Rénovation énergétique des logements : l’UFC-Que Choisir pointe "l’inefficacité persistante" des dispositifs d’aide

Dans une étude sur "l’efficacité réelle des aides à la rénovation énergétique" parue ce 5 mai, l’association de consommateurs critique des dispositifs qui restent "complexes, illisibles et mal calibrés, freinant les ménages à se lancer", "à l’heure où la précarité énergétique s’aggrave et où la crise climatique appelle à une réponse immédiate".

En 2024, les pouvoirs publics visaient la rénovation de 700.000 logements en 2024 mais "les résultats sont largement en dessous des attentes", pointe l’UFC-Que Choisir dans une étude publiée ce 5 mai. Seules 91.374 rénovations d’ampleur qui consistent à réaliser plusieurs travaux complémentaires pour améliorer la performance énergétique du logement ont été réalisées, contre 200.000 attendues, relève l’association de consommateurs. À l’inverse, ce sont les rénovations par geste (des travaux isolés comme le remplacement d’une chaudière ou l’isolation d’un mur…), moins efficaces pour réduire durablement les consommations d’énergie, qui dominent encore, avec 340.800 opérations recensées en 2024, constate l’étude.

"Ces chiffres témoignent de l’échec des dispositifs actuels à faire basculer les ménages vers des rénovations performantes, estime l’UFC-Que Choisir. Pendant ce temps, les conditions de vie se dégradent : 26% des Français et Françaises déclaraient avoir souffert du froid chez eux en 2023, et près de 60% de la chaleur."

Alors que le gouvernement a diffusé ce 29 avril un communiqué faisant pourtant état d’une nette accélération des rénovations d’ampleur au premier trimestre 2025 (lire notre article), l’association dénonce des aides "peu accessibles et financièrement peu incitatives". "MaPrimeRénov’ (MPR), qui concentre 88% des aides à la rénovation, reste un dispositif complexe à mobiliser pour les ménages, estime-t-elle. Un quart des bénéficiaires jugent les démarches administratives 'trop complexes'". La situation est jugée "encore plus problématique" pour les certificats d’économies d’énergie (CEE), en particulier dans le cadre d’une rénovation par geste : "Les ménages doivent identifier eux-mêmes les offres de primes, sans outil public de comparaison pour les guider dans leur choix", pointe l’association.

Au-delà des obstacles administratifs, l’UFC-Que Choisir juge que le niveau des aides reste souvent insuffisant, notamment pour les foyers aux revenus intermédiaires et supérieurs. "Dans le cas d’une rénovation d’ampleur, le soutien de MPR peut se limiter à 20% du coût des travaux, même pour des projets très ambitieux, souligne-t-elle. Quant aux ménages très modestes, s’ils peuvent bénéficier d’un reste à charge réduit, ils doivent néanmoins avancer jusqu’à 70% du montant de l'aide. Pour beaucoup, cette avance constitue un frein financier majeur, malgré l’aide théorique accordée."

Malgré son rôle essentiel, l’accompagnement reste en outre encore marginal, note l’association, d’autant que le secteur est exposé au risque de fraudes. "Si la mise en place de Mon Accompagnateur Rénov’ est une avancée, son coût pour les ménages peut atteindre 3.000 euros et constitue donc aujourd’hui pour nombre d’entre eux un frein rédhibitoire pour le lancement de travaux d’ampleur", constate-t-elle. Or, il faudrait faire du réseau France Rénov’ "un passage systématique, renforcé et accessible, pour garantir à tous les ménages un parcours clair, sécurisé et efficace", souligne l’étude.

Face à l’ampleur des enjeux, l’UFC-Que Choisir appelle à "un changement de méthode immédiat" "pour une politique de rénovation réellement efficace et équitable". L’association demande ainsi la mise en place d’un guichet unique pour toutes les aides, y compris dans le cadre de rénovations par geste ; la création d’un comparateur officiel, gratuit et indépendant des primes CEE ; la revalorisation des niveaux d’avances, en particulier pour les ménages modestes, et leur extension aux classes intermédiaires ; un renforcement de la prise en charge publique de l’accompagnement, obligatoire dans le cadre d’une rénovation d’ampleur et la mobilisation des banques pour diffuser l’éco-prêt à taux zéro, "avec des objectifs chiffrés et suivis".

 

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