Recycler les pneus, éliminer les déchets amiantés : la communauté d'agglomération Artois Comm. donne l'exemple

Six déchetteries de la communauté d'agglomération Artois Comm. traitent dorénavant les déchets contenant de l'amiante, comme les plaques ondulées en fibrociment, les plaques supports de tuiles, les produits de cloisonnement ou de doublage, les gaines d'aération, les éléments composites assemblées par collage. Elles traitent aussi les pneus usagés apportés par les particuliers.

La communauté d'agglomération de l'Artois, Artois Comm. (210.000 habitants), regroupe cinquante-huit communes dont la plus importante est Béthune (27.800 habitants).
Depuis 1996, des déchetteries étaient exploitées par le district de l'Artois. Quand la collecte sélective des ordures a été mise en place, la compétence a été confiée à la communauté d'agglomération. Le service de la collecte des déchets ménagers, la collecte sélective et la collecte des déchets verts est assuré à 100% par la régie communautaire comme l'exploitation des déchetteries. Pour la valorisation et le traitement des déchets réceptionnés dans les déchetteries, Artois Comm. recrute ses prestataires par appel d'offres, parmi des sociétés privées. Sur le territoire de la communauté d'agglomération, environ 90.000 tonnes de déchets annuels sont produits. 22.000 sont recyclées grâce au tri sélectif et 28.000 tonnes de déchets verts sont compostées et le compost est valorisé par la filière agricole.
Le centre de tri, avec une capacité annuelle de 16.500 tonnes, est exploité par la société Coved. L'usine d'incinération est gérée par une SEM d'exploitation.

 

En finir avec les dépôts sauvages et dangereux

Les six déchetteries réparties sur le territoire proposent différents services : déchetterie, centre de compostage, centre de tri sélectif, ordures ménagères...
On peut y déposer papier, déchets verts (également ramassés au porte-à-porte une fois par semaine d'avril à novembre), gravats, fer, verre (bacs dans les communes et ramassage porte-à-porte), encombrants (électroménager...), meubles (ceux qu' Emmaüs ne peut récupérer).
"C'est une demande de plusieurs particuliers qui est à l'origine de l'accueil de nouveaux types de déchet. Il n'y avait pas de lieux où déposer les pneus ou se débarrasser de produits contenant de l'amiante... et la communauté se heurtait à des dépôts sauvages et dangereux", explique Marcel Coffre, vice-président de la communauté d'agglomération de l'Artois aux équipements tri des déchets ménagers et assimilés et maire de Marles-les-Mines où se trouve une des déchetteries.
Pour pouvoir accueillir ces types de déchets, deux enclos spécifiques, fermés, sur une dalle en béton, ont été construits dans chacune des six déchetteries. Les modalités de gestion sur chaque site et l'évacuation des produits font l'objet d'une validation préalable, avec les services préfectoraux pour l'amiante-ciment (arrêté complémentaire) et avec la société Aliapur pour la filière pneus. La construction de chaque enclos a représenté un coût de 5.140 euros hors taxes. Les travaux ont été  financés par l'Ademe, la région Nord-Pas-de-Calais et la communauté d'agglomération.

 

510 tonnes de pneus et 500 tonnes d'amiante-ciment déjà récupérés

Un premier enclos accueille les "big-bag" (grands sacs extrêmement résistants) dans lesquels sont déposés les déchets amiantés. Ils sont ensuite transportés par camions dans un centre d'enfouissement. Le traitement d'une tonne d'amiante revient à cent euros.
Un second enclos grillagé permet la dépose des pneus usagés. Chaque semaine les déchets pneus sont acheminés par camion à Béthune puis pris en charge par Aliapur. Pour les pneus, il en coûte le prix de l'acheminement par camion.
Ces deux types de déchets peuvent être déposés en déchetteries exclusivement le jeudi (matin ou après midi selon les lieux). En 2006, 510 tonnes de pneus et 500 tonnes d'amiante-ciment ont été récupérés dans les déchetteries.
Compte tenu des problèmes de santé avérés, les personnes en contact avec l'amiante travaillent entièrement équipées de combinaisons spéciales et de masques. Une à deux personnes travaillent en permanence dans les déchetteries (deux personnes par déchetterie, soit douze personnes à temps plein avec un renforcement temporaire des équipes) et parfois une troisième les jeudis. Ces déchetteries sont en libre accès pour les particuliers de la communauté d'agglomération qui doivent cependant présenter une facture justifiant de leur domicile pour y avoir accès. Une carte d'accès est aujourd'hui à l'étude pour contrôler la fréquentation des déchetteries par les habitants de l'agglomération.

 

Aller voir ailleurs et prévoir les coûts

Selon Marcel Coffre, avant de se lancer dans ce type de projet, il faut surtout aller voir d'autres réalisations. Artois Comm. s'est rendu deux jours dans une structure belge dont le savoir-faire les a beaucoup aidés. Il faut également prévoir les coûts (tri et recyclage), notamment pour les habitants. "Même si nous vendons des matières à recycler, comme le fer, le verre... d'autres filières nous font payer." C'est notamment le cas pour les gravats, les déchets de fibrociment, le bois et les vieux meubles. Le poste le plus important est le coût du personnel, sachant que les six déchetteries sont ouvertes cinq jours et demi par semaine (du mardi au samedi de 9h20 à 18h et le dimanche et jours fériés de 9h20 à 12h).
Enfin il faut communiquer. Tous les ans, un document de quatre pages est distribué dans chaque foyer. Il précise les adresses des six déchetteries, explique ce qu'il est possible d'y déposer, quels jours, sous quelles conditions, et les dates de ramassage des déchets verts. En 2006, des informations sur l'amiante-ciment et les pneus ont été apportées. On les trouve également sur le site de l'agglomération. Enfin un numéro de téléphone Azur complète ces outils d'information. Il répond à toutes les questions complémentaires relatives à la collecte et au traitement des déchets (problèmes divers, matériel endommagé, informations pratiques...).
L'agglomération étudie aujourd'hui le mode de recyclage des déchets électroniques, ordinateurs, néons... Des appels d'offres sont en cours. De même, dans le cadre du plan Climat de l'agglomération, une réflexion est en cours sur les actions à mettre en place, par exemple le développement du compostage à domicile ainsi que d'autres actions visant la réduction des déchets à la source.

 

Nathalie Froissart, pour la rubrique Expériences des sites Mairie-conseils et Localtis

Communauté d'agglomération de l'Artois, Artois Comm.

Hôtel communautaire - 100, Avenue de Londres - BP 548
62411 Bruay-la-Buissière cedex
contact@agglo-artoiscomm.fr

Marcel Coffre

Vice-président, maire de Marles-les-Mines

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