Rénover une rue en déconnectant les eaux pluviales : l'expérience de Montrevault-sur-Evre (49)

À Montrevault (Maine-et-Loire), les habitants d'un ancien lotissement ont déconnecté leurs gouttières pour renvoyer leurs eaux pluviales côté jardin. Des noues plantées et des voies rétrécies complètent l’opération publique de réaménagement… qui a permis de diminuer de trois quarts les eaux pluviales envoyées vers la station d'épuration. 

C'était le dernier tronçon d'assainissement en réseau unitaire de Montrevault, commune déléguée de Montrevault-sur-Evre dans le Maine-et-Loire. Les rues Arthur-Gibouin et du Val-d'Evre comptent 135 maisons, essentiellement construites dans les années 1960. Ici, pas de risque d'inondation, c'est un éperon rocheux de schiste qui absorbe facilement les eaux de pluie. "Le point de départ de la réflexion sur la déconnexion des eaux pluviales a été une journée technique organisée en 2017 par le syndicat de bassin de l'Evre où nous avons rencontré un prestataire spécialisé dans la gestion intégrée des eaux pluviales", indique Christophe Dougé, adjoint à l'environnement de la commune nouvelle.

  • Comparer et visiter pour apprendre

Prêts à se laisser convaincre par une solution alternative de gestion des eaux pluviales, les élus de Montrevault-sur-Evre demandent alors le chiffrage de deux solutions au bureau d'études spécialisé Elleny : la classique, créant un nouveau réseau d'eaux usées et réaffectant le réseau unitaire aux eaux pluviales ; l'alternative, rénovant le réseau unitaire en réseau d'eaux usées, les eaux pluviales étant détournées pour être infiltrées à la parcelle et sur l'emprise de la voirie. "Nous sommes aussi allés visiter une cité minière à Oignies dans le Pas-de-Calais où la gestion des eaux pluviales à la parcelle a déjà 20 ans !", précise l'élu. Au-delà d'une solution qui semble "évidente en théorie car la station d'épuration ne traitera plus une eau non sale", les élus se rendent compte que la solution alternative a aussi deux avantages. D'une part, l'économie financière sur la partie réseau permettra de payer la restauration de la voirie, d'autre part elle s'avère moins complexe pour les particuliers. Ces derniers n'auront pas à reprendre les branchements eaux usées sur leur parcelle dès lors que le réseau d'évacuation restera le même. Reste à déconnecter leurs eaux pluviales...

  • Déconnecter : une approche plus humaine que technique

Ici, la difficulté n'est pas technique : le secteur est composé quasi exclusivement de maisons individuelles avec jardin ; seule une parcelle ne peut pas être déconnectée et quelques rares cas sont techniquement un peu complexes. C'est plutôt le volet humain qui requiert toute l'attention des élus : une partie des habitants sont âgés, il faut convaincre et accompagner pour changer les habitudes. Pour mener à bien ce travail, la commune nouvelle s'adjoint les services du Centre permanent d'initiatives pour l'environnement (CPIE) Loire-Anjou. "Avec leur appui, on venait de passer au zéro phyto sur les espaces publics et ils organisaient déjà des visites de jardins au naturel sur notre territoire", poursuit l'élu. De l'été 2018 à juillet 2019, le technicien du CPIE, avec les recommandations du bureau d'études rend visite à chaque habitant pour dresser un diagnostic et étudier les solutions selon leurs pratiques de jardinage et leurs envies de réaménagement.

  • Inciter sans contraindre

La commune nouvelle vote également une aide incitative : 100 € pour des travaux faits par les particuliers, 200 € sur présentation d'une facture d'un professionnel. Un an et demi plus tard, la moitié des particuliers se sont déjà déconnectés, intégralement ou partiellement. Quant aux plus âgés, qui peuvent hésiter à faire ces travaux, ils sont autorisés à attendre. À la revente de la maison, ce sont les acheteurs qui feront la mise aux normes. Le nouveau réseau d'eaux usées est tout de même dimensionné pour absorber 25% d'eaux pluviales, au cas où la déconnexion ne serait pas totale.

  • Changer le gabarit de la rue

Autre changement majeur : le profil de la voie publique. Il est totalement repris pour pouvoir stocker les eaux pluviales sur place. Là où trônaient deux trottoirs de 2 mètres de chaque côté et une voie de circulation de 6 mètres, la nouvelle rue est conçue sur un même niveau. Avec successivement une bande piétonne d'1,20 m, une noue de 2,80 m, une voie de circulation de 4,50 m puis un accotement carrossable d'1,50 m. L'ensemble des parties bitumées sont en pente douce vers la noue, qui va stocker, filtrer puis restituer l'eau au milieu naturel. "Finalement, plutôt que de parler tuyaux, on a surtout réfléchi à la qualité de l'aménagement de la voie. C'est bien plus intéressant !", résume l'adjoint. Les travaux sur l'espace public débutent en février 2020, ils sont assurés par Mauges Communauté à qui la commune nouvelle vient tout juste de déléguer la compétence.

Les supers pouvoirs du sol

Le Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema) est un établissement public tourné vers l’appui aux politiques publiques, placé sous la double tutelle du ministère de la transition écologique et solidaire et du ministère de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales.
Le Cerema a édité une BD très éclairante sur le sujet

 

Commune de Montrevault-sur-Evre

Nombre d'habitants :

15971
2 rue Arthur-Gibouin
49117 Montrevault-sur-Evre

Christophe Dougé

Adjoint à l'environnement

Bénédicte Chéné

Responsable des espaces publics

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