie montée en puissance du service civique notamment) ; logement hébergement (avec entre autres l'idée de développer une offre de logements de transition...,) ; justice (l'éducatif doit primer pour le Secours sur le coercitif) et parentalité (avec le souhait parmi d'autres que tout enfant n'étant pas né en France et ayant grandi sur le territoire doit pouvoir bénéficier d'un titre de séjour ou de la nationalité française à sa majorité).
Le dernier pourcentage à retenir, comme une lueur d'espoir dans ce rapport, est que pour 42,3% des jeunes interrogés dans cette étude le voeu le plus cher est d'avoir un travail.

 

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