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Réseau routier francilien : élus, urbanistes et chercheurs phosphorent sur son avenir

Dans le cadre d'une consultation internationale lancée il y a un an par les élus et collectivités du Grand Paris, quatre équipes pluridisciplinaires d'ingénieurs, urbanistes, architectes, économistes, chercheurs, sociologues et consultants ont pour mission d'imaginer sans tabou et avec une liberté d'approche l’évolution de son réseau routier aujourd'hui saturé et congestionné. Leurs travaux ont été présentés ce 17 avril au salon des maires d'Île-de-France, en amont d'une exposition prévue cet été à Paris au pavillon de l’Arsenal puis jusqu'à l'automne dans chaque collectivité financeuse.

Autoroutes, boulevard périphérique, voies rapides ou structurantes… dans le maquis des routes franciliennes, on recense environ 1.000 kilomètres d'autoroutes et nationales. "Ce réseau est notre héritage collectif du siècle passé. Il n'est pas question de s'en passer, de le détruire mais bien de l'améliorer et de le transformer", a expliqué le paysagiste urbaniste Vincent Cottet, lors d'un point d'étape ce 17 avril au salon des maires d'Île-de-France sur la consultation internationale sur les routes du futur du Grand Paris.

Son agence, Richez-Associés, a été retenue avec trois autres équipes à l’issue d’un appel d’offres très compétitif auquel ont répondu une vingtaine d'équipes. Lancé au printemps dernier par les collectivités membres du Forum métropolitain du Grand Paris (ville de Paris, préfecture de la région, région Île-de-France, départements et établissements publics territoriaux) en partenariat avec l’État et l’association des maires d’Île-de-France (Amif), il vise à ouvrir le débat et trouver des idées innovantes pour améliorer le fonctionnement de ces axes routiers et réduire les nuisances associées tout en tenant compte de la soutenabilité économique. 

Chaque équipe produit une étude, des focus territoriaux et scénarios à diverses échéances (2024, 2030, 2050) et en lien avec le futur maillage de lignes et gares du Grand Paris Express. Cette démarche de réflexion prospective s'enrichit par ailleurs d'une concertation amont pour "donner la parole à ceux qui vivent le réseau et participent à son fonctionnement au quotidien". Une conférence de citoyens et un appel à contributions de la société civile sous forme de cahiers d’acteurs ont eu lieu en début d'année. "Les maires et élus d’intercommunalités sont aussi consultés et peuvent partager leur vision de ce réseau de voies rapides et d'autoroutes, et leurs priorités quant à son évolution possible", ajoute Vincent Jeanbrun, maire de L’Haÿ-les-Roses et président du Forum métropolitain du Grand Paris.

Voies dédiées aux transports propres et collectifs

Point commun à ces travaux : rares sont ceux qui n'intègrent pas, pour repenser l'avenir du réseau, le potentiel lié à la création de voies dédiées à des modes de transports propres et collectifs. L'un des groupements retenus, Atelier des mobilités, imagine ainsi un réseau d'une vingtaine de lignes prévues sur ces voies pour effectuer des trajets "courts, adaptés au contexte local et sur une infrastructure bien insérée dans son environnement". D'autres fils rouges, la mise en réseau et le partage, font battre le coeur du projet défendu par le groupement mené par le cabinet d'architecture Rogers Stirk Harbour + Partners LLP, avec des bureaux d'études, groupe d’ingénierie, paysagiste et cabinet de conseil. Pour Stephen Barret, architecte associé à cette agence britannique, "l'accueil des Jeux olympiques à Paris doit être l'occasion de tester de nouveaux modes de déplacements". David Mangin (Seura Architectes, maître d'oeuvre de l'équipe New Deal avec des paysagistes et spécialistes des mobilités) observe pour sa part que la création de voies dédiées à l'autopartage et aux bus à très haute fréquence sur ces grands axes est une piste également étudiée très sérieusement aux États-Unis. Son équipe propose de renommer ces grandes infrastructures pour mieux se les approprier.
"Repartons des besoins et des usages. Renouons le dialogue autour de ces fortes coupures urbaines. Et proposons des offres et non de nouveaux tuyaux ou infrastructures", poursuit Vincent Cottet. Son équipe est partie à la rencontre des usagers et riverains de ces infrastructures : "Il en ressort des besoins très divers. On découvre que les autoroutes urbaines sont empruntées pour de courtes distances de trois à cinq kilomètres"". Pour Jean-Louis Missika, adjoint à la maire de Paris en charge de l'urbanisme, de l'architecture et des projets du Grand Paris, l'intérêt d'une telle consultation est de "faire émerger des futurs possibles puis de déterminer parmi eux lesquels sont souhaitables". Il s'agit, autrement dit,"d'évoluer d'une situation aujourd'hui intolérable (pollution, congestion) vers une meilleure qualité de vie des Franciliens", conclut-il.

 

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