Régions de France s’interroge sur les complémentarités économiques entre les territoires

Régions de France publie une note collective réalisée par le groupe de travail "Connaissance et prospective territoriales" qui appelle à porter un regard nouveau sur les moteurs de l’emploi et du développement économique dans les territoires. Une étude qui confirme le poids de l’économie de proximité tout en relativisant le rôle des métropoles dans la dynamique générale de l’emploi.

Afin de mieux qualifier la structure de l’emploi dans les territoires, l’étude de Régions de France propose d’emblée un découpage en quatre catégories qui établit une échelle allant d’un "emploi dépendant entièrement de la demande locale" à un "emploi dépendant presque totalement des marchés extérieurs". Une répartition dont l’observation permet d’affiner les logiques de dynamique de l’emploi dans un territoire donné.

Quel rôle pour les métropoles dans la dynamique territoriale de l’emploi ?

Premier constat : à l’échelle nationale, la structure de l’emploi reste relativement homogène d’une région à l’autre, en particulier au regard des emplois dits "de proximité". En revanche, les dynamiques d’emploi sont bien plus hétérogènes d’une région à une autre, comme on l’observe à propos des emplois productifs qui ont reflué entre 2008 et 2018 dans l’ensemble des régions mais dans des proportions néanmoins très différentes. À l’échelle des EPCI, souligne Régions de France, les structures de l’emploi ne sont pas homogènes. S’agissant des emplois de proximité, elles peuvent dépendre fortement de la taille des EPCI alors même que ce ne sera pas le cas sur d’autres segments d’emplois. Quoi qu’il en soit, le poids de l’économie de proximité reste prépondérant dans la plupart des régions alors même que la place des métropoles dans cette dynamique est "peu conforme au discours dominant". L’idée selon laquelle les métropoles parviendraient à "impulser une dynamique de développement local grâce à un effet d’entraînement" est jugée non opérante. Sur la période considérée, ces EPCI de plus de 250.000 habitants n’ont été "ni le lieu privilégié de la création d’emplois, ni celui des emplois mondialisés" !

Pour affiner ses observations, l’étude segmente l’emploi en quatre groupes : celui désigné G1 correspond aux activités destinées à un marché de consommation locale pour des personnes présentes dans une zone de chalandise de proximité ; le G2 regroupe les activités d’un marché local mais dans une zone de chalandise de grands territoires ; le G3 est celui dont le marché n’est plus systématiquement local ; et enfin le G4 caractérise un marché de l’emploi qui n’est pas local et dont les activités sont présentes à peu d’endroits en France.

À la lumière de cette nomenclature, Régions de France confirme le poids très important de l’économie de proximité en France (G1 et G2). Un ensemble qui représentait 79% de l’activité dans les territoires en 2008 et qui pèse en 2018 près de 82%. L’étude relève que le groupe G1, qui représente près de 60% de l’ensemble des emplois, a progressé de +3,7% sur dix ans et le G2 de +7,3% alors que, dans le même temps, les groupes G3 et G4 reculaient respectivement de 6,3% et 16,7%. Dans le détail, les emplois locaux (G1 et G2) se situent dans une fourchette allant de 79% (Pays de la Loire) à 85% (Paca). Les emplois relevant du groupe G3 se répartissent de manière plus large entre la Corse (7,2%) et la Bretagne (15,4%) tandis que le groupe G4 pèse 4,5% des emplois en Paca contre 6,9% en Bourgogne-Franche-Comté au plus haut de la fourchette.

Une dynamique des emplois de proximité qui se vérifie dans la plupart des régions

L’étude souligne également que la dynamique de croissance des emplois de proximité est avérée dans la plupart des régions, à l’exception de celles qui sont peu dynamiques sur le plan démographique (Bourgogne-Franche-Comté, Grand Est, Normandie et Martinique). Quant aux emplois du secteur productif (G3 et G4) ils ont connu des pertes dans quasiment toutes les régions qui s’avèrent d’autant plus importantes qu’il s’agit de régions de forte tradition industrielle comme les Hauts-de-France ou la Normandie.

Le poids des régions dans le dynamisme des EPCI

La France dénombre 1.251 EPCI au sein desquels la structure de l’emploi est particulièrement hétérogène. La part des emplois de proximité (G1) peut ainsi varier entre 28% et 84%, celle du groupe G2 entre 4% et 40%, celle du G3 entre 2% et 60% et celle du G4 entre 0 et 47%. Des disparités qui s’expliquent par l’histoire économique des territoires, leur localisation près d’un autre territoire voire d’une frontière, leur démographie plus ou moins dynamique ou plus simplement leur géographie. À la question de savoir pourquoi les EPCI présentent des structures d’emploi si hétérogènes, deux explications sont avancées : leur taille (en nombre d’habitants), qui ne semble avoir d’effet notable que sur la représentation des emplois de la catégorie G2, mais aussi et surtout l’influence de la zone géographique dans laquelle elles se situent, "en d’autres termes l’appartenance à une région".

 

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