Un peu partout devant les mairies de France, des rassemblements à géométrie variable

De nombreuses communes avaient suivi ce lundi l'appel du président de l'Association des maires de France à une "mobilisation civique" en réunissant élus et citoyens devant les mairies. Au-delà des villes les plus touchées par les violences, les maires ruraux s'étaient joints à l'appel. Les maires de petites villes ont rappelé que nombre de leurs quartiers ont eux aussi été le théâtre de violences et de dégradations et ne doivent d'ailleurs pas être les oubliés de la politique de la ville.

Des rassemblements ont eu lieu comme prévu, ce lundi 3 juillet à midi, devant les mairies de France en soutien au maire de L'Haÿ-les-Roses visé par une agression à la voiture-bélier et, au-delà, contre les violences aux élus et pour "le retour à la paix civile", tel que l'avait exprimé dimanche le président de l'Association des maires de France (AMF), David Lisnard, à l'initiative de ce moment (voir notre article).

La plus emblématique de ces manifestations a pris la forme d'une "marche solidaire" d'un millier d'élus et d'habitants à L'Haÿ-les-Roses, cette ville de 30.000 habitants au sud de Paris, non pas à midi mais à 15h. Le maire LR Vincent Jeanbrun a marché derrière une banderole "Ensemble pour la République !". En tête de cortège avaient pris place des ténors de son parti, dont le président du Sénat Gérard Larcher, la présidente de la région Île-de-France Valérie Pécresse et le patron des Républicains Eric Ciotti, mais aussi la cheffe de file des députés Renaissance Aurore Bergé. "C'est la démocratie elle-même qui est attaquée", a estimé le maire devant son hôtel de ville. Emmanuel Macron s'est d'ailleurs entretenu au téléphone avec Vincent Jeanbrun. "On va bâtir ensemble les solutions", lui a assuré le chef de l'Etat, d'après des propos rapportés par son entourage. Ce mardi en milieu de journée, il rencontrera les maires de "plus de 220 communes victimes d'exactions" à l'Elysée "pour leur renouveler son soutien".

Autre lieu évidemment très symbolique, Nanterre, où une centaine d'habitants et d'employés de la mairie s'étaient réunis devant l'hôtel de ville. "Depuis mardi, les nuits ont été difficiles pour les habitants (...). Les violences qui se sont succédé sont inacceptables, le temps est à l'apaisement", a déclaré le maire, Patrick Jarry (DVG). "Nous ne perdons pas de vue le point de départ de cette situation, cette exigence de justice qui continue d'exister", a poursuivi l'élu devant la presse.

Toujours en banlieue parisienne, à Saint-Denis, une trentaine d'élus (maires, députés, le président du département, Stéphane Troussel, la présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse) et près de 200 personnes ont assisté à la cérémonie. Un rassemblement "pour dire non aux violences contre les élus", a déclaré le maire PS, Mathieu Hanotin, très ému. "Je veux que nous apportions notre condamnation la plus ferme de cet acte inqualifiable (...), j'appelle à l'ordre républicain pour que la justice puisse se faire", a-t-il ajouté.

Les rassemblements ont été particulièrement suivis dans les communes très touchées par les violences urbaines. Près de 200 personnes se sont ainsi réunies devant la mairie de Mons-en-Baroeul (Nord), incendiée dans la nuit de mercredi à jeudi. "Finalement, ce rassemblement assez spontané nous encourage. Les jeunes qui ont fait ça, ils se tirent une balle dans le pied. Les guichets qui ont été impactés, ce sont les services publics à tous les Monsois", a déclaré le maire Rudy Elegeest.

"Parce que nous agissons, nous sommes menacés, nous sommes insultés, nous sommes agressés. Cela ne peut plus durer", a lancé de son côté Thierry Falconnet, maire PS de Chenôve, commune populaire de la banlieue de Dijon. Près de 300 personnes se sont rassemblées à Brest, et quelque 200 à Toulouse. A Paris, Anne Hidalgo a répété condamner "sans aucune réserve les violences comme les atteintes contre les biens et les personnes". "Pour moi, la République est laïque et sociale, elle est fraternelle, et aujourd'hui nous manquons de social, sans doute de laïcité et beaucoup de fraternité", a ajouté la maire socialiste. A Strasbourg, la maire Jeanne Barseghian (EELV) s'est dite "aux côtés de nos élus pour faire en sorte que vive notre République, pour assurer le bien vivre de nos habitants".

David Lisnard qui avait, donc, appelé dimanche à cette "mobilisation civique", a déclaré depuis Cannes que ces rassemblements étaient ceux d'une "France qui veut la paix, la sécurité, la liberté, qui sait que l'ordre précède la justice".

Ne pas oublier les petites villes

Dans nombre de communes rurales aussi, rendez-vous avait été donné. Certes pas partout. "Je suis allée devant la mairie à 12h comme demandé par le maire de Cannes ; nous étions quatre, personne de la mairie, pas de sirène à midi. Le maire et les habitants ne se sentent pas concernés par la situation de la France ?", s'est par exemple interrogée une administrée dans un village de 3.900 habitants du Grand Est. En tout cas, l'Association des maires ruraux de France s'était associée à l'appel de l'AMF, écrivant : "L’escalade des faits ignobles de ces derniers jours s’ajoute aux agressions et faits insidieux, trop nombreux, qui touchent les élus. Des agressions verbales aux violences physiques. Maintenant ça suffit ! Ce message s’adresse à la population mais aussi à l’Etat et aux parlementaires". L'AMRF, qui avait invité les gendarmes à être présents aux côtés des maires, avait d'ailleurs diffusé lundi matin un modèle de discours dont pouvaient s'inspirer les élus.

Autre association d'élus ayant communiqué ce lundi : l'Association des petites villes de France (APVF), pour souligner notamment que la "flambée de violence a touché non seulement les quartiers populaires des métropoles et de l’Ile-de-France mais aussi et très largement nombre de quartiers de villes, petites et moyennes, là où le manque d’effectifs de sécurité se fait cruellement sentir et où les moyens sont les moins adaptés". En sachant qu'un certain nombre de petites villes (entre 2.500 et 25.000 habitants) membres de l'APVF sont "aussi" des villes de banlieue. On songe par exemple à Cenon, commune limitrophe de Bordeaux, qui avait accueilli le congrès de l'association en 2021. La ville a connu des dégradations ces derniers jours et a d'ailleurs instauré un couvre-feu.

L'APVF a ainsi lancé "un appel aux responsables gouvernementaux, associatifs, culturels, sportifs et religieux", mentionnant aussi le "sens des responsabilités des familles et des parents pour contribuer au retour à une situation normale". Au-delà du court-terme, l'association estime indispensable de "changer de braquet dans le domaine de la politique de la ville" et, entre autres, de "mettre l’accent sur le retour d’une vraie police du quotidien" à même de rétablir le "dialogue avec les jeunes de ces quartiers" et de jouer "un véritable rôle de médiation".

Soulignant que "trop de petites villes ne bénéficient pas des dispositifs REP+", l'association prévient qu'elle veillera à ce que "les quartiers des petites villes ne soient pas exclus des dispositifs de la nouvelle géographie prioritaire des quartiers actuellement en discussion".

 

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