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Réserves naturelles : l'extension du réseau est confirmée et un programme transfrontalier lancé

Jusqu'au 8 juin se tient au Monêtier-les-Bains, dans le Briançonnais, l'une des vallées du Parc national des Écrins (Hautes-Alpes), le 38e congrès d'un réseau constitué de près de 350 réserves naturelles dont la gestion est confiée de façon croissante aux collectivités. La secrétaire d’État Emmanuelle Wargon y a présenté le 6 juin sa feuille de route pour atteindre 30% de territoires terrestres et marins protégés d'ici 2022. Un programme de protection et valorisation de la biodiversité alpine, fortement soutenu par les fonds européens et mobilisant 27 bénéficiaires dont cinq régions, a aussi été lancé à cette occasion. 

Le 6 juin, Emmanuelle Wargon, secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire, a profité de son déplacement au 38e congrès des réserves naturelles de France, organisé en partenariat avec le Parc national des Écrins et qui accueille chaque année près de 300 participants, pour présenter une vingtaine de projets d'extension du réseau des réserves naturelles nationales (RNN). Il faut en effet différencier ces RNN des réserves naturelles régionales, quoiqu'elles présentent des caractéristiques proches, à ceci près que ces dernières sont créées par les régions.

Un objectif de 30% de territoires terrestres et marins protégés

La France compte 167 RNN sur une superficie de plus de 67 millions d'hectares, en grande majorité en outre-mer et sur des surfaces couvertes très variables allant, pour prendre deux extrêmes, d'une simple carrière à ciel ouvert dans les Deux-Sèvres jusqu’à l'immense sanctuaire de biodiversité des Terres australes françaises (Crozet, Kerguelen). "Elles constituent avec les parcs nationaux, le niveau de protection le plus élevé", indique le ministère. Dans l’océan Indien justement, la feuille de route présentée par Emmanuelle Wargon, déclinaison opérationnelle des annonces faites en mai dernier par Emmanuel Macron, prévoit d'étendre les zones marines protégées de 550.000 km2, soit environ la surface de la France métropolitaine et de créer une aire marine protégée dans la zone économique exclusive de Saint-Paul et Amsterdam. Un parc naturel marin, celui des Glorieuses, devrait aussi devenir une réserve naturelle nationale. Le ministère a par ailleurs identifié neuf autres projets de création de RNN et 18 projets d'extension. Il espère que 20 d'entre eux seront menés à bien d'ici 2022, "conformément au plan Biodiversité présenté l'an dernier". L'objectif est d'atteindre à cette échéance 30% de territoires terrestres et marins protégés et 10% de territoires protégés en pleine naturalité, sous statut de protection forte. La secrétaire d’État a aussi annoncé la tenue fin octobre à Biarritz d’un forum national des aires protégées en vue de construire une stratégie à même de porter cette ambition. 

Un programme franco-italien d'envergure

 Au-delà de ces annonces gouvernementales, accueillies avec un certain scepticisme par les ONG, lesquelles estiment qu'elles vont dans le bon sens mais que les moyens et effectifs mis concrètement à disposition dans ces aires protégées sont en chute, ce congrès a traité pour l'essentiel de la "mobilisation des gestionnaires pour une gestion adaptative dans un contexte de changement climatique". Le massif alpin est, on le sait, vulnérable à ces changements globaux. D'où l'intérêt du programme Biodiv-ALP présenté le 4 juin en amont du congrès. Cinq régions, deux en France (Sud Paca, qui le pilote, et Auvergne-Rhône-Alpes) et trois en Italie (Ligurie, Piémont et la région autonome de la Vallée d’Aoste), sont mobilisées aux côtés de référents scientifiques et gestionnaires d'espaces naturels protégés. Laurence Boetti-Forestier, conseillère régionale à la Région Sud-Paca, explique que "Biodiv-ALP repose sur une stratégie qui donne un cap à l'action et a été co-construite par ces cinq régions membres du programme de coopération Interreg Alcotra (Alpes Latines COopération TRAnsfrontalière)".

La dimension partenariale du programme est très marquée. Et le nombre de bénéficiaires franco-italien important : 27 dont des métropoles comme Nice Côte d'Azur, des parcs nationaux comme celui de la Vanoise ou régionaux comme celui du Queyras, des chambres de commerce, etc. Son budget n'est pas non plus négligeable - près de 9 millions d'euros -, financé à 85% par Alcotra. Biodiv-ALP se décline à travers cinq projets opérationnels à mener sur quatre ans (2019-2023). Deux sont pilotés par la Région Sud-Paca, dont l'un pour muscler la connaissance de la biodiversité et des écosystèmes alpins : travail sur une liste commune d'espèces et d'habitats, sur des protocoles communs de suivi, sur des bases de données à structurer dans une logique d'interopérabilité, etc. Le projet piloté par le Piémont porte sur les pratiques de gestion des espaces protégés alpins, leur partage, les méthodologies innovantes de restauration d'espaces. "Il est prévu de déployer un réseau d'observatoires transversaux communs des changements globaux pour développer des actions transfrontalières de gestion partagée", ajoute l'élue régionale. Le projet piloté par la région Auvergne-Rhône-Alpes vise à dresser un diagnostic et préfigurer une stratégie transfrontalière de connectivités écologiques qui relient ces espaces protégés. La région de Ligurie planchera plus sur la promotion, la formation des professionnels aux bénéfices apportés par la biodiversité (services écosystémiques), la mise en réseau de sites d'accueil et d'entreprises locales et la valorisation de productions locales. Enfin, le dernier projet - le second emmené par la Région Sud-Paca - a vocation à faire le lien et la coordination sur l'ensemble des précédents (projet chapeau), à construire une gouvernance et une évaluation du plan, tout en communiquant sur ses réalisations et son avancement.