"Réforme du travail" et du RSA : un texte sera prêt "dès cet été"

Emmanuel Macron a fait savoir qu'un projet de loi de "réforme du travail" est pour bientôt. Notamment pour réformer l'assurance-chômage. Mais il a aussi évoqué une réforme du RSA et un volet formation avec, entre autres, la réforme des lycées professionnels.

Le président de la République a indiqué, lors de son interview télévisée du 14 juillet (voir aussi notre article de ce jour relatif au volet énergie et climat de ses propos), qu'après le projet de loi "pouvoir d'achat" et le projet de loi de finances rectificative, en cours d'examen à l'Assemblée, qu'un texte de loi sur la réforme du travail suivra "dès cet été".

Ce texte, qui fera l'objet de "discussions avec les partenaires sociaux", concernera au premier chef l'assurance-chômage. Pendant la campagne, Emmanuel Macron avait effectivement évoqué une modulation de l'indemnisation du chômage, avec des règles plus dures quand le taux de chômage est bas. Mais l'annonce le 14 juillet d'un projet de réforme pour "aller plus loin" a un peu dérouté sur le timing. Deux jours plus tôt, le ministre du Travail, Olivier Dussopt, avait en effet indiqué que les règles d'indemnisation des chômeurs, qui expirent le 31 octobre, seraient prolongées le temps d'évaluer leur "utilité". "Nous avons quelques mois de recul seulement", avait expliqué le ministre, puisque la réforme précédente, datant de 2019, avait été retardée pour cause de Covid et de recours juridiques. "On a été un peu surpris de l'annonce du Président", a par exemple réagi le syndicaliste Michel Beaugas (FO), assurant que "le ministère nous avait seulement parlé d'une concertation sur la gouvernance de l'assurance-chômage".

"Le coeur de la bataille que je veux mener dans les prochaines années c'est le plein emploi", a insisté le chef de l'État, réitérant son credo : "Nous devons travailler plus et plus longtemps" afin de financer la protection sociale, de ne plus "augmenter la dette" et de "créer de la richesse". Relevant les difficultés de nombreux secteurs à recruter (selon Emmanuel Macron, son fameux "il suffit de traverser la rue" est "encore plus vrai aujourd'hui"), il a dit "entendre" ceux qui veulent "aller vers un autre métier" mais pas ceux qui comptent avant tout "bénéficier de la solidarité nationale pour réfléchir à [leur] vie". "Il n'y a pas de modèle social s'il n'y a pas du travail pour le financer".

Dans le cadre de sa "réforme du travail", le chef de l'État a mis l'accent sur une "réforme du RSA". Assurant désormais ne pas prévoir de conditionner le RSA à une "reprise d'activité", il a uniquement souligné que le RSA est bien lié à un "contrat" emportant des droits et devoirs de part et d'autre. "Le RSA, ce n'est pas simplement verser une prestation", les bénéficiaires "devront s'engager". Il s'agira selon lui de renforcer la dimension formation et "accompagnement", "pour aller vers des métiers où il y a des besoins".

Autre axe : "la formation et la qualification". Là-dessus, Emmanuel Macron a à la fois évoqué la réforme des lycées professionnels, le renforcement de l'apprentissage ("passer le cap du million d'apprentis", contre 730.000 aujourd'hui) et la formation tout au long de la vie. Enfin, le "travail des seniors" fera l'objet de mesures… à l'heure où la réforme des retraites a elle aussi été confirmée.

Emmanuel Macron dit par ailleurs vouloir "mieux travailler avec les régions, les départements, les communes", sachant que "les élus locaux font un travail formidable pour lutter contre le chômage". Et que les difficultés d'accès à l'emploi sont souvent liées à des problèmes connexes de mobilité ou de logement par exemple. Et le président d'assurer que la future transformation de Pôle emploi en France Travail y contribuera. "France Travail, c'est une réponse complète", résume-t-il.

La Première ministre avait elle aussi mis en avant la création de France Travail lors de son discours de politique générale : "Nous ne pouvons plus continuer à avoir, d'un côté, l'État qui accompagne les demandeurs d'emploi, de l'autre, les régions qui s'occupent de leur formation et les départements en charge de l'insertion des bénéficiaires du RSA", avait-elle estimé, laissant entendre que l'opérateur public devrait chapeauter ces compétences actuellement dispersées. Sauf que pour l'heure, même les acteurs du service public de l'emploi ne semblent pas connaître l'ampleur de la réforme. Ce sera "soit une cabane, soit une cathédrale", dit l'un d'eux. Lors des récentes Rencontres économiques d'Aix, Olivier Dussopt a indiqué que "les paramètres ne sont pas fixés". Selon des propos rapportés par l'agence AEF, plutôt que "l'hypothèse maximaliste d'une fusion", il privilégie un travail sur "le front office, donc l'accueil, l'orientation et le diagnostic" pour améliorer la coordination des acteurs publics et privés. Un acteur de l'emploi constate de son côté que cette idée de réforme est tombée "comme une météorite", y voyant "un truc de techno", "pas très opérationnel". Il y a, dit-il, "un bon principe qui est posé" de simplifier et rendre plus efficace, mais de là à "fabriquer un monstre", sans parler des discussions difficiles en vue avec les collectivités.

 

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