Réforme du lycée professionnel : Carole Grandjean modère sa position

Les quatre groupes de travail ont remis leurs pistes de réforme du lycée professionnel à Carole Grandjean. La ministre déléguée reconnaît "l’absence de consensus" sur l’augmentation de 50% de la durée des stages.

Plus de trois mois après le lancement des concertations sur l’avenir du lycée professionnel (voir notre article du 21 octobre), les quatre groupes de travail chargés de dresser le "menu" de la réforme ont livré leurs propositions, rassemblées en six thématiques : aide à l’orientation au collège, accompagnement de la scolarité au lycée, lutte contre le décrochage scolaire et réorientation, découverte du monde professionnel, poursuite d’études dans le supérieur, aide à l’insertion dans la vie active. Reçus vendredi 27 janvier par la ministre déléguée chargée de l’Enseignement et de la Formation professionnels, Carole Grandjean, les parties prenantes (organisations syndicales, enseignants, membres de la communauté éducative…) ont remis ensemble non moins de 247 mesures, compilées dans le "dossier du participant" (en téléchargement ci-dessous).

Charge à l’ex-parlementaire d’en faire la synthèse, toujours dans la concertation puisque de nouvelles discussions bilatérales doivent démarrer en février et mars avec les organisations syndicales de personnels, des chefs d’établissement, des branches interprofessionnelles, des représentants d’élèves et de parents d’élèves ainsi que les régions. Au printemps 2023, des travaux et expérimentations sur la base des conclusions des groupes de travail seront également lancés.

"Repenser" les périodes de stage

Des discussions qui viennent tout juste de s’achever, la ministre tire déjà quelques premières conclusions. Si la gratification des périodes de stage reste bel et bien au programme pour la rentrée prochaine – sans précisions sur les modalités de rémunération à ce stade –, l’idée phare d’en augmenter les durées de 50% n’a pas fait consensus. Une position entendue par Carole Grandjean, qui reconnaît désormais que cette étape pourrait être trop précoce pour des jeunes peu matures ou n’ayant pas les codes du monde du travail. "Cette augmentation de 50% à tous les niveaux et tout au long de leur parcours n’est pas forcément aussi indispensable que cela", a-t-elle souligné lors d’un point presse, ajoutant que "certaines modalités pourraient être tout aussi enrichissantes pour permettre une augmentation peut-être sur la dernière année, ou à d’autres moments".

La ministre s’est dite ouverte, donc, à l’idée de "repenser" les périodes en milieu professionnel, d’autant plus que le "prolongement des cursus" constitue à l’inverse "une proposition largement partagée". Une période peut-être plus propice au travail sur l’insertion professionnelle. "J’ai entendu l’appel d’envisager la capacité de faire des années complémentaires, de permettre d’approfondir le CAP ou le bac pro, par une année SAS, complémentaire, d’accélération, peu importe l’intitulé, mais de poursuivre, finalement, un corpus d’enseignement et d’expérience", a-t-elle déclaré.

La découverte des métiers élargie à de nouveaux collèges

Concernant la carte des formations, la ministre annonce sans en dire plus "des bougés" à la rentrée avec de nouveaux cursus, affichant l’ambition de proposer des parcours en lien avec les métiers d’avenir qui se préciseront dans le cadre de l’appel à manifestation d’intérêt "Compétences et métiers d’avenir" de France 2030 (lire notre article du 16 janvier 2023)

Aujourd’hui testée dans 600 collèges, l’expérimentation de la découverte des métiers dès la classe de 5e sera élargie dès la rentrée prochaine. "Nous souhaitons travailler fortement avec les régions sur les questions de découverte des métiers", a indiqué Carole Grandjean, pointant le problème de l’orientation scolaire subie, point qui est ressorti dans le cadre des groupes de travail. Afin de lutter contre le décrochage scolaire, elle relève l’idée que d’anciens élèves reviennent dans leur collège pour évoquer leur parcours en lycée professionnel ou en lycée général.

La relation des élèves avec le monde des entreprises impliquera, lui, de travailler à "un maillage territorial qui réponde à l’attente de tous les lycées de tous les territoires". La ministre évoque la mobilisation du plan "1 jeune 1 mentor" (voir notre article du 21 janvier 2022).