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Salon de l'agriculture - Restauration collective : Stéphane Le Foll promet une "boîte à outils" pour l'été prochain

Promouvoir le patriotisme alimentaire en pleine crise agricole n'est pas chose aisée, tant la Commission de Bruxelles veille au grain. Preuve en est l'enquête ouverte par Bruxelles contre Intermarché qui se serait entendu avec Leclerc l'été dernier pour fixer un prix plancher au porc français. Pratique jugée discriminante et anticoncurrentielle par la gardienne de la concurrence. Il en va de même pour les marchés publics. On se souvient de l'offensive menée par les associations d'élus à l'été 2015 pour demander au gouvernement de leur donner la possibilité de favoriser les producteurs locaux dans leurs marchés de restauration collective. Ce à quoi le ministre de l'Agriculture avait opposé une fin de non-recevoir, se réfugiant derrière le droit européen. Quelques mois après, la crise est plus vive que jamais et en plein Salon de l'agriculture Stéphane Le Foll a dû se contenter cette fois-ci de présenter une "boîte à outils" pour les acheteurs publics, notamment les collectivités. L'objectif : "favoriser l'approvisionnement local et de qualité dans la restauration collective". Une invitation à ruser en somme avec les contraintes européennes. Mais attention, la boîte n'est pas encore opérationnelle ; elle ne le sera qu'en juillet 2016 ! Le ministère rappelle que la restauration collective regroupe plus de 73 structures publiques ou privées qui distribuent près de 3 milliards de repas par an… L'enjeu n'est évidemment pas mince pour l'agriculture locale. Selon la plaquette de présentation du ministère, cette boîte à outils comprendra des fiches pédagogiques, des fiches techniques sur chaque filière avec les contacts de l'administration et des professionnels, et les clés pour bien rédiger son cahier des charges. La boîte comprendra également les trois guides déjà élaborés par le ministère : favoriser l'approvisionnement local ; utiliser les plateformes collectives ; soutiens financiers mobilisables. Enfin, un programme de formation sera déployé dans le courant de l'année.
Le ministre s'est par ailleurs félicité des résultats de l'appel à projets 2015 du programme national d'alimentation qui a permis de sélectionner 2 "projets alimentaires territoriaux" sur les 21 projets retenus. Il s'agit du projet d'agriculture urbaine porté par la ville de Rennes ("Construire un plan alimentaire durable") et du projet Picardie Alimentation-Solidarité (Picasol) de l'association Echanges pour une terre solidaire. Les projets alimentaires territoriaux sont nés de la dernière loi d'avenir pour l'agriculture du 13 octobre 2014. Ils consistent à rapprocher producteurs, transformateurs, distributeurs, collectivités territoriales et consommateurs pour promouvoir la production locale… Des circuits courts améliorés en somme. La proposition de loi sur l'ancrage territorial de l'alimentation actuellement débattue au Parlement prévoit de s'appuyer dessus. Elle fixe un objectif de 40% de produits locaux dans la restauration collective d'ici à 2020, dont 20% de bio.
François Hollande a de son côté déclaré samedi qu'il souhaitait revoir "avant l'été" la loi LME de 2008 qui régit les relations entre fournisseurs et distributeurs. Des relations très difficiles pour les producteurs obligés de se soumettre à la logique des prix bas. Sauf que là encore, les règles du jeu sont édictées par l'Union européenne qui voit d'un très mauvais oeil les tables rondes organisées le 24 juillet et le 1er octobre derniers entre syndicats agricoles, industriels et grande distribution pour tenter d'améliorer la situation. Au-delà du seul cas d'Intermarché révélé par son président Thierry Cotillard dans l'édition en ligne de Libération vendredi, c'est l'ensemble des accords conclus à cette occasion qui sont dans le viseur de Bruxelles.
C'est dans ce contexte que l'UFC-Que Choisir, la FNSEA, Jeunes agriculteurs et Coop de France ont lancé une pétition pour demander à l'Union européenne de rendre obligatoire l'étiquetage des viandes transformées "sans délai". Cette pétition fait suite à une enquête de l'UFC-Que Choisir qui vient de montrer que 54% des produits transformés ne mentionnent toujours pas l'origine de la viande... Et ce deux ans après le scandale des lasagnes de viande de cheval ! A noter que la mention de l'origine des viandes crues, elle, est acquise dans l'Union européenne depuis le 1er avril 2015.

 

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